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Désherber à vue, à condition d'être disponible

La vigne - n°116 - décembre 2000 - page 0

Deux à trois désherbages aux produits foliaires suffisent à contenir les mauvaises herbes, mais il faut être disponible en juin.

Depuis plusieurs années, les services officiels essaient de promouvoir le désherbage aux seuls produits foliaires. La technique a pris le nom d'ENM (enherbement naturel maîtrisé). En 2001, elle sera préconisée plus que jamais pour éviter le recours aux triazines et au diuron. Elle réduit les risques de polluer les rivières et les nappes car les matières actives employées se dégradent rapidement, mais elle ne les supprime pas. Le glyphosate a été retrouvé dans les eaux de certaines régions, bien qu'en infime quantité.Malgré cet atout, l'ENM connaît peu de succès. Rares sont les distributeurs qui incitent leurs clients vignerons à s'y lancer. Peut-être parce qu'ils n'ont pas grand-chose à y gagner. Plusieurs études comparatives ont montré qu'il revient moins cher en herbicides que le désherbage à base de prélevée. Dans le premier cas, on peut s'en sortir pour 600 à 800 F/ha ; dans le second, il faut compter au minimum 800 à 1 000 F/ha pour des traitements en plein. Les frais d'approvisionnement sont réduits d'au moins un quart, autant de chiffre d'affaires perdu pour un vendeur. Mais une seconde raison retient davantage les distributeurs. Ils redoutent que leurs clients se fassent déborder et qu'ils aient à en subir les conséquences jusqu'à les perdre. ' J'ai des adhérents qui ont fait ça une année, témoigne un Bourguignon. L'année d'après, ils m'ont demandé des programmes de prélevée performants. ' Car il faut intervenir au rythme de la levée et de la croissance des mauvaises herbes. Trop tôt, on prend le risque de multiplier les passages. Trop tard, on perd de l'efficacité. ' C'est à huit jours près ', résume un Champenois. La fenêtre d'intervention est donc étroite. Au débourrement, on s'en accommode. En juin, plus difficilement. Il faut repasser alors que les relevages et la protection fongicide sont prioritaires. Et lorsqu'en été, un troisième passage est nécessaire, se pose à nouveau un problème de disponibilité du fait des congés. Ceux qui veulent se lancer dans l'ENM devront donc estimer le temps nécessaire à un passage et le comparer à leur charge de travail au mois de juin. S'ils sont trop occupés, inutile d'essayer. S'ils sont envahis d'amarante, également. Ses levées sont si étalées qu'elle impose une multiplication des traitements. L'attitude la plus prudente consiste à démarrer sur les parcelles où la pression d'adventices est la moins forte. Là, il faudra ' naviguer à vue '. Les traitements ont lieu lorsque les mauvaises herbes atteignent 10 à 20 cm, de préférence avec une rampe capotée pour que les embruns n'atteignent pas les vignes. Au-delà de 25 cm, les échecs se multiplient. Selon des essais de longue durée menés par divers instituts, dont l'ITV, les programmes reposant uniquement sur le glyphosate ou le sulfosate sont les plus performants. Mais il sont délicats à manier. Ils reposent sur des matières actives systémiques. De ce fait, beaucoup redoutent de les utiliser en été. De plus, leur emploi durant une longue période favorise les adventices les moins sensibles à leur action. On observe des inversions de flore, comme avec les produits de prélevée. L'épilobe, par exemple, redoute peu le glyphosate. Pour éviter ces ennuis, les services officiels recommandent d'alterner les matières actives, plutôt que de les mélanger. Ils ont en effet remarqué que les associations d'aminotriazole et de glyphosate ne sont pas plus performantes que le glyphosate seul. Ils préconisent d'employer de préférence l'aminotriazole au printemps. Son spectre correspond le mieux aux plantes qui se sont développées à ce moment-là. Il tolère aussi mieux que le glyphosate, le sulfosate ou le Basta, des températures fraîches. Ces derniers sont recommandés pour les applications d'été. A l'égard de la vigne, le Basta présente l'avantage de n'être qu'un produit de contact. Il grille uniquement les organes qu'il touche. Les conséquences des erreurs de manipulation s'en trouvent limitées. Le Gramoxone possède les mêmes propriétés, mais à la différence des autres produits, on dispose de peu de références sur son comportement dans le cadre de l'ENM.

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