Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2001

Alsace, après les fêtes 2000, les ventes progressent toujours

La vigne - n°117 - janvier 2001 - page 0

Alors que dans certains vignobles, les expéditions ont chuté l'an dernier, les vins d'Alsace, toutes appellations confondues, ont poursuivi leur progression une fois le réveillon de l'an 2000 terminé. La campagne 1999-2000, avec 1,199 Mhl vendus fin août, affiche une hausse de 4,3 % par rapport à la campagne précédente, sensible en France (+ 3,4 %), mais aussi à l'export (+ 6,7 %). ' Si on considère le cumul des douze derniers mois au 31 octobre 2000, le chiffre est légèrement en deçà, avec 1,186 Mhl vendus, relativise Jean-Louis Vezien, directeur du Civa (Comité interprofessionnel des vins d'Alsace). Cependant, sur les huit premiers mois de l'année, la croissance était bien là, poursuit-il. Cette bonne campagne ne s'explique donc pas seulement par l'effet 'an 2000'. 'Avec des importations en progression de 4 %, les Pays-Bas confortent leur position de premier marché des vins d'Alsace, hors crémants. L'Allemagne n'est plus que le troisième pays importateur, ' mais ce marché est en plein mutation, précise Jean-Louis Vezien. Auparavant, l'Allemagne achetait beaucoup de vins de début de gamme. Aujourd'hui, la part prise par les cépages haut de gamme augmente. Cette situation nous a conduit à modifier notre stratégie de communication dans ce pays. ' Les crémants d'Alsace ont profité de cette tendance favorable, surtout sensible depuis le 1 er janvier 1999. Pour l'exercice 1999-2000, la progression des ventes par rapport à la campagne précédente est de 14,8 %. Au 31 octobre 2000, le cumul sur douze mois montre une hausse de 11 % par rapport à octobre 1999. Cependant, après deux récoltes importantes en 1998 et 1999, et malgré de bonnes campagnes de commercialisation, les stocks ont augmenté, représentant aujourd'hui deux années de commercialisation, avec 312 000 hl. ' Ce n'est pas un problème, explique Olivier Sohler, du syndicat des crémants d'Alsace. C'est même bénéfique à la qualité. ' Cependant, la récolte 2000, avec 155 000 hl, est en recul par rapport aux volumes produits en 1998 et 1999. Face aux stocks, certains ont limité leur production. D'autres, pris de vitesse par une année précoce, ont vendangé des raisins trop mûrs pour être vinifiés en crémant. ' Le phénomène 'an 2000' a fait connaître notre crémant d'Alsace à de nouveaux consommateurs. A nous de fidéliser cette nouvelle clientèle grâce à notre politique de qualité ', déclarait le nouveau président des crémants d'Alsace, Pierre-Etienne Dopff, en novembre dernier. C'est ainsi que le conseil d'administration du syndicat a planché sur un nouveau cahier des charges devant régir les sites de pressurage où sont élaborés les crémants. Avec la bonne santé des ventes, l'autre point marquant de l'année 2000 est l'entrée en vigueur des nouvelles règles de production de l'AOC Alsace grand cru. Des rendements butoirs par cépage ont été fixés, les degrés minima ont été relevés, et une gestion locale des lieux-dits a été mise en place. Cette gestion au plus près permettra à chaque grand cru d'exprimer au mieux ses particularités. Dans chaque commune, les syndicats de production pourront mener des réflexions sur les modes de production de chaque grand cru afin de les adapter au mieux à leur terroir. ' On pourra définir la typicité de chaque lieu-dit, explique Gérard Boesch, nouveau président de l'Ava (Association des viticulteurs d'Alsace). Cette gestion locale permettra également de mener des réflexions sur les sucres résiduels, le boisé, l'élevage sur lies... Elle permettra aussi d'envisager l'accès d'autres cépages que les muscats, tokay, gewurztraminer et riesling aux grands crus. ' Une fois que la typicité de chaque grand cru aura été définie, et que les vignerons se seront entendus sur les conditions de production adéquates, celles-ci pourront être adoptées de manière définitive. L'Inao a statué favorablement sur ce nouveau décret, qui doit désormais être entériné par les ministères concernés. Cette meilleure définition des grands crus offre un espace libre dans la hiérarchie des appellations alsaciennes. Le dossier ' hiérarchisation ' est d'ailleurs l'une des priorités du nouveau président de l'Ava, qui succède à Raymond Baltenweck à ce poste depuis un quart de siècle ! ' Des lieux-dits, hors grands crus, sont utilisés depuis longtemps, rappelle Gérard Boesch. Ils pourraient fournir la matière pour compléter la hiérarchie des AOC alsaciennes, et permettre l'émergence de un ou deux nouveaux échelons entre l'AOC régionale Alsace et l'AOC Alsace grand cru. ' L'année 2000 a été une nouvelle fois l'occasion pour l'Ava de se battre pour protéger la mention ' vendanges tardives ' convoitée par les vins de pays. ' L'octroi de cette mention aux vins de pays représenterait pour nous un véritable pillage de ce précieux héritage que nous ont laissé nos prédécesseurs ', écrivait en septembre Gérard Boesh, dans une lettre adressée au ministre de l'Agriculture. Ce dernier doit aujourd'hui trancher.En attendant son arbitrage, les Alsaciens ont tout de même gagné une bataille. Depuis longtemps, les producteurs de vendanges tardives et de sélection de grains nobles demandaient à bénéficier des mêmes limites maximales de SO2 que les autres vins issus de raisins surmûris ou botrytisés, soit 400 mg/l au lieu de 260 mg/l. Oubliée lors de la parution des premiers textes de loi, l'Alsace voit aujourd'hui l'Europe répondre à son attente, avec le volet sur les ' pratiques oenologiques ' de la réforme de l'OCM publié l'été dernier. Le suivi en aval de la qualité s'est également mis en place au cours de l'année 2000, et les premiers prélèvements ont été réalisés en Alsace, mais aussi dans d'autres régions françaises et au Benelux. Les cinq cents échantillons prélevés devraient être dégustés cette année. En 2001, des prélèvements seront également organisés en Allemagne et au Danemark.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :