Les bandes enherbées retiennent la terre et les produits de traitement arrachés par les eaux de ruissellement.
Au bout de 80 m d'une pente à 5 %, la chambre d'agriculture du Vaucluse a installé un gazon perpendiculaire aux rangs, de 6 m de large. Il retient 93 % des particules de terre et capte 75 à 99 % des phytos arrachés par les eaux de ruissellement. En somme, il réduit la pollution des rivières en épurant le flot qui s'écoule d'une parcelle lors d'une averse.Le prix d'un tel filtre ? 255 F/ha par an pour l'installer et l'entretenir, selon la chambre d'agriculture. Elle le sème dans les tournières. Elle considère qu'il faut le renouveler au bout de cinq ans, la durée de vie du ray-grass anglais sous son climat. La chambre d'agriculture de Loire-Atlantique indique des coûts voisins. Elle calcule 4 400 F/an pour l'enherbement des tournières d'une exploitation de 18 ha, la taille moyenne du département. Cela représente 240 F/ha de vigne. Ce montant finance la main-d'oeuvre pour deux travaux : le broyage des gazons et leur remise en état lorsqu'ils sont abîmés par un orage ou écrasés sous les roues du tracteur. Pour le premier, la chambre compte 23 h/an, pour le second 25 h/an. Les services techniques de l'interprofession champenoise et l'Association syndicale autorisée (Asa) de Reuil ont fait leurs comptes différemment : non pas à l'hectare de vigne, mais à l'hectare de tournière enherbé. Ils se préparent à renforcer le dispositif de lutte contre l'érosion de cette commune de la vallée de la Marne. L'une des manières d'y parvenir sera de couvrir d'herbe tous les abords des parcelles et tous les chemins de terre qui occupent 2 % du vignoble. L'installation de ce gazon coûtera 2 500 F/ha, son entretien 1 800 F/ha/an. Ramené à l'hectare de vigne, le premier de ces postes ne pèse que 50 F. Faute d'expérience, ces chiffres ne sont qu'une approximation. Dans les parcelles aux rangs trop longs, il faudra y ajouter le prix d'une coupure, évalué à 120 F/ml, plus 1 600 F (arrachage de ceps, réparation du palissage, enherbement). Elles ne sont pas nombreuses, mais sans cet investissement, rien ne viendrait ralentir l'eau.