L'Inao tente de reprendre la main sur le front du respect du terroir et des bonnes pratiques culturales.
Le comité national de l'Inao s'est réuni les 3 et 4 novembre à Paris. La principale décision concerne la mise en place d'une charte pour le respect de l'environnement par les appellations : c'est une grande première.'Tout est parti de l'étude d'un dossier sur le 'bio' il y a quelques mois. On s'est aperçu que ce type de culture n'était pas vraiment plus propre... On a élargi la question. Les appellations sont l'opposé du tout productivisme, on souhaite mettre en avant nos pratiques traditionnelles', explique-t-on.La fusée aura trois étages : la charte nationale est pratiquement prête. Elle comporte des principes généraux : respect du terroir, des hommes et des sols, traitements raisonnés... Un décret paraîtra au Journal officiel en début d'année. Deuxième étape : chaque appellation ou groupe d'individus intéressé mettra au point son protocole en appliquant la charte aux spécificités locales. A terme, ce code de bonnes pratiques intégrera les décrets d'appellation. Troisième étape : il est prévu d'apposer un logo sur les étiquettes pour informer la clientèle du côté 'propre' et 'pur' des appellations. 'C'est un immense chantier et nous contrôlerons la bonne application de ces protocoles', ajoute le président Jérôme Quiot. Malgré les bonnes intentions de cette charte, il est évident que l'Institut n'a pas, aujourd'hui, les moyens humains de cette politique de contrôle. Nombre de conditions de production insérées dans les décrets d'appellation ont déjà du mal à être contrôlées, même si on annonce un mieux depuis que les agents de l'Inao 'retournent sur le terrain'. 'Nous comptons davantage sur l'émulation et la crainte des contrôles.' Les eaux-de-vie ne sont pas concernés par cette charte.Deuxième décision : la création d'un site portail sur internet (www.aoc.fr), regroupant l'ensemble des appellations nationales (certains syndicats et la plupart des interprofessions ont déjà des sites). L'Institut s'est plusieurs fois élevé contre l'usurpation de sites internet de part le monde employant des noms d'appellations françaises. Pour être plus crédible lors de ses actions contentieuses auprès des instances internationales compétentes, l'Institut va lancer ce site.Troisième dossier : l'élargissement de gamme de certaines appellations. Cinq dossiers ont été déposés à l'Institut, qui souhaite se construire une doctrine sur le sujet. Faugères et Saint-Chinian (AOC rouge et rosé) le demandent pour le blanc, Limoux et Montravel pour le rouge et Condrieu pour du liquoreux. 'La question de l'évolution est en jeu, de la même manière que la commission qui travaille sur les cépages non traditionnels dans les AOC.'Sur le front des rendements, très peu ont été modifiés par rapport aux décisions prises par le comité en septembre. Excepté pour la Bourgogne où le PLC (plafond limite de classement) est passé de 30 à 40% (sauf pour les grands crus). C'est l'excellence du millésime 1999, en qualité et en quantité qui a été reconnue. A noter que les côtes du Forez (Loire), ancien VDQS (vin délimité de qualité supérieure), accède à l'AOC.