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Les journées portes ouvertes foisonnent avec succès

La vigne - n°111 - juin 2000 - page 0

De nombreux vignerons organisent un rendez-vous annuel avec leurs clients. Dégustation de millésimes, exposition de tableaux ou randonnée en VTT dans les vignes augmentent l'attrait de ces journées très appréciées.

S'inscrivant dans le retour aux produits du terroir prôné depuis quel- ques années, les journées portes ouvertes organisées par les vignerons connaissent un beau succès. La crise du début des années 90 n'est pas étrangère à cet essor, le besoin de maintenir le contact avec ses clients et, si possible, en séduire d'autres s'étant fait plus pressant. L'initiative de ces journées revient souvent aux vignerons, mais il arrive que des syndicats ou des associations en soient à l'origine.Parmi les démarches collectives, le département de la Drôme fait figure de pionnier avec la mise en place, il y a huit ans, de l'opération ' De fermes en fermes '. Actuellement, l'association compte 110 fermes, dont un bon nombre de caves. Une dizaine de circuits différents, comprenant chacun plusieurs étapes dans des fermes ou des caveaux, sont proposés aux visiteurs. Cette année, 200 000 visites ont été comptabilisées. ' Ce week-end se veut avant tout une opération relationnelle et promotionnelle, explique Brigitte Rocheville, vigneronne à Nyons et présidente du Civam (Centre d'information et de vulgarisation pour l'agriculture et le milieu rural) de la Drôme. Plus on communique, plus on gagne de clients. Cette année, environ 1 500 visiteurs sont venus chez nous les 29 et 30 avril. Cette opération permet aussi aux agriculteurs de se connaître entre eux. Quand un client me demande si je connais un bon producteur de fruits, je sais qui lui recommander. La réciproque est vraie, ce qui crée une dynamique commerciale. ' Cette année, l'opération ' De fermes en fermes ' est étendue à l'ensemble des départements français et dans le nord de l'Italie. Ces initiatives, regroupant les vignerons et les autres producteurs agricoles, sont assez rares. Généralement, les journées collectives ont pour thème unique le vin. Dans le Bordelais par exemple, la plupart des syndicats d'appellation organisent un week-end portes ouvertes. ' A Saint-Emilion, cette initiative existe depuis bientôt vingt ans, précise Sophie Gaillard, responsable des relations publiques du syndicat de Saint-Emilion. Quarante châteaux ouvrent leurs portes pendant un ou deux jours : pour certains, cette journée représente une opportunité de vendre des bouteilles ; pour d'autres, elle se limite à une source de contact et de découverte. ' Si dans le Bordelais, les journées portes ouvertes sont incontournables, cette tradition n'était pas encore de mise dans le Cognaçais. Depuis 1996, l'association ' Le cognac en fête ' s'est créée pour mieux faire connaître le cognac, en manque de notoriété en France. ' L'idée d'ouvrir nos portes nous est venue très simplement, explique Pascal Millasseau, vigneron à Hiersac (Charentes) et président de l'association. Chaque mois de décembre, les vignerons de mon village voyaient les voisins s'approcher des distilleries, intrigués par le process de la distillation. En 1996, cinq vignerons bouilleurs de crus du village ont donc ouvert leurs portes un week-end, puis le cercle s'est élargit. L'an dernier, près de 400 vignerons ont participé à l'opération, avec environ 25 000 visiteurs. ' ' Nous allons apporter quelques changements à l'édition 2000, poursuit Pascal Millasseau. L'opération 'Le cognac en fête' s'échelonnera sur tous le mois de décembre, avec une ouverture à tour de rôle des distilleries. Des randonnées en VTT ou des veillées seront proposées aux visiteurs. Notre principal objectif est de faire connaître le produit aux habitants de la région. En effet, les deux tiers des vignerons de l'association ne vendent pas en direct. Pendant l'opération, ces derniers proposent des bouteilles de l'interprofession ou des négociants avec lesquels il travaille. ' La sortie des vins primeurs se prête bien, elle aussi, à l'organisation de fêtes. Dans le Gard, 33 caves regroupées au sein de l'association Rive droite, ouvrent leurs portes le troisième dimanche de novembre pour faire déguster les primeurs et les autres vins. Les initiatives collectives n'empêchent pas l'organisation de journées privées. Le domaine Clavel, à Saint-Gervais (Gard), participe à l'association Rive droite tout en proposant un week-end portes ouvertes aux vacanciers de l'été. La troisième édition des journées ' Arts et vins ' se tiendra les 22 et 23 juillet 2000 avec, au programme, des dégustations, une exposition de tableaux, de sculptures sur pierre ou de ferronnerie. En 1999, ce week-end avait attiré 250 visiteurs et engendré de belles ventes. A Chigny-lès-Roses (Mar- ne), Jacky Dumangin organise un week-end gourmand début avril. Il invite six vignerons d'autres régions et envoie environ 3 000 invitations. Les visiteurs peuvent ainsi déguster ses différentes cuvées et découvrir d'autres vins. Deux métiers de la bouche et un artisan vannier sont aussi conviés. Cette année, Jacky Dumangin a accueilli plus de 400 personnes. Le bilan commercial du week-end est plutôt flatteur : 1 500 bouteilles de champagne ont été vendues et 2 000 bouteilles des six autres vins présentés. ' Ces journées permettent aux clients de goûter d'autres vins que ceux qu'ils prennent habituellement, estime Vincent Perraud, vigneron à Clisson (Loire-Atlantique). Beaucoup ont été surpris par les muscadets millésimés. ' Pour l'édition de décembre 2000, Vincent et Stéphane Perraud prévoient de faire des tableaux et des feuilles expliquant l'élaboration du muscadet. D'autres vignerons invitent leurs meilleurs clients à un grand repas ' accords mets-vins ', organisent un spectacle, proposent d'aller dans les vignes pour une initiation à la taille ou à l'ébourgeonnage... La créativité et la convivialité sont de mise. ' Avec la semaine du goût, la fête de la vigne et du vin, et le développement des journées portes ouvertes, la culture oenologique des Français va s'améliorer, espère un vigneron du Beaujolais. C'est un travail de long terme, mais qui d'autre que nous peut l'assumer ? '

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