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Roussillon, redémarrage avec une nouvelle interprofession

La vigne - n°117 - janvier 2001 - page 0

Le CIVR (Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon) a été reconnu le 18 décembre 2000 par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche, et par celui de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. Cela marque donc la fin du GIP (Groupement interprofessionnel de promotion) pour les vins secs, et celle du CIVDN (Conseil interprofessionnel des vins doux naturels). A partir du 1 er janvier 2001, l'interprofession réunit donc les acteurs des appellations côtes de Roussillon, côtes du Roussillon villages, muscat de Rivesaltes, Rivesaltes, Collioure et Banyuls. Seule appellation absente, mais peut-être pas pour longtemps : Maury. Une place lui a été réservée.Les marchés des AOC du Roussillon suivent plusieurs schémas. Rivesaltes poursuit sa dégringolade des prix. Le cours moyen de la campagne 1999-2000 est seulement à 874 F/hl, contre 1 034 F/hl (soit - 15 %) pour la campagne précédente. Depuis le début de l'an 2000, elle est accompagnée par une augmentation sensible des volumes commercialisés. Le Grand Roussillon est dans le même cas : baisse de 15 % pour arriver à 765 F/hl en 1999-2000. Maury amorce le début d'une baisse de ses cours. Banyuls et Muscat de Rivesaltes sont les appellations qui pâtissent le moins, car leurs cours restent assez stables, respectivement 1 600 F/hl et 1 474 F/hl. La crise du rivesaltes a incité la redéfinition des structures interprofessionnelles du Roussillon. Cette opération s'est effectuée grâce au travail des précédents responsables des interprofessions en voie de fusion. Malheureusement, certains négociants ressentent ce remaniement comme un ' simple changement de nom, sans aucun changement d'homme, ni de politique '. Selon eux, pour bien fonctionner, cette interprofession nécessiterait autant de représentants nouveaux du négoce que ceux antérieurement présents. Ces personnes pourraient ainsi créer un nouvel équilibre, cesser d'anciennes pratiques qui n'ont pas porté leurs fruits et amener des idées innovantes de relance. C'est peut-être pour ces mêmes raisons que l'appellation Maury ne s'est toujours pas décidée à y adhérer. Outre ces batailles d'ordre politique, la jeune interprofession marque un redémarrage. Une fois recalé sur des bases saines et lancé dans un programme ambitieux, le CIVR vise la reconstruction. ' L'année 2000 marque le début de la construction car, auparavant, il s'agissait plutôt du colmatage des brèches. L'interprofession doit passer par le stade de la réflexion pour ensuite s'engager dans une voie appropriée pour un développement maîtrisé, explique Louis Malet, président de la fédération des caves coopératives des Pyrénées-Orientales. L'interprofession ne fera pas de miracles, toute la filière doit se prendre en main. ' Mais le département, si marqué par la production des vins doux naturels, voit les mentalités évoluer. On commence à envisager une orientation vers des vins secs. Les vignerons perçoivent cette possibilité et la tâche sera donc facilitée pour le CIVR. ' La situation est plus favorable concernant les mentalités, mais la situation économique est toujours critique ', conclut Louis Malet. A partir du 1 er janvier 2001, le CIVR pourra mettre en place son plan d'action pour l'ensemble des appellations d'origine du Roussillon, mais aussi pour chacune séparément. De plus, une coopération avec le CIVL (Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc) pourra être engagée. Maury a pâti du repli systématique vers les appellations Rivesaltes et Grand Roussillon. En effet, les vins revendiqués en Maury étaient souvent vendus sous ces deux appellations depuis trente ans. La politique du repli des vins de Maury commence à être boudée. On revient à un équilibre entre le volume de la production et celui de la commercialisation, sous le nom Maury. Mais plutôt que de surcharger l'appellation Maury, une production de vins secs serait envisageable. L'aire d'appellation Maury est très propice au grenache et au carignan. Certaines caves particulières produisent des vins rouges secs équilibrés et structurés, qui se vendent bien. ' Il est impensable que nous ne soyons pas capables de produire des vins rouges de très grande qualité ', proclame Bernard Rouby, président du syndicat des vignerons de Maury. Malheureusement, ces vins ne peuvent qu'être revendiqués en vins de pays actuellement. De plus, pour demander l'appellation côtes de Roussillon, l'assemblage doit contenir au minimum 30 % de syrah. ' Nos terroirs sont particulièrement propices au grenache noir, poursuit Bernard Rouby. Le Mas Amiel - une propriété locale - propose déjà des vins issus à 100 % de grenache. Or, la syrah ne ferait que standardiser nos vins. Il nous faudrait une autre voie pour accéder à l'appellation. Pourquoi pas un décret permettant de produire des vins secs portant un autre nom que Maury ? 'La floraison des grenaches s'est produite dans de bonnes conditions climatiques, et leur rendement est donc assez important. La récolte de Maury n'avait jamais été aussi forte depuis quinze ans, avec un rendement moyen à 25 hl/ha. Les cépages rouges ont une belle couleur et des tannins de qualité. De nombreuses cuvées pourront être conservées et vieilliront bien. Les muscats ont eu une maturité précoce et une importante richesse en sucres. Avec des vins de qualité et une interprofession plus réactive, les vins du Roussillon devraient mieux commencer ce nouveau millénaire.

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