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La filière fait sa police et contrôle les vins mis sur le marché

La vigne - n°108 - mars 2000 - page 0

Les appellations innovent en mettant en place un suivi de la qualité des vins jusqu'à leur commercialisation. Un formidable outil de valorisation.

C'est une véritable révolution culturelle! La filière a fait son introspection et s'est rendue à l'évidence: tous les vins d'appellation d'origine contrôlée proposés aux consommateurs ne sont pas dignes d'une appellation. Rien ne sert de disserter sur les conditions de production si, au final, l'acheteur n'est pas satisfait de son achat. Entre l'agrément d'un vin, sujet très controversé, et la mise à disposition au consommateur, il peut se passer bien des choses. Le problème est d'autant plus important 'qu'un mauvais vin d'AOC est une atteinte à l'image collective de toute une appellation'.Consciente de l'importance de se prendre en charge et fortement poussée par les pouvoirs publics, la filière a décidé de s'assurer de la qualité de ses produits jusqu'à leur commercialisation. La date butoir était fixée au 1er janvier 2000. Le nouveau système vise à récupérer des échantillons de vins sur des lieux de vente, à les déguster et à les noter, puis à avertir, voire sanctionner, l'intervenant, vigneron ou négociant, dont les produits ne sont pas à la hauteur. C'est une nouvelle pierre à l'édifice des appellations: après la dégustation d'agrément, en amont, le suivi de la qualité, en aval (SAQ).Un contrôle sans sanction, cela n'engage à rien. Le suivi en aval de la qualité comporte donc deux phases: une informative et pédagogique, l'autre plus radicale puisqu'elle prévoit, en dernier ressort, l'intervention de la répression des fraudes si le producteur ou le négociant incriminé refuse de voir la réalité en face.Le système que la filière s'est imposé devrait concerner, à terme, toutes les appellations. Faute d'une auto-régulation sérieuse, les pouvoirs publics seraient probablement intervenus pour mettre un peu d'ordre dans la profession. Autant commencer par 'laver son linge sale en famille': le suivi en aval de la qualité le permet. Plus prosaïquement, on peut également noter que la concurrence oblige à faire toujours mieux et que les appellations n'échappent pas à cette règle.Ce qui ne concerne, aujourd'hui, qu'une partie de la production viticole pourrait bien servir, demain, d'exemple à tout notre secteur, voire à d'autres branches de l'agroalimentaire. Des observatoires de la qualité sont déjà mis en place pour certains vins de pays. Ils leur manquent juste le bras séculier pour se transformer en SAQ.A l'heure où la traçabilité est sur toutes les lèvres avec les affaires de la vache folle et autres problèmes alimentaires, un système comme celui construit par les interprofessions des vins d'appellation peut représenter un formidable outil de promotion et de valorisation.Reste à savoir comment la filière arrivera à communiquer sur le sujet, aussi bien en interne auprès de ses producteurs et des négociants, qu'il va falloir rassurer et motiver, que vers les consommateurs. Le double enjeu est de taille, car ce qui devrait tranquilliser les uns risque d'inquiéter les autres.Aujourd'hui, les modalités d'organisation du suivi en aval de la qualité sont à peu près calées... sur le papier. La plupart des régions sont officiellement 'sous contrôle'. Reste à savoir comment les choses vont se dérouler dans la pratique et surtout quelles seront les réactions lorsque les premiers coups de sifflets vont retentir?

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