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Les effets secondaires des matières actives non homologuées

La vigne - n°109 - avril 2000 - page 0

Le flufénoxuron, un régulateur de croissance, a un impact sur la cicadelle de la flavescence dorée, mais il ne peut pas être utilisé seul dans la lutte. Il n'a pas d'effet choc sur ce ravageur et n'est donc pas homologué.

L'extension de la flavescence dorée fait courir un danger certain au vignoble, qui justifie la mise en place d'une lutte obligatoire. Dans ce cadre, les produits homologués doivent avoir une efficacité maximum dès leur application. 'Les régulateurs agissent sur la croissance de l'insecte et ont une action décalée, qui se manifeste lors de la mue suivante. Pendant ce temps, l'insecte reste potentiellement contaminant', explique Jean-Michel Trespaillé-Barrau, de la Protection des végétaux de l'Aude.Certains régulateurs peuvent avoir malgré tout des effets secondaires sur la cicadelle de la flavescence dorée. C'est le cas de Cascade, un insecticide à base de flufénoxuron, homologué contre les tordeuses de la grappe, la pyrale et la cicadelle verte. 'Après avoir réalisé des essais aux champs, nous avons demandé à l'Inra de Dijon de tester cette matière active. Leurs travaux, réalisés en 1996 et 1997, ont mis en évidence des effets ovicides et larvicides, qui permettent de réduire de façon importante les populations de cicadelles, dans des conditions expérimentales contrôlées. Mais compte tenu d'un effet choc toujours insuffisant, nous ne pouvons pas disposer pour l'instant d'une homologation', explique Vincent Billon, responsable vigne chez Cyanamid Agro.Sur le terrain, ces effets secondaires ne sont pas toujours évidents à observer. Certains mettent en avant que les populations de cicadelles sont souvent faibles dans les zones où la lutte contre l'eudémis se fait avec du flufénoxuron. En choisissant cette matière active, les vignerons bénéficieraient d'un effet préventif qui pourrait contribuer à freiner l'arrivée de la flavescence.Mais y a t-il un lien réel de cause à effet? Cela reste à prouver, d'autant que d'autres observations tendent à montrer les limites des régulateurs de croissance face à de fortes populations de cicadelles. 'Un foyer important de flavescence s'est déclaré dans notre département chez un vigneron n'utilisant pas du tout d'insecticide. Ses voisins contrôlaient l'eudémis avec des régulateurs de croissance et ont trouvé, malgré tout, des ceps contaminés sur leurs exploitations, dans des proportions non négligeables, souligne Henri Guillemont, de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales. Pour prendre le relais des organo-phosphorés et des pyréthrinoïdes lorsque la maladie est en phase de décrue, nous aimerions disposer de matières actives permettant de contrôler les populations de cicadelles, sans perturber l'équilibre de la faune auxiliaire. Mais pour l'instant, en ce qui concerne Cascade, nous n'avons pas de résultats d'essais pluriannuels réalisés en situation dans les vignes, qui nous permettraient de conclure à une bonne efficacité dans la durée.'Dans les zones où la maladie a reculé, il reste des ceps isolés porteurs du phytoplasme. 'Même si les populations de cicadelles ont diminué, il faut maintenir la pression. Il suffirait de deux ou trois ans avec des produits qui manquent d'efficacité pour que la maladie explose à nouveau. Pour l'instant, notre priorité est de mettre en place une stratégie collective pour réaliser l'arrachage systématique de ces ceps', ajoute-t-il.Pour rester efficace, la lutte obligatoire ne peut s'appuyer que sur un message unique, même si les situations dans le vignoble sont très diverses. 'Dans les zones où la maladie a reculé et où les cicadelles ont été fortement réduites, les vignerons souhaitent lever le pied. Avec d'autres organismes, nous avons commencé à réfléchir aux possibilités de faire évoluer les programmes, mais dans tous les cas, l'allégement de la lutte ne pourra se faire qu'avec un zonage précis, une prophylaxie sérieuse et un encadrement rigoureux, pour éviter toute déstabilisation de la lutte', souligne Jean-Michel Trespaillé-Barrau.Les régulateurs de croissance classés neutres ou faiblement toxiques par rapport aux typhlodromes pourraient alors trouver une place. En attendant, il est possible de bénéficier de leurs effets secondaires en les utilisant contre les tordeuses. Cela ne dispense en rien de traiter contre la cicadelle, dans le cadre de la lutte obligatoire.'Lorsque les programmes de traitements sont trop compliqués à mettre en oeuvre, les dates sont parfois mal respectées, cela se traduit par une perte d'efficacité. Pour simplifier le travail du vigneron sans lui faire prendre de risques, nous proposons un programme associant Cascade et Magéos, un pyréthrinoïde homologué contre la cicadelle jaune. La date d'application des régulateurs de croissance, pour la deuxième génération de tordeuses, colle avec la date d'application du premier traitement contre la cicadelle jaune, ce qui permet de les associer. Avec les neuro-toxiques, il y a dix jours de décalage. Cela amène parfois les vignerons à retarder le traitement contre la cicadelle, et donc à mal contrôler les premiers stades larvaires', explique Claude Alary, responsable insecticides à Audecoop.Cette coopérative travaille sur l'Aude et sur l'Hérault. Elle conseille cette association depuis quatre ans, avec de bons résultats, y compris l'an dernier où la pression des tordeuses a été très forte. 'Ce n'est pas le programme le moins cher, mais il garantit une qualité de récolte tout en préservant le capital vigne, et il évite souvent d'avoir recours à des acaricides. Nous avons constaté dans de nombreuses parcelles que la pression des acariens diminuait, et qu'il y avait encore des auxiliaires présents.'

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