Des oenologues estiment que le cuivre peut prévenir les goûts de réduit et limiter les caractères végétaux de certains vins.
Cela fait vingt ans que les mêmes résultats nous parviennent d'Allemagne et d'Autriche, explique Eric Meistermann de l'ITV de Colmar. Ils montrent un effet positif des traitements tardifs au cuivre. ' Dans le pays de Bade et dans le Würtemberg, deux régions viticoles voisines de l'Alsace, les coopératives conseillent à leurs adhérents de l'utiliser en fin de campagne, de préférence à tout autre antimildiou. A leurs yeux, cette dernière intervention a des fonctions oenologiques autant que viticoles. Elle vise à limiter l'apparition de goûts de réduit dans les vins. La découverte de composés soufrés participant agréablement à l'arôme des cépages alsaciens a donc semé le trouble dans les esprits. ' Beaucoup craignent que l'abandon du cuivre augmente les défauts de réduction, constate Arnaud Immélé, un oenologue de la région. Or, ce problème est fréquent avec le riesling. ' Pour y voir clair, l'ITV a entrepris une série d'essais, mais à l'heure où nous mettons sous presse, le millésime 1997 n'a pas encore été dégusté.' On ne peut pas dire que l'on partage l'avis des Bordelais sur le sauvignon, soutient Clément Baraut, du Groupement de développement viticole de l'Anjou. Nous ne voyons pas d'impact négatif du cuivre. Nous sommes dans une région septentrionale. Les vins sont souvent marqués par des caractères végétaux et matousés. Le cuivre permet de les atténuer. 'A Bordeaux également, des oenologues relativisent l'importance de la découverte de la faculté. Ils estiment que les traitements de la vigne au cuivre ne sont qu'une des causes de pertes d'arômes du sauvignon. Dans la pratique, elles tiendraient essentiellement à une mauvaise maîtrise des phénomènes d'oxydation. Ce fait serait encore plus vrai pour le cabernet sauvignon et le merlot, dont il est très difficile de conserver les caractères de cassis et de fruits cuits en cours d'élevage.