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Viticulture biologique: deux impasses

La vigne - n°106 - janvier 2000 - page 0

Les producteurs biologiques projettent de s'imposer des doses maximales de SO2 deux fois plus faibles que celles autorisées. Denis Caboulet, de l'ITV, a insisté sur les risques.

Le 8 décembre, à Angers, s'est réunie la commission viticole de l'Institut technique de l'agriculture biologique (Itab). Au menu des discussions: le cuivre, la flavescence dorée et le SO2. Les vignerons biologiques veulent limiter l'emploi du cuivre. Ils cherchent d'autres produits et appliquent des doses bien inférieures à celles homologuées. L'ITV, la chambre d'agriculture du Var, le Groupe de développement viticole du Maine-et-Loire (GDDV) et un organisme suisse (FIBL) ont présenté les performances de quelques remplaçants potentiels, dont les purins d'ortie ou de prêle, le Mycosin et l'Ulmasud. Ils sont efficaces tant que la pression de mildiou est faible. En revanche, ils n'apportent rien face à un mildiou agressif.Les doses réduites de cuivre aboutissent à des résultats similaires. Dans les conditions sévères des tests d'homologation, elles ne servent à rien. Malgré cela, dans certains vignobles, elles donnent satisfaction. Selon Hervé Joulain, du GDDV, en Anjou, on peut descendre jusqu'à 400 à 700 g de cuivre métal par traitement, 'à condition d'intervenir correctement, préventivement et de retraiter à la suite d'un lessivage'. Sa recommandation s'appuie sur des essais et sur l'expérience de vignerons. Les essais eurent lieu en 1998 et en 1999. Les derniers en date ont subi de fortes attaques. Elles se sont soldées par une défoliation précoce sans mildiou sur grappes. Elles ont touché pareillement des parcelles traitées à neuf reprises, les unes à raison de 400 g de cuivre métal par ha et par traitement, les autres à raison de 700 g/ha/traitement.De ces essais, il ne ressort aucune alternative au cuivre. En revanche, les doses peuvent être réduites, à condition d'en accepter les conséquences dont la plus fréquente sera la chute anticipée du feuillage.La lutte biologique contre la cicadelle de la flavescence dorée se heurte elle aussi à une impasse. Plusieurs années durant, le Civam biologique du Languedoc-Roussillon a testé la roténone, un insecticide d'origine végétale. Jacques Rousseau qui a conduit ces travaux n'a laissé planer aucun doute quant à leur résultat. 'Si des ceps sont contaminés dans une parcelle qui héberge des cicadelles, la roténone seule ne permet pas d'enrayer l'extension des foyers. En revanche, il se peut qu'utilisée préventivement et en l'absence de maladie, elle soit efficace.' Lorsque la flavescence se déclare, les vignerons biologiques sont contraints d'en venir aux insecticides chimiques. Plus ils tardent à le faire, plus ils perdent de ceps.Dernier point: les vignerons biologiques veulent s'imposer des doses maximales de SO2 deux fois inférieures à celles admises. Ce projet reste controversé. Il a fait bondir l'un des participants. 'On ne fera plus que du vinaigre', a-t-il prévenu. Après cette courte intervention, Denis Caboulet, de l'ITV de Narbonne, a exposé les travaux menés par son Institut. Selon lui, la réduction des doses n'est pas l'apanage de la production biologique. Un rouge nouveau peut se contenter d'un faible sulfitage, mais c'est impossible pour un vin élevé plusieurs mois en barriques. Denis Caboulet a prévenu que dans ce dernier cas, les doses réduites de moitié seraient insuffisantes.

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