'L'objectif de l'étude terroirs que nous venons de lancer est d'identifier les différents terroirs et d'évaluer leur potentiel. Cela donnera aux vignerons les éléments pour raisonner leurs choix de parcelles, de cépages, de porte-greffes, de conduite, et même de vinification selon le style de vin désiré ', résume Paul-André Barriat, président du syndicat de Bergerac. L'étude devrait durer une dizaine d'années. La première phase, prévue sur trois ans, s'intéresse aux sols (texture, composition...) et à l'identification des terroirs. Pendant la deuxième phase, un suivi viticole et oenologique (par microvinification) sera effectué sur les terroirs répertoriés. Cela devrait s'étaler sur trois ou quatre récoltes.Outre l'aspect technique, l'étude terroirs permettra peut-être de redéfinir l'AOC côtes de Bergerac en la reliant à un terroir. En effet, cette appellation devait jouer un rôle de moteur qualitatif par rapport au Bergerac, mais elle ne remplit pas sa mission. ' En réalité, les consommateurs ne savent pas si l'AOC côtes de Bergerac se situe au dessus ou en dessous de l'AOC Bergerac. Du coup, bien des vignerons faisant des cuvées haut de gamme préfèrent les commercialiser en bergerac cuvée prestige ou tradition, plutôt qu'en côtes-de-bergerac ', dit un producteur. L'autre gros dossier syndical de l'année 2000 concerne la création de l'AOC Montravel rouge. Jusqu'à présent, les vignerons pouvaient produire du montravel blanc sec (avec possibilité de replis en bergerac blanc), du côtes-de-montravel et du haut-montravel, tous deux blancs moelleux. Les rouges produits sur cette zone (soit deux tiers des surfaces) étaient quant à eux vendus en bergerac ou côtes-de-bergerac.Depuis plus de dix ans, les vignerons de l'appellation ont oeuvré pour faire naître le montravel rouge. Le 10 novembre dernier, le comité national de l'Inao a donné un avis favorable et le décret devrait être signé d'ici au printemps. Des conditions de densité de plantation (5 000 pieds/ha minimum), d'encépagement (50 % de merlot minimum) et de rendement plus restrictives qu'en bergerac rouge ont été fixées. Le futur décret concerne aussi le montravel blanc. Toutes les vignes destinées à produire ce dernier devront être plantées à plus de 5 000 pieds/ha dans les vingt ans à venir. ' Le décret devant être rétroactif, nous pourrons produire du montravel rouge dès le millésime 2000. Environ 2 000 hl devraient être revendiqués ', estime Jean-François Deffarge, président du syndicat. Reste à faire connaître cette nouvelle appellation et à la valoriser à un prix suffisant compte tenu des coûts de production plus élevés. Les coûts de production sur l'ensemble du Bergeracois ont, par ailleurs, fait l'objet d'une étude. Elle a été présentée en février 2000 aux producteurs. ' Nous souhaitions mettre en place un référentiel afin que les producteurs puissent comparer leurs différents postes de dépenses à la moyenne du vignoble. Cela leur donne aussi des éléments sur les prix de revient et de vente, indique Pierre Henri Cougnaud, directeur de la fédération des vins du Bergeracois. Un mini-audit est prévu pour savoir si les professionnels ont utilisé cette étude et comment. Nous aimerions également que les données soient régulièrement réactualisées pour suivre les évolutions. ' Economiquement parlant, la campagne 1999-2000 a été satisfaisante en volume avec 579 000 hl vendus (+ 1 % par rapport à 1998-1999). Pour le bergerac rouge, les prix ont diminué en fin de campagne. En moyenne, le tonneau de 900 l s'est échangé à 6 860 F (- 7 %). ' La demande de la grande distribution diminue du fait du repositionnement des bordeaux sur les premiers prix ', constate Christian Rabiller, responsable du service économique de l'interprofession. Sur le millésime 2000, peu de transactions ont déjà eu lieu. Comme dans d'autres régions, le négoce et la production se regardent en chien de faïence. Les premiers attendent que les cours baissent ; les seconds estiment que la qualité du millésime justifie un effort sur les prix...