GAEC Morille-Luneau
Des consignes suivies à la lettre
Jean-Michel Morille, du Domaine de l'Auberdière, à La Chapelle-Basse-Mer (Loire-Atlantique), conduit 60 ha de vigne. Il travaille avec trois salariés et se montre particulièrement vigilant lors de la préparation de la bouillie. « Nous disposons à l'avance les produits et ustensiles nécessaires dans un espace dédié et à proximité du local de stockage des produits phyto. Pendant la préparation, quel que soit le produit, nous portons des gants et un tablier qui couvre bien les jambes et qui a des manches longues, facile à utiliser et à porter. Mais même si on a des EPI, on doit rester concentré », insiste-t-il. Le personnel remplit le pulvérisateur - monté sur enjambeur - sur une aire bétonnée et couverte, à l'abri du vent. À côté, se trouvent les locaux phyto et une arrivée d'eau pour réduire les manipulations, ainsi qu'un évier pour que chacun puisse se laver les mains. À cet endroit, les salariés peuvent accrocher leurs gants.
Pour réduire les risques de contamination, Jean-Michel Morille accède à la cuve du pulvérisateur par une passerelle sécurisée. L'appareil est doté d'un système de brassage, ce qui permet d'y verser directement les produits, sans utiliser un tamis. Cela réduit les manipulations et évite de soulever trop de poussière. Le porteur est équipé d'une cabine avec une filtration à charbon actif. « Il est essentiel de changer régulièrement les cartouches - toutes les 100 à 250 heures selon les modèles -, et de veiller au bon état des joints qui assurent l'étanchéité. Une bonne cabine, c'est une sécurité et un confort : on n'est pas harnaché comme avec une combinaison, un masque et on n'a pas de bruit. Mais lorsqu'on traite : on ne fume pas, on ne grignote pas et on évite de téléphoner. On doit rester attentif en permanence. Il faut aussi veiller à ne pas entrer dans la cabine avec des EPI souillés, et disposer de gants à l'extérieur pour intervenir en cas de problème. »
Pour éviter ce risque, Jean-Michel Morille vérifie l'état des buses avant de partir, en injectant de l'eau dans les circuits. Après le traitement et le lavage du pulvérisateur, ses salariés peuvent se doucher au vestiaire. « Nous n'avons pas de soucis pour qu'ils respectent les consignes de sécurité », indique-t-il.
Domaine de Terrebrune
Les produits les moins toxiques privilégiés
Alain Bouleau, du Domaine de Terrebrune, à Notre-Dame-d'Allençon (Maine-et-Loire), travaille sur 55 ha, aidé par trois salariés. Conduisant ses vignes en culture raisonnée, il est très attentif lors du choix des produits. « Nous prenons en priorité ceux qui ont un délai de rentrée court, afin d'avoir plus de souplesse dans la gestion des traitements. Nous privilégions également ceux qui ont le meilleur profil toxicologique et écotoxicologique, et ceux dont les formulations sont les plus faciles à utiliser, les liquides en particulier. »
Pendant la préparation de la bouillie et le remplissage du pulvérisateur, ses salariés portent des gants, un masque et un tablier long à manches, plus facile à porter qu'une combinaison de type 3 qu'ils trouvent inconfortable. « Aujourd'hui, les produits sont moins toxiques et ne nécessitent plus une protection intégrale », justifie Alain Bouleau.
Celui-ci possède un local dédié à la préparation de la bouillie depuis dix ans. Sa plate-forme de travail est équipée d'un brasseur directement raccordé à la cuve du pulvérisateur. Celui-ci est situé à hauteur d'homme et facilite le mélange. « Nous sommes aussi équipés d'une vanne volumétrique pour prévenir les débordements de produit. Et notre tracteur est doté d'une cabine avec filtration. En cas d'incident en cours de traitement, les salariés prennent garde à ne pas descendre dans le nuage d'embruns, même s'il n'est pas toujours facile de s'arrêter en bout de rang. Si une buse se bouche, ils prennent des gants pour intervenir dessus, puis se lavent les mains avec le bidon prévu à cet effet. »
À la fin de chaque jour de traitement, ses salariés nettoient l'extérieur du pulvé au jet à haute pression. Durant cette opération, ils portent le tablier, des bottes, des gants et un capuchon sur la tête. « Nous leur répétons que les EPI préservent leur santé. Et ils ont, bien sûr, suivi les stages pour obtenir leur Certiphyto, fin 2013. » Ils effectuent un lavage plus approfondi du pulvé tous les deux jours : en plus du lavage au jet, ils rincent les filtres et la cuve.
