L'usage de l'arsénite de sodium restera-t-il possible après 2003?

Dans le cadre de l'harmonisation des réglementations nationales, l'Union européenne procède à une révision progressive des homologations de tous les produits phytosanitaires. L'arsénite de sodium est homologué en France pour lutter contre l'esca et l'excoriose. De par son profil toxicologique, elle ne pourra pas se conformer aux nouveaux critères en vigueur. Ce vieux produit ne se dégrade pas dans le sol, est toxique pour l'homme, dangereux pour le gibier, les abeilles et l'environnement. Comme 'La Vigne' l'expliquait dans son dernier numéro (109, pages 46 et 47), le seul moyen de conserver son usage consisterait à obtenir de l'Union européenne une dérogation pour utilisation mineure. Si aucun pays ne le défend, ce produit risque de ne plus être utilisable après 2003. La France doit-elle laisser interdire cette matière active, déjà prohibée dans d'autres pays européens, ou au contraire demander un maintien de son usage? Dans la société actuelle, où l'on parle beaucoup d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement, un tel produit a-t-il encore sa place? Certes, la toxicité de l'arsénite de sodium est connue depuis longtemps. D'ailleurs, des mesures ont déjà été prises pour préserver la santé des applicateurs en les incitant à mieux se protéger (gants, combinaison, masque), et pour limiter l'impact sur le milieu naturel en communiquant notamment sur l'intérêt des panneaux récupérateurs. Ces mesures pourraient encore être renforcées pour réduire les risques. Mais à plus long terme, l'important pour les professionnels reste de mobiliser des moyens pour trouver des méthodes de lutte alternatives. Pour préserver leurs vignes, les vignerons préféreraient utiliser autre chose qu'un dérivé de l'arsenic, perçu comme le symbole du poison par le grand public. 'Que dire à un automobiliste qui s'arrête au bord d'une vigne et qui vous demande ce que vous appliquez dans votre parcelle? Répondre: arsénite de sodium, ce n'est pas forcément une bonne publicité', témoigne un vigneron.