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Le froid arrive enfin

La vigne - n°119 - mars 2001 - page 0

L'arrivée de températures hivernales fin février calme les ardeurs de la vigne et rassure les vignerons. Le débourrement sera moins précoce qu'ils ne le craignaient il y a un mois.

L'hiver exceptionnellement doux a fait craindre à tous un débourrement trop précoce. Les températures négatives enregistrées la nuit en février ont rassuré tout le monde. Ce répit était bienvenu dans les Pyrénées-Atlantiques où, en raison de la douceur, la vigne n'avait cessé de pleurer durant l'hiver. ' Ces pleurs auront limité la pénétration des spores de champignons incriminés dans les maladies du bois ', indique Pierre Blanchard, à la chambre d'agriculture. Louis-Pierre Pradier, conseiller en Gironde, ne retient pas cet avantage. Dans son département, les pleurs incessants durant l'hiver étaient pour lui plutôt de mauvais augure. Ils laissaient craindre un débourrement trop hâtif. ' Dans certains endroits très précoces, sur du merlot ou du cabernet franc, on voit déjà le coton ! ' s'étonnait-il début mars. Heureusement, fin février, l'arrivée du froid est venue calmer les ardeurs de la vigne.Février a été plus froid, mais également moins pluvieux que les mois précédents. ' Les périodes sans pluie ont été un peu plus longues ', préfère dire Bertrand Daulny, conseiller dans le Sancerrois. Les sols ont enfin pu se ressuyer, permettant aux vignerons de pénétrer dans les parcelles avec un tracteur et de réaliser les travaux jusque-là reportés. ' Ils se sont même parfois précipités un peu vite dans les vignes, sans attendre que les sols soient complètement secs ', indique une conseillère en Dordogne. Mais début mars, la situation ne s'était pas améliorée partout. ' C'est toujours aussi humide et les vignerons ont toujours autant de problèmes pour réaliser leurs épandages ', indiquait Arnaud Descôtes, de l'interprofession champenoise. Marie-Colette Vandelle, du comité technique viticole du Jura, lui faisait écho : ' La climatologie de février n'a pas tellement arrangé la situation. Les sols restent assez peu ressuyés. ' Emmanuel Rouchaud, conseiller dans le Var, espère que cet hiver humide mettra un terme à une série de trois années affichant des déficits hydriques, à l'origine de stress marqués en août.Ne pouvant guère faire autre chose les mois précédents, les vignerons ont pris leur sécateur. Du coup, la taille était quasiment terminée dans de nombreux vignobles début mars. Dans le Haut-Rhin, Jean Schwach estimait qu'elle avait au moins un mois d'avance ' On a du mal à trouver des parcelles à tailler pour nos sessions de formation ', disait-il. ' 85 à 90 % des parcelles sont taillées. Déjà fin janvier, des exploitations avaient terminé la taille ', ajoutait Joël Carsoulle, en Beaujolais. Dans les différents vignobles, souvent seules les parcelles plus sensibles au gel attendaient encore les lames des sécateurs. En retardant la taille, les vignerons espéraient différer le débourrement, et permettre ainsi aux bourgeons d'échapper au gel. ' Mais la taille en période humide a dû favoriser les contaminations d'eutypiose. Si les conditions climatiques du printemps le permettent, on risque de voir beaucoup de symptômes s'exprimer ', redoute François Capitan dans le Loir-et-Cher. Cette maladie du bois progresse dans le Centre. ' Mais il y a une réelle prise de conscience des vignerons, souligne Bertrand Daulny. Certains essaient de ne pas tailler trop tôt, le badigeonnage est assez répandu. Les vignerons veillent à moins mutiler la vigne lors de la taille. Le brûlage des sarments et la destruction du bois mort sont presque rentrés dans les moeurs. Mais il faut être patient. Il faut attendre dix ans après la mise en place de mesures prophylactiques pour voir une régression de la maladie. 'Avec le mois de mars commencent les traitements à base d'arsénite de sodium. Face à la douceur hivernale, Pierre Blanchard avait conseillé de tailler rapidement les parcelles sensibles afin de pouvoir les traiter plus tôt, sans prendre de risques. ' Ces applications sont de plus en plus précoces pour ne pas être gênées par le Mistral. Elles ont démarré depuis un mois ', indiquait début mars Olivier Jacquet, dans le Vaucluse. Mais la portance des sols n'a pas permis partout d'appliquer l'arsénite plus tôt. En Charente, un conseiller rapportait début mars que peu de traitements avaient encore été réalisés ' et la société Calliope déconseille ce produit dans les secteurs grêlés l'an dernier afin d'éviter toute phytotoxicité '. Pour Marie-Colette Vandelle, ces traitements qui n'avaient pas encore pu démarrer dans le Jura, risquaient d'être moins nombreux que d'habitude. Quant à Louis-Pierre Pradier, il annonçait qu'il était déjà trop tard début mars pour intervenir dans certaines parcelles, et qu'il fallait s'assurer que les écailles des bourgeons soient bien fermées avant de sortir son pulvérisateur.

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