Pour supprimer les pollutions liées aux fonds de cuve ou de bidon et limiter les eaux de rinçage, les pulvérisateurs et la présentation des produits phytosani- taires évoluent.
Depuis longtemps, on cherche à améliorer les matériels de pulvérisation. Dans un premier temps, les espérances ont porté sur les systèmes à circuits séparés consistant à prendre le produit dans le bidon et à l'injecter, proportionnellement au débit, dans le circuit d'eau, juste avant les buses. Cette solution créait trop de contraintes : on ne pouvait utiliser que des liquides avec des viscosités très voisines. Les produits purs étaient agressifs pour les joints et les réglages délicats. De plus, les problèmes liés aux restes de produits et au rinçage des bidons n'étaient pas réglés. Cette voie a été abandonnée.Dans un deuxième temps, on a intercalé une cuve de bouillie-mère et placé un mélangeur proportionnel au débit de l'eau pour injecter le produit avant l'envoi aux rampes. Il est vite apparu indispensable de prévoir des perfectionnements, notamment de constituer un circuit 'd'agitation hydraulique' (système Hoover) pour maintenir l'homogénéité de la solution-mère.Un autre perfectionnement consiste à installer un détecteur pour déclencher le rinçage dès que la cuve de bouillie-mère est vide. Une dernière amélioration est soit de disposer de deux circuits de mélange pour traiter avec des produits dont les concentrations sont différentes, soit la possibilité de déposer le doseur et de le remplacer par un autre à proportionnalité différente. Enfin, sont à l'étude des matériels pouvant traiter avec deux produits en même temps et d'autres équipés pour traiter des taches dans la parcelle.Pour être complète, cette amélioration des matériels doit s'accompagner de produits présentés différemment. Monsieur de La Palisse aurait pu dire 'pour supprimer les fonds de bidons, supprimons les bidons'. Il y a un peu de cela. Les produits seront conditionnés en dosettes indiquant la surface traitable et les dilutions possibles.Pour les granulés autodispersibles, les cachets effervescents et les liquides que l'on peut conditionner en sachets hydrosolubles, il n'y a pas de problème. Les autres liquides pourront être emballés dans des berlingots avec fil de déchirement pour être rincés à plat dans un compartiment de la cuve de bouillie-mère. Les fabricants étudient également le moyen d'améliorer la manipulation des produits pour éviter les poussières, notamment avec les poudres.Les suremballages renfermeront des petites et des grandes dosettes pour ajuster au mieux la consommation de produit et n'utiliser que la quantité utile. Les dosettes non utilisées pourront être regroupées pour reconstituer des lots. Cependant, de bonnes habitudes permettent déjà de limiter les pollutions et les risques pour l'applicateur comme, par exemple, préparer un peu moins de bouillie-mère que nécessaire pour éviter les fonds de cuve. Si le vigneron a besoin d'un complément, il sera bientôt possible d'ajuster la quantité apportée au vignoble avec des mini-dosettes et la mobilisation d'une partie de l'eau de la cuve principale. Il faut aussi s'astreindre à tenir un état des stocks précis, à jalonner les parcelles et à enregistrer, pour chacune d'elles, les volumes de produits nécessaires pour leurs traitements.L'applicateur quant à lui doit se protéger efficacement. Lors de la préparation des bouillies, son corps et ses mains sont exposés, surtout lorsque les bidons n'ont pas de dispositifs 'anti glouglou'. Ses voies respiratoires peuvent aussi être agressées lors de la manipulation des poudres. Il ne sera plus question de manipuler des produits, même en dosettes, sans gants, masque, combinaison spéciale et des souliers adaptés.Lors du débouchage des buses, outre les équipements déjà cités, il conviendra d'avoir un débouche-buses, soit en aspiration, soit en soufflage, disposé perpendiculairement pour que les mains de l'opérateur ne soient pas sous la buse à déboucher. De même, une 'clef à récupération' est utile pour démonter et pour remonter les buses sans se contaminer. Lorsqu'il travaille, si l'applicateur pollue ses gants ou ses vêtements, en reprenant les commandes du tracteur, il contamine le siège, les manettes et le volant. Certes, il pourrait, le soir, procéder au lavage de ces équipements, mais il est également envisageable d'utiliser des couvre-volants et manettes en papier absorbant, jetables et incinérables, pour éviter cette 'autopollution'. De plus, si les gants se retirent facilement sans entraîner de contamination, l'opérateur peut les suspendre dans la cabine. Il conduira avec des mains non contaminées.Enfin, les cabines étanches, à filtres absorbeurs efficaces, jetables et incinérables, pourront compléter le dispositif de protection de l'applicateur. D'autres équipements dits décisionnels peuvent ajouter à la sécurité du traitement. Un anémomètre (un drapeau plombé ou une manche à air peuvent faire l'affaire) permet de ne pas traiter quand le vent est trop fort, ou de traiter 'dans le bon sens', en évitant le rabattement des produits vers la cabine ou l'entraînement hors de la parcelle. Un hygrothermomètre permet de savoir s'il est opportun de traiter en tenant compte du climat. Des 'pièges à poussières' et des papiers hydrosensibles, disposés autour de la parcelle, contrôlent quant à eux les dérives. Les mêmes papiers, placés dans la végétation, aideront à vérifier la pénétration et la taille des gouttelettes projetées, donc la qualité de la pulvérisation.