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Une maison pour le madiran et le pacherenc

La vigne - n°115 - novembre 2000 - page 0

Après avoir réuni les fonds pour restaurer et aménager un bâtiment classé ' monument historique ', et une fois installés, les vignerons de Madiran (Hautes-Pyrénées) doivent oeuvrer à faire vivre leur nouvelle maison des vins.

Les vignerons de Madiran voulaient une maison des vins ayant deux fonctions. La première est d'ordre utilitaire pour les deux structures de l'appellation, le syndicat et la Commission interprofessionnelle des vins de Madiran (CIVM). C'est un lieu où les vignerons des AOC Madiran et Pacherenc-du-Vic-Bilh peuvent se rassembler lors des commissions et des dégustations d'agrément. Sa seconde vocation : être une vitrine de l'appellation. Les aires de Madiran et Pacherenc-du-Vic-Bilh sont superposées. En rouge, les 75 000 hl de madiran sont issus d'environ 1 400 ha. En blanc, on compte 8 000 hl de pacherenc sec et doux, issus d'environ 200 ha.Depuis 1975, le syndicat souhaitait créer une maison des vins. Elle devait se situer dans la commune qui a donné son nom à l'appellation principale de la région : Madiran. En premier lieu, le syndicat d'appellation s'installa dans une maison moderne, ' peu valorisante et ne véhiculant pas l'image de l'appellation ', d'après Maurice Lacoste, président du syndicat de Madiran. Il fallait que le syndicat d'appellation épargne pour acquérir une maison au coeur de la vieille ville. Le Prieuré est le centre historique de Madiran, lieu où vivaient les moines bénédictins qui ont les premiers cultivé la vigne au XI e siècle. C'est un bâtiment classé ' monument historique '. Il a été mis en vente en 1987, mais les vignerons n'avaient pas les moyens pour l'acquérir. En 1995, le Prieuré est à nouveau à vendre et les vignerons y trouvent une occasion inespérée. Financièrement, c'était peu inté- ressant d'acheter au nom du syndicat. Une participation des collectivités locales était nécessaire. Il a fallu créer un Syndicat intercommunal à vocation unique (Sivu), regroupant trente-cinq communes viticoles, pour acquérir et réaménager le Prieuré sans emprunt. La part de chaque commune a été modulée au prorata de sa surface viticole, pour un total de 800 000 F. La recherche de subventions a été laborieuse. En effet, les appellations Madiran et Pacherenc-du-Vic-Bihl sont réparties entre trois départements et deux régions. ' Les dossiers de demandes devaient être effectués en cinq exemplaires ! s'exclame Francis Dutour, vigneron et maire de Madiran. C'est à la fois un atout et un inconvénient. ' ' Il faut beaucoup de rigueur et de ténacité pour préparer les dossiers, constate Régine Tournier, ancienne directrice du CIVM. Il manque toujours une pièce ! ' Deux ans furent nécessaires au syndicat pour trouver les subventions auprès des départements, des régions, de l'Etat et de l'Europe. L'aide a finalement atteint 70 %. Le reste du financement a été couvert par les loyers du restaurant et du syndicat, qui résident dans le Prieuré. L'achat s'élève à 1,2 million de francs et le réaménagement à 3,5 millions de francs. ' Une fois finie, la maison des vins doit vivre. Cela nécessite des moyens que les professionnels n'appréhendent pas forcément au lancement du projet ', dit Régine Tournier. Depuis sa mise en route, de nouvelles questions se sont effectivement posées. La salle d'accueil est une vitrine des deux AOC : présentation des vins, fiches d'information sur les domaines viticoles, carte du vignoble et dégustation des vins. Une rotation des bouteilles dégustées a été mise en place, avec différents niveaux de la gamme des madirans et des pacherencs doux. Il n'est pas possible de proposer tous les vins aux visiteurs. Une bouteille provenant de la coopération est toujours présentée, car celle-ci produit 50 % des volumes de l'appellation. Il y a eu deux types de touristes d'après Laurent Fargeton, directeur du CIVM. 20 % sont des connaisseurs : ils viennent dans la région pour aller voir le vigneron chez lequel ils veulent acheter du vin. ' Ceux qui connaissent un peu l'AOC Madiran ont le réflexe de se rendre au village portant le nom du vin ', suppose Francis Dutour. Les autres 80 % seraient plutôt des vacanciers se promenant dans les terres lorsqu'il fait moins beau. Pour ces derniers, le vin est une activité touristique comme une autre. La maison permettra de les attirer vers le vin. Les touristes n'aiment pas toujours aller chez les vignerons car ils se sentent obligés d'acheter. Après deux mois d'ouverture et presque 2 000 visiteurs, une chose est claire : 80 % des visiteurs auraient voulu acheter du vin sur place. La maison sert aussi implicitement d'office du tourisme de Madiran. ' Bientôt, il faudra peut-être penser à élargir le spectre d'activité de la maison des vins vers le tourisme ', ajoute Laurent Fargeton. Pour certains vignerons, la salle d'accueil est un lieu de passage et de découverte pour les touristes. Ces derniers devraient donc aller plus loin dans leur découverte et se déplacer chez les vignerons dont ils ont apprécié le vin. Mais d'après d'autres producteurs, le fait qu'il n'y ait pas de vin en vente est une erreur commerciale. Les touristes n'ont pas toujours le temps, ni la volonté de se rendre ensuite sur les propriétés. D'ailleurs, ils vont souvent chez le caviste de Madiran. Cela baisse à la fois la rentabilité des caveaux et de la maison des vins. La possibilité de vendre à la maison des vins est une question d'actualité qui n'a pas encore été tranchée. D'autre part, pour pouvoir vendre sur place, une vinothèque est nécessaire pour conserver un nombre suffisant de bouteilles et dans de bonnes conditions. L'aménagement d'une cave souterraine devra être envisagée. La mise en place de la maison des vins a fédéré à la fois les communes et les vignerons. ' Même si elle correspondait à la volonté de l'ensemble des vignerons, quelques-uns se sont particulièrement investis dans ce projet et y ont consacré de nombreuses heures de travail ', remarque Régine Tournier. ' C'était une nécessité. Nous y sommes parvenus ', souligne Francis Dutour. Il ajoute : ' Il a fallu une véritable mobilisation pour réunir les financements. Maintenant, nous souhaitons que la maison des vins, installée dans le Prieuré, participe à la promotion et à la notoriété de notre région. '

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