Depuis 1990, la retraite de base des vignerons est alignée sur celle des autres actifs. Ce réajustement n'est pas suffisant, les retraites agricoles demeurent très faibles. Comme tous les actifs, les vignerons doivent impérativement réfléchir à une épargne complémentaire le plus tôt possible.
En 2040, il y aura sept retraités pour dix actifs, contre quatre retraités pour dix actifs en 1995. Cette prévision, issue du rapport Charpin rendu au printemps dernier, est préoccupante pour les jeunes actifs, sachant que l'espérance de vie s'allonge : 80 ans pour un homme, 86 ans pour une femme. Un vigneron installé en 1990 (année de la grande réforme des cotisations sociales) touchera la même retraite de base que n'importe quel autre actif. La retraite complémentaire, obligatoire dans tous les autres régimes, reste encore facultative pour les exploitants agricoles et viticoles. Mais elle devrait être obligatoire en 2002. La filière agricole rejoindrait ainsi le train des autres actifs. Un train qu'elle regarde avec envie, tout en ayant toujours refusé de le prendre. Situation ambiguë du monde agricole qui s'est trop longtemps senti différent des autres. Mais si les précédentes générations ont manqué de clairvoyance, l'erreur ne doit pas se répéter. Aujourd'hui, tous les actifs sont informés de la future baisse des pensions de retraite.A l'image de toutes les professions, les vignerons vont devoir se constituer eux-mêmes un complément de retraite. Or, malgré la grande médiatisation des rapports sur la retraite et la prise de conscience des faibles retraites agricoles, la filière reste passive sur ce sujet. 'La protection sociale n'est pas le souci numéro un des organisations professionnelles, témoigne Jeannette Gros, présidente de la MSA (Mutualité sociale agricole). Pourtant, il faut que la profession s'implique et s'intéresse à l'actuel débat sur les retraites. Elle est concernée.' Car, comme le rappelle Jean-Marc Pousin, conseiller de gestion dans la Vienne, 'c'est un comble de commencer à penser à la retraite à 60 ans quand il ne reste pratiquement plus rien à faire'.La démarche est la même pour tous : évaluer sa pension de retraite et ses besoins, et calculer la différence. L'écart devra être financé par une épargne volontaire de l'actuel actif, avec un arbitrage entre ses choix de vie d'aujourd'hui et sa future retraite. Il existe de nombreux placements dont l'intérêt diffère selon l'âge du souscripteur, son taux d'imposition, son goût du risque, son patrimoine privé, sa situation familiale et ses besoins privés. Mais plus on anticipe, plus on optimise sa retraite. La souscription d'un contrat d'assurance vie est, par exemple, particulièrement indiquée pour les vignerons. Ce contrat permet de maintenir un capital non assujetti aux frais de succession dans la limite d'un million de francs par ayant-droit. 'La constitution de sa retraite doit accompagner un vigneron tout au long de sa carrière, estime un conseiller de gestion des côtes du Rhône, avec un petit bilan tous les cinq ans pour réajuster le tir en cas de choix trop prudents ou trop hasardeux. Cette réflexion l'aide souvent à affiner la gestion globale de son exploitation.' Outre le gain financier, cette stratégie procure la sérénité de savoir ses vieux jours assurés. Un point à ne pas négliger, à l'heure où l'on parle tant de la qualité de vie...