L'Inao à l'épreuve

La pression est forte. De toutes parts, les opérateurs se placent sur le marché du respect de l'environnement. Les exemples foisonnent : les chambres d'agriculture se réunissent pour travailler en synergie dans ce sens ; des réseaux tels que Farre (Forum de l'agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement) montent en puissance ; des démarches collectives de producteurs fleurissent ; le 'bio' enregistre un regain d'intérêt ; la grande distribution conclut des accords d'approvisionnement avec des syndicats d'appellation... Les faits vont plus vite que le cadrage réglementaire. Du coup, les appellations, et donc l'Inao, gardien des conditions de production, se retrouvent en première ligne. 'On essaie de nous doubler, indique un responsable. Les 'non-dits' de l'appellation sont on ne peut plus près du respect de l'environnement mais nous ne l'avons pas assez mis en valeur. On nous tourne autour pour récupérer la mise.' Une commission sur ce thème est au travail mais le 'temps' de l'Inao n'est pas celui de l'actualité... On envisage pour l'instant d'instituer des règlements intérieurs aux syndicats viticoles comprenant les 'bonnes pratiques', histoire de reprendre la main. A la lumière de ce thème se pose une double question de fond : la place des AOC viticoles et la capacité d'adaptation de l'Institut. Après la réforme de 1990 intégrant les produits laitiers et autres, l'Inao va englober les indications géographiques protégées (IGP) au sein d'un quatrième comité. Sa charge de travail s'alourdit et les moyens ne sont pas calés... Dans ces conditions, peut-on sereinement répondre à des enjeux tels que celui du respect de l'environnement et, mieux, les anticiper? Cantonné dans un rôle de gardien du temple, l'Institut n'est-il pas condamné à avoir toujours un train de retard? Ce serait un mauvais coup porté à nos appellations viticoles.