Plus on fait appel à des professionnels, plus il faut l'être soi-même. Même si le système de livraison vers la clientèle particulière fonctionne bien, les producteurs peuvent encore améliorer leurs pratiques pour que le vin arrive en parfait état.
A côté de la ' grande ' exportation, à la charge des acheteurs étrangers, les vignerons traitent directement avec des transporteurs régionaux, nationaux ou européens. D'anciens relais existent dans les régions viticoles. ' Le vigneron nous confie son vin : il le met dans notre camion. Il nous fait confiance, résume Patrice Mano, directeur de Mitjaville, à Libourne (Gironde), filiale des transports Dubois. ' Pour son traitement de livraison, le vin est devenu un produit industriel, constate un autre transporteur. Autrefois, il était traité comme un produit d'agrément : quinze jours entre la commande et la livraison d'une caisse de vin était un délai normal. Maintenant, il faut assurer en 24 ou 48 heures sur toute la France, comme n'importe quel autre produit. Il n'y a plus de stocks chez le restaurateur ou le caviste. Le particulier a payé et veut être livré sur le principe du '24 heures chrono' de La Redoute. 'Le livreur qui se présente chez le particulier, ' c'est un peu le vigneron qui vient avec son vin. Le carton est un 'colis cadeau' : il ne doit pas être abîmé ou sali. On peut de moins en moins assurer la descente à la cave. Un chauffeur ayant quarante livraisons à faire, ne peut pas s'arrêter dix minutes à chaque fois, constate Patrice Mano. On ne peut plus livrer sur Paris ou dans les grandes villes comme avant. Il faut fermer le camion et le surveiller. 'Que peut faire le vigneron pour que tout se passe bien? Eviter des délais d'attente anormaux lors de l'enlèvement, prévoir du matériel pour charger les palettes, aménager des accès aux chais plus faciles. Mais surtout, bien préparer la commande et bien conditionner le vin, pour limiter la casse ou l'écrasement des colis. Manipulé, jeté d'un camion à un quai, un carton épais avec intercalaires moulés évitera de mauvaises surprises. ' Un jour, raconte Katerine Reignier, de Hillebrand France, à Beaune, une personne nous a confié ses échantillons dans un carton de lessive. On s'est dit : on ne peut pas mettre ce paquet comme cela dans l'avion, il va arriver en miettes. 'Autre point faible : la paperasserie. L'étiquetage et les bordereaux d'expédition sont encore souvent manuels, quand ils ne sont pas oubliés. Attention aux adresses illisibles (erreurs d'acheminement, retards...), aux documents d'exportation incomplets, inexacts ou absents... ' Les douanes japonaises, par exemple, ne réclament plus le certificat de laboratoire agréé de non-radioactivité des vins, mais les importateurs le demandent toujours ', rapporte un transitaire.' Les directives de Bruxelles sont d'une telle sécheresse que le vigneron hésite à expédier à l'étranger, déplore un transporteur alsacien, qui dénonce une grosse carence au niveau des relais d'information. Trop de vignerons sont perdus face à l'exportation. Il faudrait une remise à plat des procédures intracommunautaires pour les commissionnaires de transport, et un document clair et facile d'emploi pour tous les vignerons. ' Appel aux organismes compétents...