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Sud-Ouest, affirmer les cépages autochtones

La vigne - n°117 - janvier 2001 - page 0

En affirmant leur typicité grâce à leurs cépages phares, les appellations du Sud-Ouest veulent prendre leur envol. A Gaillac, on envisage de recentrer l'appellation sur les terroirs de la rive gauche, et d'augmenter les pourcentages du duras et du fer servadou dans les assemblages. A Madiran, le tannat devrait prendre une plus grande place dans le vignoble pour diminuer l'hétérogénéité entre les vins. A Cahors, le cot pourrait mériter une proportion plus importante. Cahors envisage une hiérarchisation de son aire d'appellation, mais le projet n'est pas encore validé par l'Inao. La réflexion se poursuit : ' La hiérarchisation ne doit pas bénéficier qu'à l'élite, mais à l'ensemble des producteurs ', affirme Jean-Marie Sigaud, président du syndicat des vignerons de Cahors.Les ' petits frères de Bordeaux ' prennent déjà leurs distances. ' Avant, nous étions économiquement liés à Bordeaux, indique Frédéric Ribes, président du syndicat des vignerons de Fronton. Aujourd'hui, ce n'est plus autant le cas. ' Les ventes des appellations, réunies au sein du Conseil interprofessionnel des vins du Sud-Ouest (CIVSO), ont remarquablement gonflé en volume lors de la dernière campagne, et leurs stocks sont à la baisse. Les volumes agréés restant relativement stables, on constate un certain gain en valeur due à un début de pénurie de l'offre. Ainsi, en grande surface, les ventes ont augmenté en volume (3,4 %) et en valeur (8,1 %). La campagne 1999-2000 a été qualifiée d'' historique '. Les stocks des appellations ont tendance à diminuer, ce qui peut être regrettable pour les vins rouges de garde. ' Certains pensaient que les appellations du Sud-Ouest allaient toutes subir le contre-coup du marché des bordeaux, ce n'est pas partout le cas, fait remarquer Jacques Tranier, directeur du CIVSO. Ce sont les appellations de notre interprofession qui en pâtissent le moins. La stratégie du CIVSO autour d'une identité indépendante, liée au plaisir et au savoir-vivre, est gagnante. Cela pourrait engendrer une certaine réflexion de la part des appellations qui hésitent toujours à rejoindre le CIVSO et à mettre en avant leur identité. ' Le CIVSO projette de lancer une campagne de publicité à trois niveaux : dans le Sud-Ouest, en région parisienne et en Belgique. La campagne qui a eu lieu à Paris cet automne, n'a pas bénéficié d'un accompagnement suffisant de la part des professionnels de la région ; elle peut avoir donné une impression d'échec à certains vignerons. Mais Jean-Marie Bezios, président du syndicat de Gaillac, note : ' Cet effort de communication aura permis de montrer que ces appellations existent. C'est un clin d'oeil sur notre originalité. Le retour sur investissement n'est pas forcément palpable, mais l'effort portera ses fruits. ' En vue du millésime 2000, proche en volume de celui de 1999 mais meilleur en qualité, les professionnels abordent 2001 avec confiance. ' Même si la conjoncture se retourne, notre situation économique devrait rester bonne ', conclut Jacques Tranier.Cahors, qui ne fait pas partie du CIVSO, poursuit sa propre stratégie. Lors de l'assemblée générale des vignerons de Cahors, en décembre, les résultats d'une étude concernant son image ont été exposés. Cahors serait à la fois synonyme de terroir, de tradition, mais aussi d'irrégularités de la qualité et de caractère parfois trop prononcé. Les cahors sont vendus en grande distribution à un prix moyen de 15 F par bouteille. ' On ne peut pas se permettre de communiquer sur notre qualité si elle n'est pas au niveau ', s'exclame un vigneron. Cette qualité, une fois confortée, pourrait engendrer une prise de valeur jusqu'à 25 F. L'appellation compte communiquer sur ses atouts : sa gamme, la progression de sa qualité, et une image plus jeune, moins austère, d'un vin qui ne se consomme pas qu'en hiver et accompagné d'un gros repas. La revalorisation des vins de Cahors ferait aussi disparaître les Carte Noire qui ternissent l'image, principalement à cause de leur manque de régularité. Pour y remédier, Cahors lance un programme de développement par la qualité consistant, entre autres, à renforcer les services techniques en viticulture et en oenologie du syndicat, dont tous les domaines bénéficieraient.Le contrôle des conditions de production entre progressivement dans les mentalités. Cahors s'y lance : ' Si le contrôle nous fait peur, c'est un aveu d'impuissance. Toute l'appellation en bénéficiera ', lance un responsable. A Fronton, l'estimation du rendement sur pied devrait être mise en place d'ici à quelques années, après avoir fait comprendre son bien-fondé. Madiran maintient ce contrôle.

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