ImprimerDe nouvelles régions investissent dans des générateurs pour lutter contre la grêle ; d'autres densifient leur réseau. Mais l'efficacité du système n'a pas été clairement prouvée.
La seule méthode de prévention de la grêle utilisée à grande échelle en France a été mise au point par l'Anelfa (1). Dans ce cadre, et bien que son efficacité n'ait pas été prouvée de façon indiscutable, le réseau de générateurs au sol continue à s'étendre pour répondre à la demande des agriculteurs. Pour mesurer scientifiquement l'efficacité de la méthode, les données des assurances, qui indiquent une diminution des dégâts de 40 % sur l'ensemble des zones protégées, ne suffisent pas. L'Anelfa a mis en place un réseau de grêlimètres pour analyser les corrélations entre l'intensité de la chute de grêle et celle de l'ensemencement en particules d'iodure d'argent. Les données obtenues sont encourageantes, mais pour obtenir des résultats incontestables, il faudrait comparer statistiquement les dégâts entre des orages traités et non traités, en tirant au sort ceux qui sont traités. Pour l'instant, cela n'a pas été fait.
' Je n'ai pas envie de rester les bras croisés à regarder tomber la grêle. J'ai tiré des fusées pendant des années, et lorsque l'association Prévigrêle s'est créée, j'ai pris un générateur sur mon exploitation et m'en occupe bénévolement. L'efficacité n'est pas garantie, mais tout ce qui peut contribuer à diminuer les dégâts est bon à pren- dre ', estime Gilbert Lézaud, vigneron dans le Vaucluse.
Créée en 1997 par des agriculteurs, cette association gère un réseau qui s'étend sur le Vaucluse, une partie du Gard et des Bouches-du-Rhône. ' Les générateurs appartiennent à l'Anelfa. Elle les met à notre disposition moyennant une cotisation annuelle. En contrepartie, elle prend en charge l'investissement, les études d'implantation et les recherches pour améliorer la méthode ', explique Isabelle Casamayou, de Prévigrêle.
Mis en place à titre expérimental pour trois ans, ce réseau est suivi par un comité de pilotage associant la chambre d'agriculture du Vaucluse, les collectivités locales et Groupama. La plupart des communes sollicitées ont accepté de participer au financement, de même que le conseil général.
Dans le sud-est, le réseau se prolonge dans la Drôme et dans l'Ardèche. Plus au nord, le Cher, déjà équipé depuis dix ans, a été rejoint en 1999 par le Loir-et-Cher. Dans le sud-ouest, les Charentes, la Gironde, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, la Haute-Garonne, l'Ariège et le Tarn sont équipés depuis longtemps, et augmentent régulièrement le nombre de générateurs. L'Aude et les Pyrénées-Orientales ont quitté l'Anelfa mais continuent à utiliser ce système.
' Pour traiter les orages qui viennent du sud-ouest, nous avons équipé le littoral. Et cette année, nous allons mettre quelques générateurs dans le Lot-et-Garonne pour mieux protéger l'est du département ' explique Alain Leveau, un vigneron qui préside l'Adelfa de Gironde. Le budget de 1,2 million de francs, était financé jusqu'à présent par le conseil général. ' Pour répartir la charge, nous allons solliciter les communes et les organisations viticoles. '
' En 1993, nous avons perdu 25 % de la récolte au niveau de la cave ! Il y a deux ans, nous avons participé au financement des travaux de l'ACMG (2) (voir encadré). Pour aller plus loin, tout le monde doit se mobiliser ', affirme-t-on à la coopérative des vignerons de Buzet (Lot-et-Garonne).
Sur le terrain, il y a des convaincus et des prudents, qui estiment qu'avant d'investir pour développer une méthode, il faut la valider. Faut-il pour autant arrêter toute recherche et laisser les agriculteurs se débrouiller seuls ? Chaque année, la grêle provoque, en moyenne, près de 2 milliards de francs de dégâts aux cultures, d'après Freddy Vinet, de l'université de Montpellier. Et le réchauffement progressif du climat devrait s'accompagner d'une augmentation de la fréquence des orages de grêle.
(1) Association nationale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques. (2) Association climatologique de la moyenne Garonne.