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Un salarié pour plusieurs employeurs

La vigne - n°107 - février 2000 - page 0

On peut avoir besoin de main-d'oeuvre sans pouvoir offrir un contrat à durée indéterminée à temps complet. Partager un salarié à plusieurs peut être une solution.

A chaque type de besoin correspond une formule optimale d'emploi. Pour Frédéric Leupe, délégué général de la Fnasavpa (1), 'avant d'embaucher, il faut définir précisément les tâches que l'on va confier à l'employé et le temps de travail nécessaire'. Pour un coup de main ponctuel (relevage, vendanges en vert...), on peut recourir à une entreprise de travail temporaire, qui enverra ses salariés en mission, ou à une association intermédiaire, laquelle mettra à disposition des demandeurs d'emploi en voie d'insertion. On peut aussi faire appel à l'entraide ou adhérer à un cercle d'échanges.Pour des besoins périodiques définissables dans le temps (accroissements temporaires d'activité, travaux saisonniers...), il existe les contrats à durée déterminée (CDD) à temps complet ou partiel. Cette formule a une limite: elle ne permet pas de fidéliser le salarié. 'On prend du temps pour lui faire connaître l'exploitation, le former et l'année d'après, on repart à zéro car, entre-temps, ce personnel devenu qualifié a trouvé un emploi plus stable', explique un vigneron. Pour éviter ce désagrément, le mieux est de trouver des complémentarités avec d'autres exploitations et de créer un groupement d'employeurs (GE).La formule est simple à mettre en place. Il s'agit de créer une association de type loi 1901, dont le but sera de mettre à la disposition de ses membres des salariés employés par le groupement. Il faut élaborer des statuts et dresser la liste des adhérents. Le reste des formalités est d'informer le chef du service départemental de l'inspection du travail et les éventuelles institutions représentatives du personnel existant dans les entreprises.Cette solution est également la mieux adaptée pour des exploitations qui ont un besoin de salariés pour une période indéterminée (CDI) mais seulement à temps partiel. Chantal Goislot, vigneronne en cave particulière explique: 'On avait un jeune qui travaillait bien mais on n'avait pas de quoi lui proposer un temps complet. On sentait bien que sans CDI, on n'allait pas le garder longtemps. Une exploitation viticole voisine avait également besoin d'un mi-temps. Au début, on avait envisagé deux contrats à temps partiel, mais seul le premier employeur contractant pouvait bénéficier des aides à l'emploi. La meilleure solution a consisté à créer un GE entre nos deux domaines. Cela fait trois ans qu'il fonctionne. C'est moi qui m'occupe de la gestion salariale. En fin de mois, je comptabilise les heures effectuées dans chacune des exploitations et j'applique le barème horaire. La facture est envoyée par télécopieur à l'adhérent, qui vire au GE la somme correspondant à sa quote-part d'utilisation du salarié. Une fois le tout centralisé, je rédige le bulletin de salaire et verse le montant correspondant.'Toute personne physique ou morale entrant dans le champ d'application d'une convention collective, dès lors qu'elle n'occupe pas plus de 300 salariés, peut faire partie d'un GE. 'Nous en avons créé un entre une Cuma, un Gaec à vocation polyculture-élevage et deux vignerons', explique Jean-Yves Templier, exploitant dans la région du muscadet. Les activités des quatre adhérents sont très complémentaires. De septembre à la sortie de l'hiver, ce sont surtout les deux domaines viticoles qui ont besoin de main-d'oeuvre pour les vendanges, les premiers travaux en caves et la taille. Fin mars, celle-ci est terminée. Le 'coup de bourre' commence à la Cuma avec la mise en bouteilles. Le salarié du GE vient donner main-forte aux permanents de la coopérative. La période creuse de l'été permet la prise de congés.La recherche de complémentarité dans les rythmes d'activités agricoles a débouché sur la création de formations spécifiques viticulture-pépinière (rosiers, fruitiers, arbustes) et viticulture-maraîchage. Proposées par la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique depuis trois ans, ces formations ont bénéficié à une cinquantaine de candidats.Comme toute formule collective, le GE nécessite une bonne organisation. Il faut être rigoureux lorsque l'on définit le temps de travail nécessaire auprès de chacun des membres, quitte à permettre une certaine souplesse dans la pratique en fonction des impondérables. A ces conditions, tout le monde y trouve son compte, les salariés du groupement comme les exploitants adhérents.(1) Fédération nationale des associations de salariés de l'agriculture pour la vulgarisation du progrès agricole.

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