Un suivi en aval

Les uns après les autres, les vignobles de l'Hexagone mettent en place, à travers leur interprofession, un suivi en aval. Il s'agit de contrôler au mieux la qualité des vins lors de leur mise en marché finale. L'idée est bonne. C'est le prolongement de la réforme en cours sur les agréments. Des vins seront ainsi prélevés sur les lieux de vente et dégustés. Si leur état laisse à désirer, une procédure s'enclenche pour en connaître la cause et, si besoin, faire revenir à la raison le maillon de la chaîne interprofessionnelle interpellé. Cela peut aboutir à des sanctions ' via ' la Répression des fraudes. La profession endosse ainsi de plus en plus ses responsabilités, à ses frais. Mais les grandes surfaces, premier distributeur de vins en France, prennent-elles les leurs? Non. Une réunion a eu lieu sur le sujet à Montpellier il y a quelques semaines. ' Les producteurs et les négociants se chargent de contraintes et sont tétanisés dès qu'il s'agit de dialoguer avec les grandes surfaces. Ce sont leurs clients et des retours de bâtons commerciaux sont toujours possibles... ', indique un responsable. La distribution, elle, ne s'engage sur aucun cahier des charges, se dédouanant trop facilement sur son fournisseur lors de litige. On l'a connue plus opportuniste, s'agissant de prendre en marche le train du ' bio ' ou de se faire une virginité avec les OGM... Soyons clair : si le suivi en aval ne va pas jusqu'à la table du consommateur, il ne sert à rien, si ce n'est à sauver les apparences. Le rapport de force entre la grande distribution et la profession viticole étant trop déséquilibré, c'est aux pouvoirs publics et, en premier lieu, à la Répression des fraudes, de pousser les grandes surfaces à mettre en place un code de bonne conduite, qui pourrait d'ailleurs être valable pour d'autres filières.C'est le consommateur qui y gagnerait au final.