Du 19 au 22 janvier, se tenait en Suisse le salon Agrovina. On y découvrait des machines facilitant la mécanisation de la culture en coteaux. Les constructeurs locaux s'intéressent également au travail du vin.
Sur la route qui longe le lac Léman et mène de Genève à Martigny, les vignes sont accrochées à des pentes tellement raides que des chèvres y prendraient peur. Comment les Suisses font-ils pour les cultiver? La visite d'Agrovina vous l'apprend. Ce salon a réuni une offre impressionnante d'équipements pour la mécanisation de la viticulture en coteaux.A commencer par celle d'Avidor (1029 Villars-Sainte-Croix). Le plus connu des fabricants helvétiques avait pris place à l'entrée du parc des expositions. Impossible de le manquer. Chaque visiteur devait obligatoirement passer devant son stand. Il pouvait y découvrir quatre nouveaux équipements: une niveleuse, un pulvérisateur, un mât et une prétailleuse. La niveleuse redresse l'horizontalité des terrasses. Le pulvérisateur est d'une rare sobriété. Il se contente de 40 à 80 l/ha pour un traitement de couverture. Pour obtenir des volumes aussi bas, Avidor monte des buses rotatives. Aux yeux du fabricant, ce n'est pas leur seul intérêt. Il avait accroché au mur une bande de papier jaune, moucheté d'une myriade de points minuscules, densément et régulièrement répartis. On l'aura deviné, c'était le résultat d'un passage du pulvérisateur.Le mât porte-outils pivote d'un demi-tour sur lui-même, se déplace le long de l'axe de la chenillette, compense les dévers, se règle en hauteur et en distance par rapport au rang. En bout de rang, l'outil peut ainsi être basculé d'un côté à l'autre de la chenillette. Le conducteur peut l'avancer en montée ou le reculer en descente afin de placer le centre de gravité à l'endroit de la plus grande stabilité. Ce mât reçoit une rogneuse, une releveuse ou une prétailleuse pourvue, selon la hauteur de travail désirée, de une à trois barres de coupe alternative. Avec ce dernier équipement, Avidor montre qu'il n'entend pas se laisser distancer par la concurrence.Chappot (1906 Charrat), qui avait présenté dès le Sitévi une version allégée de la prétailleuse Pellenc, est désormais rejoint. Lui aussi produit des chenillettes, les Multijyp, qu'il équipe d'une gamme très complète d'outils. Lombardini lui ayant fourni des moteurs plus puissants pour un encombrement identique, il les a adoptés. Ses engins passent ainsi de 15 à 18 ch, de 24 à 28 ch et de 33 à 38 ch sans modifications de leurs cotes extérieures. Ils porteront d'autant plus facilement les deux nouveaux instruments qui leur sont destinés. Le premier est un chargeur de bacs de vendange, soulevant 500 kg jusqu'à 1,40 m du sol. Le second est un épandeur à fumier d'une capacité de 400 l.A quelques pas de là, Fischer (1809 Fenil-Vevey) exposait les derniers-nés de ses pulvérisateurs à jet porté (aéroconvection), destinés à être embarqués sur des chenillettes. Au moment de traiter les grappes, on dépose le couvercle de la cuve. A sa place, on visse un petit cylindre surmonté d'un doseur Dosatron. Nous voilà donc avec deux cuves, l'une insérée dans l'autre. Le doseur aspire dans le cylindre une préparation très concentrée d'antipourriture ou d'insecticide, et l'injecte uniquement dans les buses orientées vers les grappes. La pompe principale, quant à elle, puise dans la grande cuve la bouillie de protection du feuillage et l'envoie dans toutes les buses. Fischer propose là une solution élégante à un problème auquel les constructeurs français n'ont pas encore répondu.Cibox (1971 Grimisuat) s'est attaqué à un autre problème, celui du coût et de l'encombrement des barriques. Il l'a résolu de manière radicale en les remplaçant par des caisses d'élevage. Elles ne coûtent que 650 CHF (soit 2 645 FF) dans un pays où les fûts se vendent autour de 1 000 CHF/pièce (4 100 FF). De plus, elles s'empilent à six sur une palette standard sans l'aide d'aucun support. Selon l'exposant, quelques maisons prestigieuses lui ont déjà fait confiance. Cependant, en raison de l'esthétique particulière de ses contenants, on peut supposer que beaucoup de domaines leur préféreront, pendant longtemps encore, les traditionnelles barriques.Pour simplifier leur manipulation, ils pourront s'adresser à Hartmann (5213 Villnachern). Ce fabricant a conçu des supports dotés de roulettes sur lesquels reposent les fûts. On peut ainsi les faire pivoter et les placer bonde de côté ou bonde dessous. Dans cette dernière position, on les lave, puis on les égoutte en place. Pour cela, Hartmann fournit une canne et une sorte de petite maie, qui se glisse dans les supports et recueille toutes les eaux usées. Il exposait également une cuve pigeante et un robinet de dégustation taillé dans un corps creux et ventilé, une formule qui garantit un écoulement total du vin. Avec ce robinet, un échantillon ne peut plus être pollué par les dépôts accumulés à la suite des précédents prélèvements. La conception du pigeur est tout aussi intéressante. Elle repose sur un axe vertical qui prend place au centre de la cuve. L'axe supporte une vis sans fin de faible diamètre et une spirale beaucoup plus large qui vient lécher les bords de la cuve. En tournant, les deux hélices enfoncent le chapeau de marc dans le vin. Comme tous les pigeurs, celui-ci doit améliorer l'extraction des composés phénoliques.A l'avenir, on pourra le vérifier avec l'OEnocolor, un instrument d'analyse que préparent l'école d'agronomie de Changins et l'école polytechnique de Genève. Leur but est de fournir un appareil économique capable de mesurer, par colorimétrie ou par néphélométrie, une multitude de paramètres dont la couleur, la turbidité et les teneurs en éthanal, en acide tartrique, en glycérol et en fer. Selon elles, cet instrument pourrait être commercialisé autour de 500 CHF (environ 2 000 FF) en version de base. Elles recherchent un industriel intéressé par leur projet.Autre domaine dans lequel les Suisses se distinguent, c'est celui de l'informatique. Agroplus (3600 Thoune) et Iaka Soft (1800 Vevey) présentaient des logiciels très aboutis de gestion parcellaire. Ces deux sociétés fournissent et réactualisent régulièrement un catalogue des produits phytosanitaires et des engrais disponibles sur le marché local. L'utilisateur ne saisit plus aucune donnée relative à ses intrants. Agroplus a ainsi réduit au minimum le recours au clavier et soutient que son logiciel s'utilise presque uniquement à la souris. Pour enregistrer un traitement, il suffit de cliquer dans la parcelle concernée, puis dans l'icône qui figure un pulvérisateur. On accède alors à la liste des produits. On choisit ceux que l'on va appliquer. L'ordinateur calcule les doses de produits à préparer. Il s'agit là encore d'idées dont les constructeurs français pourraient s'inspirer.