Sté des travaux viticoles saint-émilionnais
Une politique stricte en termes d'EPI
Jérôme Depoizier est le responsable des traitements à la Société des travaux viticoles saint-émilionnais, à Saint-Émilion (Gironde). Cette entreprise dirigée par Philippe et Frédéric Mérias emploie quarante-sept salariés. « Pour préparer les traitements, nous utilisons un incorporateur avec un système venturi et une pompe raccordée à la cuve du pulvérisateur. Chez nous, le versement du mélange dans la cuve en montant sur le pulvé est proscrit », insiste Jérôme Depoizier. Le remplissage s'effectue sur la plate-forme de l'entreprise ou, lorsque le client est éloigné, sur une aire souple nomade en PVC équipée d'un rebord et d'un dispositif anti-fuite. L'employé a pour consigne de surveiller le remplissage pour éviter tout risque de débordement.
« Nous avons une politique stricte en matière d'EPI. C'est notre responsabilité d'employeur. Avec quarante-sept salariés, nous n'avons pas le droit à l'erreur, et en tant que prestataire de travaux viticoles, nous devons montrer l'exemple. »
Lors de la préparation de la bouillie, du remplissage et du lavage du pulvérisateur, les salariés doivent porter une combinaison, un tablier, des gants, des bottes et un demi-masque. « Au départ, il peut être compliqué de l'imposer, mais chacun sait qu'il s'agit de l'intérêt général. Le tablier permet de prolonger la durée de vie d'une combinaison et est facile à retirer. Nos tracteurs sont équipés d'une cabine pressurisée. Nos salariés ne portent donc pas de combinaison pendant le traitement. S'ils doivent intervenir en cours de traitement, ils s'arrêtent et attendent la dissipation du nuage du produit. Puis ils doivent revêtir une combinaison, un masque, des gants, stockés dans une caisse étanche à l'extérieur de la cabine. Les employés ont bien compris l'importance de toutes ces règles. »
Après le traitement et le lavage du pulvérisateur, les salariés enlèvent les EPI selon l'ordre préconisé par la MSA et ils prennent une douche dans les locaux de l'entreprise.
Testez-vous en quelques clics
Bayer propose Phytodiag, un outil gratuit d'autodiagnostic sur la réglementation : stockage des produits phyto, règles de sécurité, pollutions ponctuelles de l'eau sur l'exploitation, protection des pollinisateurs. Des questions permettent d'évaluer la conformité de ses pratiques et de s'informer sur la réglementation. Un produit disponible sur www.bayer-agri.fr
Axe-Environnement a conçu de son côté Touch & Diag, une application pour tablette proposant quatre diagnostics : local phyto, aire de lavage et de remplissage du pulvé, gestion des effluents et transport des produits phyto. Elle comporte également des fiches réglementaires. Plutôt destinée aux distributeurs, cette application est disponible via un abonnement de trois ans à partir de 39 € HT/mois. Ensuite, il faut compter de 59 €/HT à 199 €/HT pour chaque diagnostic.
Les principes qu'il faut garder en tête
« La prévention des risques passe en premier lieu par le raisonnement des traitements et le choix des produits en fonction de leur toxicité pour la santé humaine », indique Alain Viard, de la MSA de Loire-Atlantique. Lisez attentivement les étiquettes et les fiches de données de sécurité.
Le port des EPI est indispensable. « Les phytos sont conçus pour pénétrer la cuticule des plantes. Ils passent donc la barrière de la peau, poursuit le conseiller en prévention. Les mains sont la première porte d'entrée pour les contaminations, et le risque est amplifié en cas d'emploi d'adjuvants ou de microlésions de la peau. » Pour préparer la bouillie, remplir et laver le pulvé, portez des gants nitrile EN 374-3, une combinaison de travail (cotte en coton/polyester 35 %-65 %, grammage d'au moins 230 g/m² avec traitement déperlant), un tablier catégorie 3 type 3 et des bottes. Si votre tracteur est dépourvu de cabine, munissez-vous d'un masque, sauf si l'étiquette du produit ne le mentionne pas. Pour de nouveaux produits et certains récemment réévalués par l'Anses, les consignes officielles pour les EPI ont évolué (lire les pages 14 à 16).
Ne préparez pas la bouillie dans la précipitation. Faites votre mélange dans un local dédié et adapté, soyez concentré. Évitez de manger, de boire, de fumer ou de téléphoner.
En cours de traitement, ne portez pas d'EPI souillés d'éclaboussures de produit et restez vigilant. Veillez à ne pas accrocher de rangs avec les rampes et surveillez le bon fonctionnement des buses. Si vous devez intervenir sur l'une d'entre elles, arrêtez la pulvérisation et avancez suffisamment pour ne pas descendre dans les embruns de produit.
Après le traitement, ne rentrez pas directement à votre domicile. Retirez vos EPI dans le bon ordre : bottes, lunettes, masque, combinaison et gants. Lavez-vous les mains et prenez une douche sur l'exploitation et non à domicile. Lavez vos EPI sur l'aire de lavage du pulvé puis, une fois qu'ils sont secs, rangez-les dans une armoire spécifique hors du local phyto et hors domicile.