Etape par étape, l'Afrique du Sud poursuit sa révolution interne et son ouverture sur le monde. Depuis la transformation du KWV (Ko-operatiwe Wijnbouwers Vereniging) en société privée en 1997, les cartes sont redistribuées.Le Sawit (South African Wine Industry Trust) a été fondé pour restituer à l'ensemble de l'industrie, les biens accumulés par la coopérative, créée en 1918 : ce fonds commun soutient financièrement l'exportation, la recherche, l'éducation du personnel... Le Sawis (South African Wine Industry Information and Systems) est chargé des statistiques et de l'aspect administratif du Wine and Spirit Board, qui gère les appellations d'origine. ' Le producteur doit désormais se débarrasser lui-même de ses surplus. Il peut planter ce qu'il veut, où il veut : c'est le marché qui dicte ', résume le directeur André Matthee. N'oublions pas qu'encore récemment, l'industrie était habituée à gérer ses surplus grâce au pool system : le raisin était destiné, selon les besoins, à faire du vin, du brandy ou du moût concentré. Qui dit marché libre dit évolution à deux vitesses. ' 40 % de mes clients producteurs de raisin blanc ont fait faillite', avoue un fabricant de matériel. Si le lourd passé coopératif laisse une partie des producteurs au bord de la route, beaucoup ont compris le nouvel enjeu : être compétitif sur un marché international coriace. Ainsi, l'industrie a mis sur pied un programme national intitulé Winetech 2020. Les deux premiers points de ce plan stratégique, même s'ils paraissent évidents, sont importants à rappeler aux producteurs : ' Offrir des produits d'une excellente qualité et être sans cesse innovant '. L'industrie revoit donc sa copie. Quand elle s'est lancée à l'exportation, au début des années 1990, elle a opté pour des vins de cépages destinés en priorité aux marchés anglo-saxons, la Grande-Bretagne restant son principal client (42 % en 1999). Face à la concurrence, notamment australienne, l'Afrique du Sud doit trouver sa propre orientation : sortir de l'uniformisation et produire des vins hauts de gamme (surtout rouges) pour des marchés de niche. Cette deuxième reconversion n'en est qu'à ses débuts. Elle s'accompagne d'une nouvelle vague de cépages rhodaniens et méditerranéens : viognier, cinsault, carignan, mourvèdre, grenache, mais surtout syrah. En 1999, 1 150 ha de syrah ont été plantés, plus que le cabernet sauvignon (1 093 ha) et le merlot (755 ha). Quant au pinotage, il continue son chemin avec 673 ha de plantés en 1999. Les rouges couvrent désormais 26 % du vignoble (contre 13 % en 1990).