Les pluies, qui n'ont pas forcément été abondantes, ont surtout maintenu un degré d'humidité important. Les raisins ont dû être scrupuleusement triés, entre ceux atteints de pourriture grise à faire tomber et ceux atteints de pourriture noble à conserver.
Il est primordial de trier le bon pourri du mauvais au sein des grappes. En Alsace, ces précautions auront limité l'apparition d'acidité volatile dans les vins de vendanges tardives. Un passage préalable avant les tries a permis de ne conserver que les belles grappes en préparation de la prochaine trie. Cela nécessite du personnel bien avisé. A Sauternes (Gironde), un oenologue indique que les vignerons recherchent au maximum une qualité exceptionnelle au détriment de la quantité, et ont donc éliminé beaucoup de raisins.Dans les coteaux du Layon (Maine-et-Loire), on s'inquiète de voir que malgré un stade pourri plein, les degrés ne montent pas très haut : seulement 15 à 16° potentiels pour la première trie et 12°5 à 13° pour la seconde. Les précipitations ont empêché les raisins de sécher pendant les trois dernières semaines du mois d'octobre. A Monbazillac (Dordogne), le soleil ne s'étant présenté pratiquement que les week-ends, les vignerons ont connu des problèmes dans l'organisation des vendanges : il leur a été plus difficile de trouver du personnel disponible. Dans les régions de Gaillac et de Bergerac, en voyant les pluies tomber, les vignerons pensaient que leur récolte n'allait plus rien donner. Finalement, les raisins des premières tries étaient magnifiques, grâce à une période ensoleillée accompagnée d'un vent sec qui a contribué à leur flétrissement. En Alsace, le beau temps a persisté, ce qui a permis de récolter uniquement en fonction du degré et de la maturité, sans être précipité par l'annonce de passages pluvieux. L'eau détériore les baies, qui se mettent à moisir. C'est ce qui s'est produit à Sauternes : ' Des grappes sur le point d'être ramassées ont dû être jetées ', nous confie une oenologue. A Gaillac, certains moûts étaient difficiles à presser. Le pressurage pouvait durer entre six et douze heures pour extraire le jus. En effet, il était très gras et colmatant. Généralement, les moûts étaient faciles à déguster, sans arôme de moisi ou de champignon, et riches en notes fruitées. En ce qui concerne les secondes tries et les suivantes, les conditions météorologiques du début du mois de novembre laissent certains vignerons de Bergerac et de Bordeaux perplexes devant leurs parcelles de liquoreux : il leur manque le vent nécessaire pour sécher les raisins après les averses. Dans le Sud-Ouest, un professionnel ajoute : ' Les vignerons se disent qu'ils auraient mieux fait de vendanger en sec. ' Les fins de vendanges restent donc incertaines. ' Il faut aimer jouer pour faire du liquoreux ', conclut une oenologue de la région de Sauternes.