Créé en février 1989, le syndicat des crus artisans tenait son assemblée générale en Médoc fin mars. Il regroupe une soixantaine de propriétés exclusivement médocaines, totalisant près de 400 ha.
L'une des caractéristiques de la viticulture d'appellation girondine, et particulièrement en Médoc, est d'être organisée en différentes 'familles': les crus classés et les crus bourgeois sont les plus connus. Mais depuis dix ans, une autre catégorie a vu le jour dans cette hiérarchie, les crus artisans. On devrait plutôt dire 'revu' car ce terme, au même titre que celui de 'cru paysan', était déjà cité dans les ouvrages de référence au siècle dernier, avant de tomber en désuétude.Le syndicat des crus artisans, créé en février 1989, tenait son assemblée générale en Médoc fin mars. Il regroupe une soixantaine de propriétés exclusivement médocaines, totalisant près de 400 ha. 'Mais notre potentiel est plus important, explique René Rabiller, son président, vigneron à Saint-Estèphe. Notre but est de regrouper les domaines autonomes de petites et moyennes tailles, où le chef d'exploitation participe effectivement à la conduite de son vignoble et à la vente de ses vins avec mise au château.' Un côté 'producteur authentique' que n'ont plus tellement d'autres propriétés locales. Ce syndicat regroupe notamment une bonne partie d'ex-coopérateurs volant désormais de leurs propres ailes. 'C'est en mettant sur le bord de la route un panneau indiquant ma propriété et son statut de cru artisan que je me suis constitué une importante clientèle de passage, explique l'un d'eux. Nous sommes dans une région où il n'est pas facile de pénétrer dans les propriétés. Quand je vois l'Alsace où on a envie de s'arrêter partout...'L'envol ou non des crus artisans dépendra aussi du syndicat des crus bourgeois. En effet, traversant une zone de turbulences, ce dernier rouvre le dossier de sa composition. Une remise à plat et une sélection sur concours doivent avoir lieu dans des conditions encore à fixer. 'Il est probable que des crus artisans vont postuler pour passer à l'étage supérieur, explique un responsable. Du coup, que va-t-on devenir?' Le président des crus artisans a ouvert la réflexion: 'Doit-on rester médocains ou s'ouvrir d'abord à d'autres vignobles de notre département (Saint-Emilion, côtes de Bourg...), mais aussi à l'ensemble du pays (Bourgogne, Alsace...)? On doit tous y réfléchir.'