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Les premiers pleurs

La vigne - n°108 - mars 2000 - page 0

Pleurons, pleurons tous ensemble.

Les vignerons n'ont pas pris de retard. La météo de février n'a pas entravé le déroulement de la taille. Dans plusieurs régions, on estimait fin février que 75 à 85% de la surface était déjà taillée. Certains conseillers viticoles déplorent cette situation, comme Philippe Lambert, dans les vignobles du Centre. 'Le problème numéro un, chez nous, c'est l'eutypiose. Pour les gens qui veulent tailler tôt, on insiste sur l'intérêt du badigeonnage des plaies de taille, mais cela ne suit pas.' Un autre moyen d'éviter les contaminations consiste à tailler en sève montante, les pleurs empêchant les spores de pénétrer dans le bois. Mais début mars, Philippe Lambert estimait que les trois quarts du vignoble étaient déjà taillés. 'Les vignerons ne perçoivent pas encore l'enjeu de la lutte. Pourtant, les études menées par la Protection des végétaux, sur dix parcelles du vignoble de Pouilly en 1999, ont comptabilisé 8% des ceps extériorisant des symptômes d'eutypiose. Cela signifie qu'il y a deux à trois fois plus de ceps contaminés!'Le temps doux de février n'a pas seulement favorisé l'avancée de la taille. 'Il a fait trop beau, lançait un conseiller de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques. On taillait torse nu!' Dans cette région, certains bourgeons avaient déjà bougé fin février. Ailleurs, la vigne avait versé quelques larmes: c'était le cas dans les coteaux du Lyonnais, le Narbonnais, la vallée du Rhône, le Gaillacois, et même les secteurs les plus précoces du Muscadet, où certains bourgeons avaient commencé à gonfler. Puis, le retour du froid, fin février-début mars, a stoppé cet élan.Même si les professionnels prévoient un débourrement précoce, l'avance semble moins marquée que l'an dernier. Gilbert Sanchez, à la chambre d'agriculture d'Aubenas (Ardèche), observe les mimosas. 'L'an dernier, ils étaient en fleurs mi-février. Cette année, ils commençaient à peine à fleurir le 1er mars.' 'On a environ une semaine de retard par rapport à l'an dernier', considérait Bernard Vergnettes, dans le Narbonnais.Les désherbages démarrent. Cependant, dans le Sud-Est, avec la sécheresse, ils deviennent problématiques. 'Depuis trois mois, il n'a pratiquement pas plu, racontait Didier Richy, de la chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône début mars. Les gens ne savent pas s'ils doivent positionner le désherbant et attendre qu'il pleuve dessus, ou attendre qu'il pleuve pour le positionner.' Les vignerons du Vaucluse étaient confrontés aux mêmes problèmes.Au nord, la situation était tout autre. 'Les sols sont trop frais', indiquait-on au Comité interprofessionnel des vins de Champagne. Comme l'an dernier, cette situation complique la stratégie des vignerons souhaitant utiliser Pledge. Toutes interventions mécanisées, que ce soit pour appliquer les herbicides, broyer les sarments ou épandre les amendements, étaient gênées.Dans les zones inondées en novembre, les travaux vont bon train, 'et tous les vignerons ont repris espoir, indique Philippe Vergnes, président de l'association des agriculteurs sinistrés dans l'Aude. Après le 11 mars, commencera une phase de travaux plus lourds, avec l'intervention de bulldozers ou de pelles mécaniques pour amener de la terre là où elle est partie, ou l'enlever là où elle s'est accumulée.'

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