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DOSSIER - ŒNOTOURISME : Les régions vont de l'avant

ROUSSILLON Un réseau accueille les amoureux du terroir

Frédérique Ehrhard - La vigne - n°227 - janvier 2011 - page 44

L'interprofession des vins du Roussillon et la chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales ont créé la Fédération du tourisme de terroir. Viticulteurs, agriculteurs, artisans et hôteliers travaillent ensemble. Les touristes se sentent accueillis.

« A Maury, la fête des vins s'essoufflait. Tout se passait dans le village et personne n'allait dans les vignes. En 2010, nous nous sommes associés avec un chef pour créer les Amorioles, une ballade gourmande de 5 km dans les vignes, avec six étapes de dégustation de mets et vins. Dès la première édition, 280 personnes se sont inscrites ! », raconte Bernard Rouby, président de l'ODG Maury, dans les Pyrénées-Orientales.

Les participants ont passé un bon moment qui restera associé aux vins de Maury. Une journée portes ouvertes dans les caveaux n'aurait pas eu le même impact. « Si nous voulons attirer plus de monde dans nos vignobles, nous devons élargir notre offre en nouant des relations avec les autres professionnels », affirme Bernard Rouby.

Cet esprit réseau, c'est ce que cherche à développer la Fédération du tourisme de terroir dont Bernard Rouby est membre. Elle a été créée en 2003 par le conseil interprofessionnel des vins du Roussillon et la chambre d'agriculture, rejoints par le comité départemental du tourisme et le conseil général. « Nous travaillons avec des réseaux déjà labellisés comme Bienvenue à la ferme, les Gîtes de France ou les chefs des Toques blanches », précise Michel Molins, de la chambre d'agriculture.

Edition d'un guide des terroirs

Chaque année, la fédération édite un guide des terroirs, diffusé à 50 000 exemplaires. Il présente des vignerons, des producteurs fermiers, mais aussi des hébergeurs, des restaurateurs, des artisans des sites naturels ou culturels. « En diversifiant les centres d'intérêt, nous intéressons une clientèle plus large qui peut se construire un séjour à la carte », explique-t-il.

De petits groupes reprennent cette démarche sur leur territoire. Ainsi, dans les Aspres, région naturelle au centre des Pyrénées-Orientales, une vingtaine d'entreprises a constitué un classeur avec une fiche pour présenter chacune d'entre elles. Ce document permet aux uns de renseigner leurs visiteurs sur les possibilités offertes chez les autres. Les touristes se sentent accueillis dans un réseau et apprécient.

Une signature collective

Le site internet de la Fédération du tourisme de terroir reprend tous ces contacts et relaye aussi l'information sur les initiatives des producteurs. « Nous leur donnons une visibilité plus grande, en les regroupant sous une signature collective que les touristes peuvent repérer », souligne Michel Molins.

Pour amener les gens à se connaître et à travailler ensemble, la fédération organise depuis 2005 des apéritifs de terroir. Les vacanciers sont invités à venir déguster des vins et des produits fermiers sur la place centrale des villages qui participent à l'opération. « Nous travaillons avec les offices du tourisme. Mais tous ne se mobilisent pas de la même façon », constate-t-il.

Pour développer les partenariats, il faudrait mener un travail d'animation ce qui nécessiterait plus de moyens humains. « Il y a encore des offices du tourisme qui ne savent pas orienter les gens lorsqu'ils leur demandent s'il y a des domaines viticoles à visiter sur leur commune ! », relève un vigneron.

Les agriculteurs aussi ont tendance à rester chacun dans leur filière. Mais sur ce plan, les choses évoluent. « Aujourd'hui , quand les vignerons organisent une grillade, ils pensent à acheter de l'agneau catalan au lieu d'aller chercher des côtelettes chez un grossiste sans se soucier de leur origine, ajoute Michel Molins. Et les éleveurs, dans leurs balades en estive, proposent des vins produits par les vignerons de leur terroir.»

4 500

4 500 verres de dégustation ont été vendus lors des cinquante apéritifs de terroir organisés par la Fédération du tourisme de terroir entre juin et septembre 2010. Cela représente près de 10 000 touristes, chaque verre étant le plus souvent utilisé par deux ou trois personnes.

Marie-Pascale Rendu, château de l'Esparrou à Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) 52 ha en vins de pays et AOC Côtes-du-Roussillon, Rivesaltes et Muscat de Rivesaltes « J'invite les visiteurs à sortir du caveau »

Marie Pascal Rendu organise des dégustations dans les vignes, ici à la borne n°3 du sentier de découverte. © DANIELCASTELLO.COM

Marie Pascal Rendu organise des dégustations dans les vignes, ici à la borne n°3 du sentier de découverte. © DANIELCASTELLO.COM

Son objectif

Les vignes de Marie-Pascale Rendu sont au bord de l'étang de Canet, une étendue d'eau de 800 ha qui longe la mer, classée en zone Natura 2000. L'endroit offre une vue magnifique sur le mont Canigou. « Il y a près de 250 espèces d'oiseaux à observer. J'avais envie d'inviter les visiteurs à sortir du caveau pour découvrir la beauté de ce site. Et je souhaitais aussi élargir ma clientèle en attirant des amateurs de paysage et de nature. »

Son offre

« J'ai créé, dès 1998, un sentier de découverte balisé de 2 km. Les visiteurs le parcourent seuls avec un balladeur MP3 que je mets à leur disposition et qui leur donne des informations à chacune des huit bornes d'arrêt. La réalisation du commentaire audio en trois langues m'a coûté 2 000 €. Pour la numérisation en MP3 et l'achat de 50 casques balladeurs, il a fallu rajouter 1 800 €. Les passionnés de nature peuvent bénéficier d'une visite guidée avec un ornithologue. J'organise aussi pour des groupes des dégustations au milieu des vignes. Beaucoup de gens viennent en famille. Pour les enfants, j'ai prévu deux jeux quizz à remplir pendant la balade. Pour que le déjeuner, j'ai aménagé deux aires de pique-nique à l'ombre des arbres et je propose, sur réservation, des paniers de produits locaux venant des adhérents de Bienvenue à la ferme. »

Son organisation

« Je me charge de l'accueil et des dégustations et j'embauche une personne l'été pour m'aider. Les visiteurs payent 4 € par adulte pour l'accès au sentier de découverte et 90 € par groupe pour la visite avec l'ornithologue. Pour faire connaître ces offres, je distribue des flyers dans les offices de tourisme. J'ai aussi un site internet. Mais cela ne suffit pas. Nous ne pouvons pas réussir dans notre coin, nous avons besoin de relais de communication. C'est pour cela que j'ai rejoint l'association Tourisme de terroir et le réseau Bienvenue à la ferme. »

Son bilan

« En 2009, plus de 9 000 visiteurs sont venus au caveau et ont dépensé en moyenne 42 €, un chiffre qui est en progression. Ce sentier attire des personnes qui ne seraient peut-être pas venues seulement pour les vins. Mais la plupart en achètent à la fin de la visite du sentier de découverte. Elles repartent avec de bons souvenirs de l'accueil, du lieu et des moments qu'elles ont vécus. Cela contribue à l'identification du domaine et au développement de sa notoriété. »

L'essentiel de l'offre

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