L'Inao doit renforcer la procédure d'agrément du millésime 2006. Il s'inspirera de l'expérience menée dans le Médoc.
Sous la pression du gouvernement, l'Inao se prépare à renforcer les procédures d'agrément dès le millésime 2006. L'institut prévoit de généraliser le certificat caduc. Il autorisera de soumettre à l'agrément uniquement des lots prêts à la vente ou à la mise en bouteilles. Les modalités concrètes de cet agrément renforcé ne sont pas encore connues. Mais l'Inao explique qu'il s'inspirera de l'expérience menée par le Syndicat du Médoc et du Haut Médoc.
Concrètement, ' il existe quatre procédures différentes pour coller à chaque profil de producteur ', explique Francis Etourneaud, directeur du Syndicat viticole du Médoc et du Haut Médoc. Si un viticulteur produit uniquement du vrac qu'il veut faire agréer d'un seul coup, le prélèvement a lieu sur 25 % de ses contenants. L'agent Inao désigne, au hasard sur le plan de cave, les références des cuves concernées, qui sont consignées dans une enveloppe cachetée, qui est confiée à l'agent préleveur. Lors de la dégustation, si 100 % des cuves prélevées sont conformes aux critères de l'appellation, toute la cave est agréée. Si une seule cuve est ajournée, toute la cave est ajournée et, pour une deuxième présentation, on effectue un prélèvement cuve par cuve. Le but de ce procédé est de permettre un agrément rapide de toute la cave, peu coûteux et fastidieux. ' Cette démarche se rapproche de l'ancien système et représente encore 80 % des volumes. Cependant, elle oblige les viticulteurs à faire leurs assemblages et à se débarrasser de leurs mauvaises cuves. On ne réalise plus de moyenne de cave, sauf bien sûr pour les barriques. '
Pour les viticulteurs qui vendent leur vrac lot par lot en fonction des marchés, l'agrément, dit fractionné, porte sur le ou les lot(s) faisant l'objet de la transaction. ' C'est le producteur qui déclenche la procédure et cela représente près de 20 % des volumes. ' Un agent assermenté vient procéder au prélèvement et à une mise sous scellés de la cuve concernée. L'agrément est obtenu dans la semaine. La levée des scellés a lieu lors de la retiraison du lot par l'acheteur et est effectuée par le même agent préleveur. Ce système, certes lourd au niveau logistique, garantit la traçabilité des lots et évite toute manipulation frauduleuse après l'obtention de l'agrément.
Un viticulteur peut également faire agréer son lot lors de la mise, ' s'il est sûr de lui ou s'il n'a jamais eu de problèmes '. Dans ce cas, le prélèvement se fait sur la chaîne de mise et l'agrément a lieu sur les tirés-bouchés. Sinon, le viticulteur doit signaler, au moins deux mois à l'avance, son intention de mettre en bouteilles un lot défini. Ce dernier est soumis à l'agrément. Il n'y a pas de mise sous scellés afin de réaliser les dernières finitions. La mise a lieu après que le jury ait rendu son verdict. Un échantillon est conservé et un autre est prélevé le jour de la mise sur la chaîne. Une comparaison par dégustation a lieu. Il y a donc deux dégustations dans tous les cas. Si les deux échantillons sont identiques, il n'y a pas de problème. Si une différence apparaît, l'agent Inao effectue une analyse qui contrôle la traçabilité analytique. ' La dégustation sert de dépistage, car les analyses coûtent près de 350 euros par échantillon. '
Depuis le millésime 2004 et la mise en place de ce système, quelques conclusions peuvent être tirées. ' Le premier aspect, c'est un étalement de l'agrément des millésimes sur plusieurs années. Concernant le 2005, les demandes d'agrément en vrac peuvent se faire jusqu'à juillet 2007 et pour les mises jusqu'à décembre 2008 ! D'ailleurs, il reste encore 10 % des 2004 à agréer ', signale Francis Etourneaud. Par ailleurs, un tel fonctionnement nécessite une logistique importante. Plus précisément, un système de dégustation en continu est nécessaire, surtout sur la période de pointe (d'avril à juillet). En effet, ' tout en étant adaptable, ce système ne doit pas être un frein à la commercialisation '. Le nombre de prélèvements augmente, ' la quantité d'échantillons dégustés a été doublée '.
Le bilan de ce système de fonctionnement n'est que partiel dans la mesure où il reste des lots de chaque millésime à agréer. Par conséquent, il est difficile de chiffrer un éventuel surcoût de fonctionnement. Les premiers échos semblent favorables au niveau qualitatif. ' Quoi qu'il en soit, il ne s'agit là que d'un système de transition pour les millésimes 2004 à 2006, voire 2007 , insiste Francis Etourneaud. Dans cette optique, l'objectif pour 2008 ou 2009 reste, bien sûr, la validation d'aptitude à produire de l'AOC. C'est celui de l'Inao. '