Jura, un millésime exceptionnel mais peu de moyens pour le faire savoir

En dépit d'une année phytosanitaire éprouvante due, comme partout, à la forte pression mildiou, le millésime 1999 restera dans les mémoires. Il conjugue en effet quantité (on dépasse les 100 000 hl de récolte) et qualité. Les vins rouges sont structurés et colorés, les blancs puissants et équilibrés. On annonce aussi une grande année de vin de paille. En revanche, peu de crémants devraient être élaborés car les degrés élevés ne s'y prêtaient pas.Après deux années de récolte à plus de 100 000 hl et des ventes annuelles de l'ordre de 65 000 hl, certains craignent des déstockages à bas prix. 'Attention, rappelle cependant un vigneron jurassien, les volumes de récolte sont très fluctuants et il est nécessaire d'avoir du stock pour faire face aux années déficitaires.' Pourtant, beaucoup verraient d'un bon oeil les ventes annuelles atteindre au moins 80 000 hl, de manière à raffermir les marchés. Et pour cela, il faut améliorer encore la qualité et augmenter les débouchés. Pour le premier point, même si tous les professionnels reconnaissent les importants progrès réalisés, ils souhaitent continuer sur cette lancée. Au vignoble, un travail de sélection de clones de poulsard et de chardonnay spécifiques au Jura a été relancé. En cave, des suivis sur les vins rouges et les vins de paille se poursuivent. En ce qui concerne les blancs, certains aimeraient qu'un critère mentionné sur l'étiquette permette aux consommateurs de distinguer un vin classique d'un vin au goût de 'jaune'. En effet, selon la manière dont est mené l'élevage, le même vin évoluera différemment. 'Pour élargir les débouchés, il faut communiquer de façon collective par le biais du comité interprofessionnel, mais aussi de manière individuelle. Chacun d'entre nous doit se faire l'ambassadeur de sa région partout en France mais aussi à l'étranger, martèle un vigneron. Nous avons des vins d'un excellent rapport qualité-prix, il nous appartient de le faire savoir.' Quant à la communication collective, elle est réduite faute de moyens. En effet, avec un budget annuel de 1 MF, l'interprofession du Jura est certainement l'une des plus pauvres de France, ce qui ne l'empêche pas d'être active. 'Nous essayons de compenser le manque de moyens par un regain d'imagination', plaisante Nicolas Visier, le directeur du CIVJ. A raison de 8 F/hl, les cotisations interprofessionnelles représentent la moitié du budget, le reste étant apporté par des aides des collectivités, de l'Europe... Certains professionnels les plus dynamiques aimeraient voir les cotisations augmenter de manière à pouvoir mener une communication collective plus offensive. Ils souhaiteraient aussi disposer de statistiques précises sur les ventes par produit et par destination afin de mieux cibler leurs efforts. Or, pour le moment, les accords interprofessionnels n'ayant toujours pas été signés faute d'un accord du négoce, les opérateurs ne sont pas obligés de fournir ces informations. On ne dispose donc que de données assez floues.La percée du vin jaune est devenue le grand événement fédérateur des professionnels du Jura mais aussi un important outil de communication. La quatrième édition se déroulera à l'Etoile les 5 et 6 février 2000. Le prix du verre passera de 40 à 45 F, car les organisateurs aimeraient, à terme, pouvoir se passer de subventions. Par ailleurs, les visiteurs se verront remettre 4 tickets pour goûter du vin jaune et 6 pour goûter les autres vins au lieu de 6 tickets pour le vin jaune comme les années précédentes. On souhaite ainsi mettre en avant les autres vins produits dans le Jura.Un projet de route des vins a aussi été inscrit dans le futur contrat de plan Etat-région. 'Dès qu'un visiteur entrera en Franche-Comté, il saura qu'on y fait des vins formidables et où les trouver', résume Nicolas Visier. Dans ce même contrat de plan, un important volet est réservé à l'environnement, de la lutte raisonnée ou intégrée en passant par le réglage des pulvérisateurs, le contrôle de l'érosion ou la maîtrise des effluents vinicoles.