La production bergeracoise souhaite monter en gamme. Elle mise sur le suivi des conditions de production et l'augmentation des densités de plantation. Elle recherche également la clarification de l'offre.
'Nous faisons d'importants efforts pour rationaliser notre viticulture AOC ', explique Paul-André Barriat, président de la Fédération des vins du Bergeracois. Effectivement, dans les projets de la région, tout concourt à améliorer la qualité des vins et à clarifier l'offre. A la mi-novembre, le conseil d'administration de la fédération s'est prononcé pour l'octroi de primes à la restructuration, à partir d'une densité minimale de plantation de 4 000 pieds/ha, au lieu de 3 000 pieds/ha, dès la prochaine campagne. ' Ou bien nous restions à notre niveau, sans grande ambition et le réveil risquait d'être douloureux, d'ici quelques années, ou bien nous construisions une véritable dynamique pour notre viticulture d'aujourd'hui, et surtout de demain ', justifie-t-on à la fédération.
Autre grand chantier de 2004 : la mise en place définitive du contrôle des conditions de production. Pour cela, la fédération a demandé à la chambre d'agriculture de la Dordogne, la mise à disposition d'un technicien. Il sera chargé d'assister les commissions de vignerons qui travailleront commune par commune. Du fait des visites tests réalisées en 2003, la méthode est cadrée. Reste à la mettre en oeuvre. ' Tout le travail technique réalisé en amont doit nous amener à une meilleure maîtrise de notre offre : plus de régularité et d'homogénéité pour les vins de l'appellation régionale (Bergerac), et plus de caractère pour les appellations hiérarchiquement supérieures (Monbazillac, Pécharmant, Montravel, Côtes de Bergerac, Saussignac ) ', prône la fédération.
De leur côté, les différents syndicats ne chôment pas pour parvenir à cet objectif. Celui de l'AOC Bergerac va poursuivre l'étude terroir dont les premiers résultats sont prévus fin 2004. Mais surtout, depuis un an, une commission ' Côtes de Bergerac rouge ' essaye de redéfinir le positionnement qualitatif de cette appellation. Le syndicat souhaite qu'à l'instar des pécharmant et montravel rouges, elle représente le haut de gamme des vins rouges de la région. Son objectif est d'aboutir d'ici cinq à dix ans à la modification du décret et à une délimitation parcellaire spécifique. Par ailleurs, il travaille à la finalisation de l'agrément une fois le vin mis en bouteilles. ' Il s'agit d'orienter les vins boisés plutôt vers les Côtes de Bergerac, et les vins tournés vers le fruit et la fraîcheur, à boire jeunes, vers l'appellation régionale ', constate Vincent Bergeon, directeur du CIVRB (Conseil interprofessionnel des vins de la région de Bergerac).
A Montravel, les projets sont également nombreux. Cette appellation a beaucoup évolué grâce à la toute jeune AOC Montravel rouge, dont les conditions de production sont très strictes (densité de plantation de 5 000 pieds/ha minimum, suivi parcellaire, agrément une fois le vin mis en bouteilles). Elle souhaite poursuivre ses efforts en 2004. Elle va accompagner les nouveaux vignerons dans la démarche qualitative et travailler ses vins blancs. Mais surtout, elle va poursuivre la révision de la délimitation parcellaire de son aire d'appellation. Premier volet : déclasser en AOC Bergerac des secteurs qui ne méritent pas d'être dans l'aire d'AOC Montravel, car leur terroir n'est pas assez qualitatif. Selon Jean-François Deffarge, président du syndicat de l'AOC Montravel, cela devrait engendrer une diminution de surface assez conséquente. Parallèlement, la révision devrait aboutir à l'intégration d'un ou deux terroirs périphériques. Les surfaces concernées restent minimes.
Deuxième volet : la réforme du décret des vins moelleux avec une redélimitation de l'aire. Actuellement, la zone de coteaux productrice de moelleux est séparée en deux, la partie est étant réservée à l'AOC Côte de Montravel moelleux, et la partie ouest à l'appellation Haut-Montravel moelleux. Dans le décret, ces deux vins sont décrits de la même manière. L'idée est donc de créer une seule zone dans laquelle sera produite le-côte-de-montravel moelleux, mais avec des conditions de production plus strictes que pour le bergerac moelleux et le haut-montravel qui deviendrait un vin liquoreux.
Le Syndicat de l'AOC Montravel projette de déterminer une liste d'une dizaine de mots pour définir chaque type de vin. Clarifier l'offre et améliorer la qualité fait aussi partie des ambitions du syndicat de l'AOC Saussignac, qui souhaite passer en liquoreux avec un degré minimum de 17 % vol. au lieu de 15, l'interdiction de chaptaliser et une densité de 5 000 pieds/ha. Le décret est en cours de révision. ' Le saussignac moelleux n'avait pas de débouchés, car l'appellation se trouvait sur le même créneau que le Côte de Bergerac moelleux ', explique Gérard Cuisset, président du syndicat de l'AOC Saussignac.
Enfin, Monbazillac aimerait recentrer son offre et trouver une meilleure lisibilité auprès du consommateur. Ainsi, 2004 sera consacrée à un état des lieux au niveau du consommateur, mais également du producteur. Le syndicat prévoit de faire une étude de marché, et des audits commerciaux et techniques chez les exploitants. Il s'en servira pour décliner, en 2005, un plan de communication et des améliorations techniques. Quant au syndicat des AOC Rosette et Pécharmant, il a entamé une réflexion similaire. Monter en qualité est également l'un des objectifs des coopératives. Début octobre 2003, les caves de Sigoulès, Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt et Univitis se sont unies au sein de Bergerac Vins. La structure est ouverte aux vignerons indépendants. Le but : rassembler un maximum de vin en vrac pour stabiliser les cours, mais aussi offrir une qualité homogène.
Du côté du négoce, la volonté est d'élargir la plate-forme de négociants s'intéressant à Bergerac. ' Les négociants sentent que Bergerac est un vignoble qui bouge ', observe Patrick Montfort, président du CIVRB.