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Languedoc, les vins de pays d'Oc dans le doute

La vigne - n°117 - janvier 2001 - page 0

'Nous avons dit trop souvent que le marché était 'foutu'. Ces quelques propos malencontreux ont beaucoup perturbé les ventes. Ne nous cachons pas que des prix trop bas ont existé, mais ce n'est que l'arbre qui a caché la forêt ! ' Voilà le ton sur lequel Jacques Gravegeal, président du syndicat des producteurs de vins de pays (VDP) d'Oc, a provoqué le débat lors de leur assemblée générale, en décembre.Cette réunion a commencé par l'état des lieux de l'Onivins sur les marchés des vins de pays d'Oc. Depuis leur création, ils ont toujours progressé en volume et en valeur, en écartant la campagne 1998-1999 qui fut exceptionnelle grâce à de faibles rendements et à une très belle qualité. La campagne qui vient de se terminer est en retrait à la fois en valeur et en volume. Les prix des VDP d'Oc sont, malgré le fléchissement général de 8 à 10 %, supérieurs à ceux de 1997-1998. Les VDP d'Oc rouges sont passés de 441 F/hl en 1997-1998 à 509 F/hl en 1998-1999, pour retomber à 466 F/hl. C'est le même schéma pour les blancs. Les vins de pays de cépages blancs sont les plus touchés : baisse de 6 % par rapport à 1997-1998 pour le chardonnay (- 20 % depuis 1998-1999). Les cours de ce dernier s'étaient envolés depuis 1995 mais sont quasiment retombés à leur point de départ. Le chardonnay et le viognier sont les deux cépages dont les prix sont inférieurs à ceux de 1997-1998. Les rosés et les génériques rouges sont les moins concernés. Le rapport entre les volumes des contrats d'achats par rapport aux volumes agréés est en diminution pour les rouges (75 % au lieu de 89 % en 1997-1998) et pour les blancs (60 % au lieu de 79 % en 1997-1998). La baisse des importations des Etats-Unis et la fin de l'effet millésime 1998 en seraient les principales causes. Il fut conclu que le réajustement général des prix avait lieu, après la période euphorique et spéculative de la campagne 1998-1999.' La production s'est trop tournée vers le VDP d'Oc, le plus rémunérateur dans le Languedoc. Durant les cinq dernières campagnes, les volumes agréés en vins de pays d'Oc sont passés de 2,1 Mhl en 1995 à 3,6 Mhl en 1999. Ils ne peuvent pas récupérer toute la misère ! ' s'insurge Jacques Gravegeal. Il accuse aussi la dérive des rendements : ils sont produits à des rendements souvent supérieurs à ceux des vins de table. Autre constat inquiétant : la qualité des vins nécessiterait quelques efforts. Le président finit par appeler les producteurs ' à ne pas nous dérober à nos responsabilités. Ce n'est pas en accusant la viticulture du Nouveau Monde que nous avancerons. Nous sommes des acteurs de la mondialisation puisque nous sommes les premiers exportateurs de vins français en volume. ' Des mesures ont été proposées pour remédier aux secousses passées. D'abord, limiter l'offre pour lisser le marché. Cela est envisagé en ne faisant passer l'agrément qu'aux cuves prévendues. Ensuite, une contractualisation entre les producteurs et les metteurs en marché amortiraient les phénomènes de Yo-Yo. La distillation de crise, décidée à la suite des manifestations de décembre, n'est pas ressentie comme une solution contre le ralentissement du marché. ' C'est une intervention à trop court terme qui ne peut rester que provisoire ', indique un vigneron de l'Aude. Lors de l'assemblée générale, un vigneron a regretté que l'interprofession ne communique pas de prix de référence en début de campagne. Les producteurs se sentent paralysés en début de campagne du fait de l'absence de ce prix de base. En plus, la campagne du millésime 2000 démarre difficilement étant donné l'engorgement du marché. ' Les AOC du Languedoc sont sereines mais vigilantes par rapport aux problèmes d'écoulement des vins de pays ', confie un professionnel languedocien. Bernard Devic, directeur du CIVL (Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc) note que ' les deux réacteurs de la viticulture régionale sont les AOC et le VDP d'Oc. Il doit exister une stratégie à développer pour tout le Languedoc. ' C'est pourquoi les interprofessions viticoles du Languedoc se sont réunies en décembre en conclave économique. Un comité stratégique est chargé d'étudier les contraintes, les atouts et les enjeux de la production viticole, pour ensuite mettre en oeuvre les orientations fédératrices nécessaires. Les VDP d'Oc développent aussi leur propre stratégie. Les principales marques (Skalli, Val d'Orbieu-Listel et Jean-Jean) ont proposé au syndicat d'unir leurs efforts pour mieux promouvoir ces vins. Leur image serait mise en avant grâce à la dynamique des marques, qui deviendraient, avec les Grands d'Oc, les locomotives. Il aura fallu investir 200 millions de francs (MF) pour réhabiliter les parcelles de vignes, et 150 MF pour réparer les dégâts dans les caves des trois départements touchés par le sinistre de novembre 1999. Plusieurs cas de figures se sont présentés dans le vignoble des Corbières. Certaines parcelles nécessitaient de grosses restructurations mais étaient encore exploitables. D'autres étaient complètement dévastées et ne pouvaient qu'être définitivement arrachées. Pour les remplacer, le vignoble a été relocalisé dans des garrigues des hautes Corbières, par exemple. Les dernières parcelles, en situation intermédiaire, ont été conservées en partie. Elles ont été cultivées manuellement lorsque les engins agricoles ne pouvaient plus y passer en raison du ravinement.' La réparation des dégâts au vignoble a été réduite à la période de repos végétatif. Les parcelles qui n'ont pas pu être remises en état l'hiver 1999, auront pu l'être cet hiver. Mais celles qui ne l'ont pas encore été seront définitivement abandonnées, explique Jean-Marie Sanchis, président du syndicat des Corbières. Certaines vignes ont été travaillées avec des moyens obsolètes : traitement à dos, nettoyage à la houe... En 2000, c'est la récolte du courage et de la fierté. Nous faisons un pied de nez au sinistre en proposant le tourisme vigneron en Corbières pour partager nos paysages. '

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