Francis Massé, vigneron girondin, est passé de 39 à 35 heures et de huit à neuf salariés il y a un an.
'En 1999, l'exploitation arrivait à un moment charnière : j'avais la possibilité d'agrandir la surface du vignoble de 8 ha et de passer à 48 ha. J'avais donc besoin d'un mi-temps supplémentaire ', explique Francis Massé. Huit salariés travaillaient alors sur l'exploitation : deux prix-faiteurs (tâcherons) pour des petites façons, un chef de culture, quatre salariés dans les vignes et un apprenti. Du travail était - et est toujours - donné à façon à un Centre d'aide par le travail (CAT). ' Deux critères m'ont poussé à anticiper les 35 h. Cela me coûtait moins cher d'embaucher quelqu'un directement à 35 h avec les aides plutôt qu'à 39 h pour passer d'ici à deux ans à 35 h. Par ailleurs, nous avions déjà mis en place un système de modulation des horaires et les salariés étaient demandeurs d'une organisation leur permettant de se dégager du temps. ' Après trois mois de réflexion avec l'aide un cabinet de consultant de Bordeaux (Ambre), les 35 h sont entrées en vigueur le 26 juin 1999 par la signature d'une convention avec l'Etat. Plusieurs réunions ont été organisées avec le personnel pour expliquer la loi et mettre en place les nouveaux horaires. Désormais, chacun effectue 1 600 h par an, soit 35 h par semaine en moyenne. La rémunération est lissée sur cette base : les salariés touchent la même paie (équivalent à 35 h) tous les mois. En revanche, leurs horaires varient.Le chef de culture a un statut de cadre et bénéficie de 22 jours de récupération au titre de la RTT. Les deux prix-faiteurs sont exclus de la RTT. L'apprenti passe à une moyenne de 35 h sur ses semaines de présence dans l'entreprise. Les quatre salariés dans les vignes et le nouvel embauché, qui travaille au chai, ont chacun un tableau horaire établi en fonction de leur poste et en tenant compte de leurs souhaits. Pour certains, beaucoup d'heures sont faites pendant la taille et l'ensemble des travaux en vert. Ils bénéficient en échange de plusieurs semaines de récupération qui, ajoutées aux quatre semaines de congés payés prises en été, leur permettent de partir de huit à douze semaines. Un atout pour des salariés d'origine étrangère qui souhaitent rentrer dans leur pays. Pour les autres salariés, le travail est plus réparti sur l'année, avec des semaines de 10,5 à 45 h. Dans ce cas, deux semaines de récupération viennent s'ajouter aux cinq semaines de congés payés. Elles ont été prévues en période de chasse ! Chacun a un carnet sur lequel il indique les heures effectuées. Francis Massé pointe à chaque fin de semaine pour voir si le nombre d'heures effectuées correspond au volume horaire prévu. Si dans une période à 32 h, un salarié a effectué 35 h, il a un crédit de 3 h. Si, au contraire, il a fait 28 h, il doit 4 h à son employeur. Ce système contraignant permet de suivre au plus près le compte d'heures pour arriver en fin d'année à 1 600 h effectuées. La rémunération des salariés passés aux 35 h est maintenue grâce à la prime différentielle et les salaires mensuels sont bloqués pendant trois ans. Le nouvel embauché effectue 35 h payées 35, mais son salaire n'est pas bloqué.