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Le Sud-Ouest joue la carte de la qualité

La vigne - n°150 - janvier 2004 - page 0

Révision des aires géographiques et de l'encépagement, délimitation parcellaire, renforcement des conditions de production et des agréments : les vignobles du Sud-Ouest s'ancrent dans l'AOC et leur terroir. Tous travaillent à élaborer une meilleure réponse aux attentes des consommateurs.


Le Syndicat d'Irouléguy commence la cartographie de ses terroirs : elle mettra en relation le sous-sol avec les données pédologiques, affinant la connaissance du potentiel de production. ' C'est un lourd investissement ' , indique Michel Bergouignan, président du syndicat et de la cave coopérative. L'étude doit être terminée fin 2004.

Les vins de Madiran veulent davantage répondre aux besoins de leurs acheteurs, en assouplissant le goût des génériques. ' Le tannat est souvent réservé aux cuvées haut de gamme, et les cépages secondaires ne rentrent que dans les génériques, ce qui les rend un peu plus séchants ', expose Cécile Neihouser, directrice du Syndicat des vins de Madiran et Pacherenc. La commission oenologie du syndicat planchera donc sur les assemblages. Dans un premier temps, les dégustateurs analyseront les qualités de base des vins, puis les assemblages les plus intéressants. ' Nous allons travailler sur les cépages secondaires de l'appellation, à savoir le cabernet franc, le cabernet-sauvignon et le pinenc (fer servadou) mais aussi, pourquoi pas, sur d'autres cépages autochtones, comme l'ekigaïna, un métis Inra de tannat et de cabernet-sauvignon, qui n'a pas été exploité dans le décret. '

L'AOVDQS Tursan vient de voir ses propositions de délimitation parcellaire et de conditions de production validées par la commission d'enquête de l'Inao. 4 800 ha ont été retenus, et les 500 ha actuellement plantés s'y intègrent en quasi-totalité. Cette année, une commission d'enquête sera nommée pour le passage en AOC. Le syndicat, présidé par Jacques Lafenêtre, travaille sur l'optimisation de la maturité, en s'intéressant notamment à l'évolution des polyphénols. Parallèlement, il organise depuis un an des formations à la dégustation, qui permettront aux viticulteurs de vérifier qu'il existe une identité des vins de Tursan, nécessaire pour l'AOC. Les producteurs sont également engagés dans un travail de segmentation, car ' pour une meilleure reconnaissance, nous devons capitaliser sur le haut de gamme ', insiste Jacques Lafenêtre. L'accent sera encore porté dans les années à venir sur la ' viticulture citoyenne ', telle que la qualifie le président, sachant que 80 % du vignoble est depuis peu certifié Agriconfiance. Enfin, l'année 2004 pourrait voir la concrétisation d'une ébauche de ' route des vins et des vignes ' qui proposerait des circuits mettant en avant les vins au coeur des autres attraits touristiques de la région.

Cette année verra la parution et la mise en application du nouveau décret, acté par le Comité national de l'Inao de septembre 2003. A cette occasion, l'AOC change de nom. Elle ne s'appellera plus Côtes du Frontonnais, mais Fronton. Surtout, le texte instaurera l'agrément caduc : les rosés de l'année N perdront leur agrément, s'ils ne sont pas conditionnés au 31 décembre de l'année N+1 ; pour les rouges, la date butoir sera le 31 juillet de l'année N+2. Parallèlement, le syndicat espère finaliser en 2004 l'étude sur la réalisation d'une Maison des vins, destinée à des visiteurs professionnels ou non.

Gaillac va engager une vaste réflexion de filière, ' pour jeter les bases de notre évolution dans les cinq prochaines années ', indique le directeur du syndicat. Une réunion était programmée, début janvier, pour étudier les différents axes de réflexion. Parmi les orientations envisagées, les professionnels doivent réfléchir à un éventuel agrément des sites de vinification. Ils examineront également la hiérarchisation des vins, notamment des rouges. La recherche sur les cépages autochtones sera poursuivie. Un cépage ancien peu diffusé, le prunelard, sera expérimenté.

Cette année, l'essentiel des actions menées par le syndicat sera conditionné par le passage en AOC, puisque l'AOVDQS attend la réponse du Comité national de l'Inao. Les Côtes du Brulhois vont aussi travailler sur le plan de la communication. ' L'objectif est de nous réapproprier le marché local ', commente Joël Carcenac, président du syndicat.

Lavilledieu travaille depuis deux ans sur la révision de sa délimitation parcellaire et de son encépagement. Le but est d'augmenter le pourcentage de négrette. ' A l'heure actuelle, il n'y en a que 10 à 15 % , observe Patrice Colombié, président du syndicat. Nous voulons que le taux minimum soit, à l'avenir, de 30 % pour une meilleure typicité. ' Parallèlement, le taux de gamay devrait passer de 25 % à 10 %. Le syndicat a déjà obtenu l'accord de l'Inao et n'attend plus que la signature du décret par les ministres pour commencer. Cette modification de l'encépagement s'étalera sur une dizaine d'années, et devrait augmenter la superficie du vignoble de 30 à 40 ha.

