Le projet de réforme de l'agrément prévoit d'attribuer à chaque syndicat, la mission de définir les conditions de représentativité des échantillons dans son règlement intérieur. Celui-ci devra ensuite être validé par l'Inao, sur des critères encore débattus.
D'ici au prochain comité national de l'Inao, qui doit se tenir en mai, le contenu de l'arrêté concernant l'agrément des vins tranquilles devrait être calé. Il fixera les conditions d'application du nouveau décret, en particulier les points concernant l'échantillonnage. L'unanimité s'est faite sur le principe de trois prélèvements pour deux dégustations et un appel. Le troisième prélèvement devrait se faire obligatoirement cuve par cuve, ou par lots pour les futailles, l'Inao souhaitant ainsi inciter les vignerons à écarter les vins à problème avant d'en arriver à la procédure d'appel.Le principe d'un prélèvement en une fois de tous les vins d'une même couleur a été posé, mais assorti en même temps d'une possibilité de dérogation, à condition que des garanties de traçabilité puissent être apportées. Il reste à déterminer les modalités pour que ces garanties soient effectives. ' Le problème de fond de l'agrément se situe au niveau de la traçabilité ', affirme Alain Mur, délégué national de l'Inao, en charge de ce dossier. Si le premier prélèvement devait être partiel, des échantillons de toutes les cuves pourraient être prélevés pour constituer une cartographie analytique de la cave, et éviter ainsi que des vins non agréés puissent rejoindre ceux qui l'ont été. Dans chaque règlement intérieur, le stade auquel les vins pourront être prélevés devra être précisé, en s'appuyant sur un principe parfois oublié : le vin échantillonné doit être représentatif de l'appellation. Si celle-ci prévoit un élevage, peut-on alors prélever un vin dès le mois de décembre ou janvier ? A l'avenir, il devrait être possible d'attribuer un certificat d'aptitude aux lots vendus avant d'être élevés, l'agrément final étant demandé une fois l'élevage réalisé. De même, lorsqu'un assemblage doit être réalisé, cela a-t-il un sens de prélever des cuves d'un seul cépage ? Sur ces deux points, les syndicats, en concertation avec l'Inao, devront préciser ce qu'ils autorisent et ce qu'ils refusent. Autre principe posé, déjà affirmé dans l'OCM (Organisation commune de marché) du vin : la nécessité de prélever, dans chaque cave, un échantillon par appellation. Pour l'instant, la Bourgogne bénéficie d'une dérogation. Pourra-t-elle la conserver ? Sur ce point délicat, rien n'est encore décidé à l'Inao. ' Dans la plupart des cas, nous prélevons par sondage un échantillon pour l'appellation régionale, un échantillon pour le groupe des appellations communales et des crus. Nous souhaitons continuer ainsi pour ne pas multiplier le nombre de prélèvements. Nous avons souvent dix ou quinze appellations différentes dans nos caves avec, parfois, seulement une ou deux pièces de 228 l par appellation ', explique un professionnel du comité régional de l'Inao. Compte tenu de la diversité des situations d'un vignoble à l'autre en matière de dimensions des caves et des cuveries, la taille des lots à échantillonner ne sera pas fixée au niveau national. Chaque syndicat devra déterminer dans son règlement intérieur une taille maximale. Actuellement, certains ne le font pas et prélèvent un seul échantillon par appellation et par cave, quel que soit le volume concerné. L'Inao souhaiterait qu'à partir d'un seuil situé aux alentours de 800 hl, des lots soient obligatoirement constitués afin d'améliorer la représentativité des échantillons. Ceux-ci pourraient être prélevés par sondage, en tirant au sort le récipient à prélever au sein du lot, ou en les prélevant tous et en tirant ensuite au sort celui qui sera dégusté. L'échantillon pourrait également être constitué par un assemblage des prélèvements réalisés dans chaque récipient du lot, au prorata des volumes de chacun. En cas de prélèvement par sondage, le vigneron ou le responsable de cave ne devra pas avoir la possibilité d'orienter le choix de l'agent de prélèvement. Avant sa visite, celui-ci devra disposer d'une liste des cuves, d'un plan de la cave et d'instructions précises. Certains syndicats pratiquent déjà ainsi, mais d'autres ont affirmé qu'il n'était pas question de confier à l'agent de prélèvement une liste des cuves avec leur numéro et leur volume ! Le règlement intérieur pourra également comporter des mesures particulières propres au syndicat. ' Nous envisageons des prélèvements cuve par cuve pour les vignerons qui n'auraient pas respectés de façon répétée les conditions de production, pour les habitués des refus à l'agrément ou des problèmes de qualité repérés lors du suivi en aval ', affirme Jean-Louis Roumage, président du syndicat des bordeaux et des bordeaux supérieurs.Pour aller encore plus loin, d'autres syndicats suggèrent de porter carrément le numéro d'agrément sur la bouteille. Cela permettrait de garantir un suivi effectif de la vigne jusqu'au consommateur, en intégrant le contrôle des conditions de production, la dégustation d'agrément et le suivi en aval de la qualité dans une même garantie.