Pour la première fois, Météo-France publie des indicateurs sur la fiabilité de ses bulletins. Les statistiques sont rassurantes, mais ' l'erreur de prévision ' est toujours possible.
Par nature, le secteur agricole est tributaire du temps. Avant de traiter ou de vendanger, pour lutter contre le gel ou la grêle, les vignerons consultent leur bulletin météo. C'est un outil essentiel d'aide à la décision. Reste à savoir quelle confiance lui accorder. Tout dépend du type de prévisions. Selon les indicateurs de fiabilité, publiés pour la première fois par Météo-France, globalement, les prévisions s'améliorent. Celles à 3 jours effectuées en 1999 sont aussi bonnes que celles à 24 heures, en 1983. Qu'on se rassure : les progrès ne vont pas s'arrêter là (voir encadré page suivante).Pour évaluer la fiabilité des prévisions concernant la situation générale, Météo-France a analysé, pour les échéances de 1 à 3 jours, la chronologie des événements météorologiques (exemple : annonce du passage de perturbations, coup de vent, températures...) à 12 heures près et leur localisation à l'échelle d'un huitième du pays. Le résultat obtenu est de 96 % de bonnes prévisions de J + 1, 87 % à J + 2 et 66 % à J + 3. ' Vu les techniques météorologiques actuelles, la fiabilité des bulletins dépend de l'échelle et de l'échéance des prévisions. Concrètement, plus la localisation des phénomènes annoncés est précise ou l'échéance éloignée, plus le risque d'erreur est grand ', explique un météorologiste. Des indicateurs mesurant la performance des prévisions à une échelle plus réduite sont expérimentés par les centres départementaux de Météo-France (CDM). A titre de réflexion, celui de l'Oise, premier CDM certifié Iso 9 002 ayant développé un indicateur de fiabilité, annonce 81 % de bonnes prévisions à 24 heures. A terme, on espère la communication des performances des autres CDM, voire de leurs bulletins Atmoservice dont les prévisions sont d'une plus grande finesse géographique (5 à 10 zones d'analyse spécifique par département). ' La prévision d'occurrence de grêle est l'une des plus difficiles à faire. Les grêlons prennent naissance dans les cumulonimbus, ces nuages à fort développement vertical surnommés 'les enfants terribles de l'atmosphère' car ils sont particulièrement instables. Ces formations sont à l'origine d'autres catastrophes (foudre, mini-tornades...), explique Martine Camblan, de Météo-France pour la Marne. Toutes les situations orageuses sont potentiellement grêlifères. En fonction des images radars, on peut annoncer un risque mais il est impossible de prévoir la localisation précise du phénomène grêle. ' Plus fiable, la prévision de pluie à 24 heures : 89 % des annonces de Météo-France ont été effectivement suivies d'une précipitation. Les scores sur les températures minimales et maximales sont plus faibles : 75 % de bonnes prévisions (1) à 24 heures pour les minimales contre 76 % pour les maximales. Certains CDM affichent de meilleurs résultats. En Champagne, Météo-France a mis au point un système de lutte contre les gelées de printemps. ' A partir d'analyses statistiques sur plusieurs années, nous avons élaboré un modèle de prévision qui établit un lien entre une température prévue à Reims et celle du bourgeon en quatre points du vignoble ', explique Martine Camblan. Le système a été expérimenté en 1989. Il n'y a eu ni observation, ni prévision de gel à Bouzy et à Mailly pour les cinquante nuits de la campagne considérées comme ' à risque '. La température est descendue au-dessous de - 2,5°C une fois à Avize et quatre fois à Chambrecy. Le phénomène a toujours été correctement prévu. Météo-France n'a déclenché qu'une seule fausse alerte. Le système opérationnel depuis 1990 est régulièrement amélioré. ' Il devrait être possible de l'extrapoler dès l'an prochain et de faire des prévisions de température sur les trente-sept stations météo réparties dans le vignoble ', explique François Langellier, du Comité interprofessionnel du vin de Champagne. Cet outil d'aide à la décision a pu voir le jour grâce à la collaboration entre Météo-France et les professionnels vitivinicoles. ' Il faut développer ce dialogue, estime Martine Camblan. Cela signifie aussi expliquer comment sont élaborées les prévisions. Un usager informé est plus à même d'analyser un bulletin et d'avoir le recul nécessaire pour prendre la bonne décision. ' La publication d'indicateurs de fiabilité des prévisions est très utilisée à l'étranger par les professionnels de la météo. Chez nous, cette transparence est nouvelle. Météo Consult par exemple, présent sur le marché de la prévision météo depuis une douzaine d'années, ne pense pas pour le moment développer ce type de communication. (1) Météo-France considère que la prévision de température est juste lorsque l'écart entre la température observée et celle prévue est inférieure à 2°C.