Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2000

Un vigneron invente une cuve-pressoir

La vigne - n°111 - juin 2000 - page 0

En insérant deux grilles dans une cuve, Alain Sciard presse avant l'opération de démarcage.

Sans l'Inao, Alain Sciard n'aurait peut-être jamais réalisé sa cuve-pressoir. En 1996, l'Institut le contraint de vinifier dans des lieux distincts la récolte des deux châteaux appartenant à sa femme : Faurie de Souchard et Cadet Peychez, situés à Saint-Emilion (Gironde). Cela l'oblige à équiper la seconde de ces propriétés, de 2 ha. ' Il fallait réaliser l'investissement le moins coûteux possible ', explique Alain Sciard.
C'est alors que lui vient l'idée de presser dans la cuve de vinification. Avant l'encuvage, il pose au fond de ses garde-vin en Inox, une grille de même diamètre qu'eux. Une fois l'encuvage terminé, il dépose une seconde grille sur les raisins. Par la suite, ces grilles agiront comme les deux plateaux d'un pressoir. En cours de fermentation, les cuves sont fermées par un chapeau.
Avant d'entamer le pressurage, Alain Sciard retire le couvercle et pose une bâche en plastique alimentaire souple sur le marc. Puis il met sa pompe à piston en route. Elle déverse, sur la bâche étanche, le vin soutiré au travers de la grille basse. Ce volume, en augmentant, exerce une pression grandissante. Dans le même temps, la pompe produit une dépression. Le pressurage s'opère sous ces deux actions conjuguées. ' Il faut organiser des microfuites de façon que la pompe soit toujours lubrifiée ', ajoute Alain Sciard. Cela revient à pomper à très faible débit du vin dans la partie haute de la cuve.
Le pressurage dure trois à quatre heures, s'accompagne de grincements et couinements dus aux tensions qui s'exercent sur l'Inox et la poche. Pour obtenir un rebêchage, notre vigneron refoule de temps en temps du vin dans le marc. Il a conçu un automate qui gère cette opération. Son système n'assèche pas aussi bien que les pressoirs classiques. ' Le manque à extraire est inférieur à 2 %. ' Il estime que ce n'est pas un handicap car les vins libérés par un pressurage supplémentaire sont ' imbuvables '. En contrepartie, son invention offre des avantages d'ordre hygiénique et de protection contre l'oxydation. Avant la fin du pressurage, personne ne pénètre dans les cuves et le marc n'entre pas en contact avec l'air.
Après trois campagnes de mise au point, la commercialisation devrait démarrer. Alain Sciard négocie avec des fabricants pour leur confier, dès cet été, l'exploitation du brevet qu'il a déposé. La société retenue vendra une cuve pourvue de ceintures de refroidissement en partie basse. Elles serviront de renfort pour éviter toute déformation lors du pompage. Cette société vendra également les grilles et la poche souple. Alain Sciard estime que pour une cuve de 2,20 m de diamètre, le surcoût ne devrait pas dépasser 20 000 F HT.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :