ImprimerCertains redoutent que la filtration tangentielle soit trop moderne aux yeux d'une clientèle avide de tradition. D'autres expliquent qu'il n'en est rien.
C'est une nouvelle version de l'arroseur arrosé. A force de leur vendre de la tradition, vos propres clients vous y enferment. Rien d'étonnant qu'ils rechignent à la vue d'un filtre tangentiel. 'Dès que vous annoncez 0,2 micron, vous avez tout faux, affirme un Bourguignon. La filtration lenticulaire est bien plus défendable. On explique que le pompage est volumétrique, à faible débit et à basse pression. Et on ne parle surtout pas de porosité.' Malgré cela, dans ce chai, des essais de filtration tangentielle se poursuivent. 'Si le vin sort aussi bon, voire meilleur, on n'est pas idiot, on s'en servira.'Michel Roucher-Sarrazin ne partage aucune des craintes de son confrère. L'oenologue de Chartron et Trébuchet, un négociant bourguignon (Puligny Montrachet), se sert d'un appareil Memcor depuis 1990 pour clarifier tous ses blancs, même ceux issus d'appellations aussi prestigieuses que Montrachet ou Bâtard Montrachet. Ils n'ont jamais faibli au vieillissement. 'Personne ne nous a jamais dit : puisque vous utilisez un filtre tangentiel, on n'achète plus votre vin, soutient-il. On leur propose de goûter pour qu'ils soient convaincus.'Michel Roucher-Sarrazin apprécie également que ses vins n'aient pas besoin de récupérer comme au temps où ils passaient sur terre. A tous moments, il peut les présenter à ses clients. Dans d'autres domaines, on explique que le vin franchit la membrane d'un filtre tangentiel lorsqu'il est prêt à le faire alors que les pompes des filtres classiques le forcent à passer. Il est donc fort possible de justifier de la présence d'une technologie industrielle dans une cave.