1. Privilégiez les produits les moins toxiques
Afin de limiter votre exposition aux produits phytosanitaires, il faut tout d'abord raisonner vos traitements. « Les vignerons doivent avoir conscience qu'ils utilisent des produits dangereux. La première protection contre les risques de contamination par les produits phytosanitaires consiste à ne traiter que si nécessaire, indique Jacques Vermorel, conseiller prévention à la MSA Ain Rhône. Ensuite, il faut utiliser les produits les moins toxiques pour l'homme. »
Pour faire ce choix, il faut bien lire les étiquettes, y compris celles des produits que l'on utilise depuis longtemps. On peut aussi lire les fiches de données de sécurité, plus complètes.
Or, « certains vignerons ne lisent plus les étiquettes ou ne les ont même jamais lues », regrette Jacques Vermorel. D'autres ne les parcourent qu'en partie. « Ils ne les regardent que pour se renseigner sur le dosage des produits, constate Bruno Farthouat, conseiller prévention à la MSA des Charentes. Ainsi, beaucoup ne savent pas que certains produits sont cancérigènes ou mutagènes et ne se protègent pas totalement. »
Autre conseil : privilégiez les formulations solides, en granulés ou en sachets hydrosolubles, et les emballages pratiques à utiliser.
2. Ne négligez pas le port des EPI
Pour les conseillers prévention de la MSA, les vignerons doivent encore faire des progrès dans le port des EPI (équipement de protection individuelle).
« Certains exploitants y sont plus sensibilisés car ils ont dans leur entourage quelqu'un atteint d'une maladie que les médecins ont reconnue comme liée aux phytosanitaires. D'autres, en revanche, sont dans le déni du risque et ne se protègent pas, rapporte Alain Viard, de la MSA Loire-Atlantique. Nous savons que porter une combinaison, un masque et des lunettes lorsqu'il fait 30°C est inconfortable. Mais pour le nettoyage du pulvérisateur, la préparation de la bouillie, la réparation des buses ou le traitement dans un tracteur sans cabine, la combinaison et les autres EPI sont indispensables. »
D'autres conseillers MSA préconisent d'adapter sa protection aux risques et aux types de produits utilisés : si ceux-ci sont peu toxiques, des gants et des bottes peuvent suffire.
Pensez à mettre des gants jetables dans la cabine du tracteur où cas où vous seriez obligé d'intervenir sur le pulvérisateur au cours d'un traitement. Portez des bottes plutôt que des chaussures « où les pieds macèrent si elles ont été contaminées par de la bouillie de traitement », signale Alain Viard. N'oubliez pas les lunettes de protection et le masque. Concernant ce dernier, prenez soin de changer les cartouches et les filtres A2P3 après 30 heures d'utilisation.
3. Préparez la bouillie dans un local dédié
La dose de produit à utiliser est à préparer dans un lieu spécifique, aéré mais à l'abri du vent, comme le local phyto par exemple. Votre plan de travail Six règles pour éviter de s e doit être stable. « Le poste où le vigneron manipule les produits doit être bien aménagé, avec un point d'eau à proximité pour se laver les mains », déclare Jérôme Simon, conseiller prévention à la MSA Marne Ardennes Meuse. Veillez à bien vous organiser et à préparer à l'avance ce dont vous avez besoin en matière de contenants et d'ustensiles. « Ceux-ci doivent être dédiés uniquement à la préparation de la bouillie. Le vigneron ne doit surtout pas utiliser de bouteilles d'eau minérale vides comme doseurs », souligne Jérôme Simon. Protégez-vous avec des gants, un masque doté d'un filtre, une combinaison, un tablier et des lunettes si le produit est très toxique.
Pendant la préparation de la bouillie, le risque de contamination est très élevé, que ce soit par inhalation, par contact avec les yeux, le nez et la peau ou par ingestion de nourriture avec des mains ou des gants souillés. Évitez de manger, boire ou fumer lors de cette opération. Évitez également d'utiliser votre téléphone portable, car vous risquez de le souiller.
4. Restez prudent pendant le traitement
Si votre tracteur n'est pas équipé d'une cabine étanche et climatisée avec filtre à charbon actif, vous devez porter une combinaison, des gants, un masque avec cartouche et des lunettes. Si votre tracteur est muni d'une cabine, cela ne vous dispense pas de respecter certaines règles. Il faut en filtrer l'air. Pour cela, vous devez utiliser des filtres « A + P », qui retiennent les poussières, les aérosols et les vapeurs, et les changer régulièrement. « Si la cartouche est saturée, elle relargue les molécules retenues sur le charbon actif », justifie Alain Viard.
Veillez à la propreté de votre cabine. « N'y stockez pas de bidons de produits phytos », note Jacques Vermorel. N'y entrez pas avec des EPI souillés. « Mettez-les dans un compartiment extérieur situé sur le pulvérisateur. Ils vous serviront en cas d'incident lors du traitement », poursuit Alain Viard. D'ailleurs, si vous devez intervenir, « arrêtez les rampes et avancez-vous un peu pour ne pas descendre dans le nuage de traitement », conseille Jacques Vermorel. Lavez-vous les mains avant de remonter en cabine.
Comme pour la préparation de la bouillie, évitez de manger, de boire ou de fumer lors de la pulvérisation.
5. Retirez vos EPI dans le bon ordre
Après le traitement, retirez vos EPI de façon à ne pas vous contaminer : enlevez vos bottes et rincez-les après avoir enfilé des chaussures sans lacets, nettoyez vos gants sans les retirer, enlevez vos lunettes, rincez-les et rangez-les. Ôtez le masque et rincez-le sans les cartouches, qui doivent être stockées à part. Enlevez la combinaison, puis les gants et, enfin, lavez-vous les mains avec de l'eau et du savon. La MSA recommande également de prendre une douche de « décontamination ». « Elle est essentielle et sa pratique doit encore se développer », observe Bruno Farthouat.
6. Séparez travail et vie familiale
Préservez votre entourage de tout risque de contamination. « Il faut éviter de rentrer à son domicile avec une combinaison souillée », insiste Jérôme Simon. Après le traitement et le retrait de vos EPI, prenez une douche en dehors de votre foyer. « Beaucoup de salariés sont réticents à l'idée de prendre une douche sur l'exploitation, mais ils doivent avoir conscience que ce n'est pas une douche de confort », ajoute le conseiller prévention. Si vous attendez de rentrer à votre domicile, « vous allez contaminer vos vêtements personnels, votre voiture, votre foyer… », prévient Alain Viard.
De même, si vous utilisez une combinaison lavable en machine, évitez de la nettoyer dans le lave-linge familial. « Certaines exploitations mettent à disposition des salariés une machine à laver dans leur local technique », explique Jérôme Simon. Alain Viard préconise de son côté de laver la combinaison au jet d'eau : « Les combinaisons, même lavables, ne sont pas faites pour passer en machine. Cela les abîme. » Une fois propres et secs, la combinaison et les autres EPI sont à ranger dans une armoire spécifique en dehors du local de stockage des produits phytos, et surtout pas à votre domicile.