' L'idée de base de notre réflexion est de stabiliser les prix et de faire en sorte que les viticulteurs puissent obtenir un revenu décent ', pose Maurin Bérenger, président du Syndicat. Il faut donc relever la qualité de l'offre et encourager la demande. Le syndicat mettra l'accent sur l'amélioration de la qualité. Plusieurs axes sont envisagés et seront débattus en début d'année : l'agrément serait renforcé, en se rapprochant d'un agrément lot par lot et non d'un échantillon moyen, comme c'est le cas actuellement. Les dégustateurs jugeraient les vins en comparaison avec un échantillon de référence. Par ailleurs, le plafond limite de classement (PLC) pourrait être conditionné à des critères de qualité, comme le degré naturel. Le respect scrupuleux du décret d'AOC sera contrôlé.
Enfin, le syndicat insiste auprès de l'interprofession pour la mise en place d'un véritable suivi en aval de la qualité. Il travaillera aussi dès 2004 à stimuler la demande : ' Nous allons continuer la mise en avant de notre haut de gamme et tâcher de reconquérir la grande distribution. ' Pour cela, il faut des produits pertinents, ce qui implique de bien connaître les besoins du négoce.

Les Côtes de Duras prévoient une révision de leur délimitation parcellaire pour 2004. Le but est d'écarter les zones de forêt, afin d'éviter le déboisement et de conserver le microclimat particulier. De même, le classement des coteaux sera revu. Un autre projet pour 2004 est de créer des animations dans la nouvelle Maison du vin, afin de mieux accueillir les touristes. La présidente du syndicat, Bernadette Dreux, espère également que ' la demande de reconnaissance des moelleurx en liquoreux aboutira cette année. L'appellation se prénommerait Grains nobles Côtes de Duras '. Evidemment, le syndicat prévoit de communiquer autour de cet événement.

L'un des principaux objectifs de l'appellation pour 2004 est de mettre sur pied une stratégie de communication commune au syndicat et à la nouvelle cave coopérative. Le syndicat désire aussi créer deux AOC sous-régionales, du nom de ses deux ex-coopératives : Beaupuy et Cocumont. Le dossier est déjà élaboré et devra être approuvé en assemblée générale, pour être ensuite soumis à l'Inao. Par ailleurs, en collaboration avec la Protection des végétaux, le syndicat réalise un suivi des parcelles pour éviter le dernier traitement contre la flavescence dorée. Pour l'instant, quatre communes ont été étudiées. Enfin, l'appellation souhaite améliorer l'adéquation production-commercialisation, car elle n'arrive pas à écouler 5 000 à 6 000 hl/an.

Pour 2004, le Syndicat du VDQS Entraygues-et-du-Fel souhaite redéfinir ses conditions de production, afin d'entériner de nouvelles pratiques viticoles. Il veut ainsi changer de nom : les vins d'Entraygues-et-du-Fel' deviendraient Entraygues-Le-Fel. Enfin, il veut intégrer les modifications que la Fédération nationale des VDQS est en train d'effectuer au niveau de son propre décret. A plus long terme, le syndicat veut mettre en place des manifestations hors saison touristique, de type fête du vin, pour les locaux.

La tendance de cette AOVDQS est nettement à la replantation et à l'installation de jeunes. A l'heure actuelle, l'appellation compte 15 ha. En 2004, 2 ou 3 ha devraient être plantés, et Jean-Pierre Marc, président du syndicat, estime même que ' d'ici quatre ou cinq ans, l'appellation devrait s'étendre sur 25 ha '. De son côté, la municipalité va construire une Maison des vins, de la vigne et du paysage, pour fin 2004. Son rôle sera d'accueillir les touristes et de permettre à la cave coopérative des Vignerons d'Olt, sa locataire, de s'agrandir pour les futures productions.

Le Syndicat des vignerons de l'AOC Marcillac va établir un ' règlement intérieur de l'agrément ', explique Laurent Marc, son directeur. Ce document récapitulera tout ce que l'on doit faire pour obtenir l'agrément. De plus, le syndicat va mettre en place une commission de contrôle officielle des conditions de production, à la demande de l'Inao. Enfin, il va engager une rediscussion sur l'aire de production.

' Nous avons demandé le droit de planter 4,5 ha en 2004 ', indique Jean-Louis Portalier, président du Syndicat des vignerons de l'AOVDQS Côtes de Millau. Ce sera le principal objectif pour 2004. Le syndicat va aussi continuer son travail sur la délimitation de l'aire. A plus long terme, l'appellation souhaite commercialiser ses vins en dehors du département.

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