Il est pratiquement acquis que la possibilité d'opérer des transferts de droits de plantation va disparaître.
C'est dans le Jura que la confédération nationale des AOC a tenu son conseil d'administration en région. Les 25 et 26 avril, 80 représentants de toutes les appellations du pays ont fait le point sur leurs préoccupations. En tête viennent les règlements d'application de l'OCM (organisation commune de marché). Alors que ce texte est paru dans une quasi-euphorie l'été dernier - la filière ayant obtenu satisfaction sur ses priorités -, la négociation de ses règlements d'application a refroidi l'ambiance. Le retard s'est accumulé et il est sûr que la totalité des nouvelles modalités ne sera pas connue comme prévu au 1er août.Le premier règlement, sur le potentiel viticole, est le seul à avoir été avalisé à Bruxelles. On attend sa parution. L'inquiétude porte sur les 17 000 ha de la réserve communautaire: ils devaient être répartis en fonction des performances de chaque vignoble; maintenant, ils le seraient selon la surface de chaque Etat. Une large subsidiarité étant prévue dans ce domaine, un projet de décret portant sur la gestion des droits de plantation en France est déjà soumis au Conseil d'Etat. Il ne devrait pas sortir avant plusieurs mois, ce qui fera de 2000-2001 une campagne de transition. Deux choses semblent sûres: il y a aura une réserve nationale (quid des régionales?) et les transferts vont disparaître.Le deuxième règlement, sur les mesures d'intervention sur le marché, préoccupe davantage le secteur des vins de table et de pays. On ne sait pas quel type de distillation, et à quel prix, sera retenu. Troisième volet, les pratiques oenologiques. Alors que le statu quo sur l'enrichissement était acquis, certains voudraient revenir dessus. Toutefois, on note deux motifs de satisfaction avec l'intégration dans le projet de règlement de l'enrichissement fractionné et de la déclaration préalable unique.Le quatrième règlement est peut-être le plus inquiétant. Il concerne la désignation et la présentation des produits. Vu la conjoncture sur la sécurité alimentaire, la pression en faveur de la mention des ingrédients et des allergènes sur les étiquettes devient forte. D'autre part, sur les mentions libres (par exemple, 'sans engrais'), rien n'est acquis. Enfin, sur les mentions facultatives, les avis divergent, d'autant que les vins de pays souhaitent utiliser des mentions jusque-là interdites pour eux, telles que 'château', 'élevé en fût', 'vendanges tardives' ou 'vin de paille'.La négociation du dernier règlement, sur les appellations, promet d'être vive sur deux nouveautés: l'aspect systématique de l'examen analytique et organoleptique, et l'obligation de procéder à un second examen de ce type avant la mise à la consommation des vins.Lors de cette réunion jurassienne, trois autres dossiers ont été débattus: la mise en place de la réforme des contributions indirectes, les projets gouvernementaux de retraite complémentaire obligatoire et le socle national de la viticulture raisonnée (voir page 22). Sur ce point, de nombreuses voix se sont élevées pour demander de 'ne pas aller trop vite'. 'Les vignerons auront du mal à être motivés, surtout si cela ne rapporte pas davantage.' Pour une fois que l'avancement d'un dossier est jugé trop rapide, il fallait le souligner.