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Un projet de plaque tournante pour la distribution du vin en Asie

La vigne - n°117 - janvier 2001 - page 0

Après une grave crise, le marché du vin semble repartir en Asie. Plusieurs projets existent pour faire de Hong Kong une plaque tournante de l'importation et de la distribution de vin dans ce continent.

Après l'effondrement dû à la crise et à un engouement spéculatif pour le produit, la consommation de vin semble repartir en Asie. Donald Tsang, le secrétaire aux finances de Hong Kong, grand amateur de vin, a eu l'idée le premier : Hong Kong pourrait en profiter pour devenir un grand centre régional d'importation et de distribution du vin. Le projet comporte trois volets : création de facilités logistiques et de stockage ; augmentation, par des mesures d'incitation, du commerce électronique de vin par internet ; assouplissement du cadre douanier des importations de vin à Hong Kong.' C'est une excellente initiative, clament les professionnels du secteur, mais... ' La première objection tient au financement : ' Le gouvernement a lancé une idée. Il attend que nous la financions ! ' proteste Claes Rydberg, président de la LPIA, l'Association des professionnels de la distribution des vins et spiritueux à Hong Kong. Seconde objection : le stockage. Le gouvernement propose notamment d'utiliser des tunnels creusés pendant la Seconde Guerre mondiale. ' Il y a à peine 1,60 m sous plafond. Il y règne une chaleur de 35°C et un taux d'humidité avoisinant les 80 %. Leur aménagement implique des coûts pharaoniques ', estime Philippe Degrange, directeur de la société d'importation Vins de France. Quant au commerce électronique, c'est sans doute un complément utile, mais la création de nombreux sites en Asie ne doit pas faire oublier que beaucoup disparaissent aussi, tel celui du Français Wine and co. Enfin, les propositions d'assouplissement du cadre douanier restent modestes. Le vin est l'un des rares produits soumis à taxation à Hong Kong. Non seulement la taxe est élevée (60 % ad valorem), ce qui ne favorise pas les vins de qualité, mais elle donne lieu ' à des formalités lourdes, effectuées sans aucune souplesse ', estime Grégoire Bourrut-Lacouture, directeur des achats de Conoisseur Wine and spirits, société spécialisée dans l'importation de grands crus. Le régime d'entrepôt sous douane, en vue de la réexportation, permet d'éviter la taxe, mais entraîne des frais de stockage et de gardiennage élevés, et la taxe, une fois payée, après dédouanement, n'est pas récupérable, même si l'importateur décide de réexporter son vin. Le premier aménagement, entré en vigueur expérimentalement en janvier 2001, consiste à la mise en place d'un système ' d'open bond ', où les contraintes de l'entrepôt sous douane sont substantiellement allégées. Mais pour la plupart des observateurs, le projet hongkongais n'a de sens et d'intérêt que si la taxe baisse et devient récupérable. ' Dans les cinq ans à venir, la Chine va faire passer ses droits de douane de 65 à 10 % sur la valeur CAF dans le cadre de son entrée à l'OMC (organisation mondiale du commerce). Il est donc difficile d'imaginer que les Hongkongais (autonomes sur le plan douanier par rapport à Pékin) ne suivent pas, s'ils tiennent à leur projet ', considère Guillaume Roy, attaché agroalimentaire au PEE (poste d'expansion économique) de Hong Kong. D'ailleurs, certains anticipent déjà sur le désarmement tarifaire chinois pour concurrencer ledit projet : le groupe Dransfield, lui-même à capitaux hongkongais, propose à Shenzhen, la zone économique spéciale chinoise qui jouxte Hong Kong, une vaste installation de stockage et d'exposition, et des facilités de distribution. ' Nous sommes dans une zone franche. Le vin entre hors taxes, sa réexportation sur la Chine se fera avec des droits bientôt allégés, nos coûts en main-d'oeuvre et en stockage sont moindres qu'à Hong Kong... Pourquoi hésiter ? ' plaide Alex Tse, le responsable du projet chez Dransfield. Ces projets apparaissent aussi parce que les opérateurs locaux se rendent compte que le vin n'est pas une marchandise ordinaire. ' Les Hongkongais et les Chinois du sud sont des traders dans l'âme. Pour eux, un container de vin vaut souvent un container de réfrigérateurs, s'ils peuvent en tirer bénéfice ', analyse Frédéric Habran, l'homologue de Guillaume Roy à Canton. Les facilités logistiques sont certes importantes, mais l'essentiel du travail se fait sur le terrain : c'est la commercialisation, l'éducation et la formation au produit, le tissage de liens de confiance avec les clients. ' Il y a peu d'opérateurs locaux qui entreprennent ces efforts ', estime Frédéric Habran. Ce handicap ne pourrait-il pas devenir une opportunité ? ' Le marché chinois du vin va assurément repartir ', pronostique Guillaume Roy. Mais il sera âprement disputé : production locale, vins du Nouveau Monde, vins italiens... ' Il s'agira de vendre davantage, mais aussi de gagner sur ces marchés connexes que sont l'éducation et la formation, tant des consommateurs que des professionnels. ' Les vignerons et autres professionnels français du secteur disposent là d'une carte importante pour imposer leur savoir-faire. Plusieurs organisateurs de salons, notamment français, l'ont déjà compris en proposant sur place des manifestations dans ce sens.

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