Il ne suffit pas d'avoir un bon pressoir, encore faut-il bien le conduire. Asservir son fonctionnement au débit des jus permet de s'adapter à la vendange et d'améliorer la qualité du pressurage.
La conduite d'un pressoir n'est pas chose facile. Il faut savoir s'adapter à de multiples conditions : la vendange est-elle récoltée à la main, a-t-elle eu le temps de s'égoutter, quelle est sa qualité, le pressoir est-il plein? Comment choisir les pressions de travail, le nombre de rebêchages, etc.?Depuis longtemps, sur les pressoirs à plateaux Vaslin, la conduite du pressurage est asservie au débit des jus. Sur l'un des plateaux, un capteur mesure la pression à l'intérieur du pressoir. Lorsque la pressée démarre, la pression mesurée augmente jusqu'à une valeur maximale préréglée. Le jus s'écoule et la pression chute dans la cage du pressoir jusqu'à atteindre un niveau bas, lui aussi préréglé. Le temps passé entre la mesure de ces deux pressions donne une image du débit des jus. En indiquant à la machine le niveau des pressions hautes et basses, ainsi que le temps maximum devant s'écouler entre les deux, on peut asservir le pressoir : si le temps entre les mesures des pressions est supérieur à la valeur indiquée, le pressoir commande un rebêchage.Cet asservissement a longtemps été un atout pour les pressoirs à plateaux. En effet, comment évaluer le débit des jus sur un pressoir pneumatique? La mesure de la pression de l'air dans la membrane n'étant pas fiable, il fallait trouver une autre possibilité. La société Sutter avait pensé installer la maie du pressoir sur des jauges de contraintes, de manière à évaluer le poids du liquide écoulé. Cette solution fiable, mais délicate à mettre en oeuvre et onéreuse, s'est peu développée. La société Péra a choisi de mesurer la hauteur des jus dans la maie du pressoir à l'aide d'un capteur de pression, alors que Vaslin-Bucher a opté pour l'installation d'un débitmètre sur la canalisation d'écoulement des jus. Quelques fabricants font du cas par cas. Ainsi, Fabbri équipe sur demande les pressoirs d'un débitmètre.Dans ces pressoirs, le débit de jus mesuré conditionne les paramètres de fonctionnement. En dessous d'un certain seuil, l'automate commande un rebêchage ou une montée en pression. Le pressurage s'adapte alors à la vendange et au taux de remplissage du pressoir.Des essais effectués au début des années quatre-vingt-dix par l'ITV sur un pressoir pneumatique Péra, montrent que l'asservissement au débit diminue le plus souvent les temps de pressurage. Le nombre de rebêchages baisse aussi, ce qui améliore la qualité de l'extraction.Ces pressoirs, même asservis, doivent être guidés. Chez Péra, l'utilisateur choisit entre trois programmes, selon que la vendange est plus ou moins facile à presser. Il doit aussi indiquer les pressions de travail. Il pouvait auparavant opter pour un taux d'assèchement. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.Dans la série RPZ ou RPZi de Vaslin Bucher, l'utilisateur choisit entre cinq programmes selon la facilité de presser la vendange. Ensuite, le cycle de pressurage se définit tout seul. Les pressions de travail sont préprogrammées. La pression monte doucement, par paliers. Quand les jus commencent à couler, elle se maintient jusqu'à ce que le débit de jus devienne insuffisant, le pressoir passe alors à la pression suivante. Quand le débit ne peut plus augmenter au-delà d'une valeur minimum, l'automate commande le rebêchage. Lorsque le débit minimum est atteint, la pressée s'arrête. ' Avec ces pressoirs, on ne sait jamais quand la pressée s'achèvera, remarque Jean-Michel Desseigne, à l'ITV de Nîmes, mais on a toujours la possibilité d'agir pour l'écourter. 'Vaslin Bucher propose depuis 1998 l'Ortal (médaillé lors du dernier Sitévinitech) sur les pressoirs Xpert. Là, l'utilisateur a la possibilité d'indiquer à la fois le temps disponible pour la pressée et le taux d'assèchement souhaité. Il choisit également entre trois débits commandant les rebêchages. L'autoprogrammation détermine ensuite seule la conduite à suivre. Elle pilote l'extraction des jus en se fondant sur une courbe de référence, donnant l'assèchement en fonction de la durée du pressurage. ' Cette courbe a été obtenue de manière empirique, à partir de la masse de données accumulée chez nous ', explique-t-on chez Vaslin Bucher. Si au cours de la pressée, l'automate observe que le taux d'assèchement est supérieur au taux donné par la courbe, il laisse faire. Si au contraire, pour le temps écoulé, le taux d'assèchement est insuffisant, il dynamise la pressée en jouant sur les débits minimums, les rebêches, les pressions de travail. L'autre atout de ce système est la détermination automatique de la durée de l'égouttage.Le matériel Péra propose l'asservissement sur tous ses pressoirs. Cette option coûte 14 000 F. Chez Vaslin Bucher, l'option Ortal revient à 60 000 F. Le plus petit modèle pouvant être équipé est le 100 hectolitres.