Dans les vignobles en coteaux, des sommes considérables sont dégagées pour lutter contre l'érosion.
En Beaujolais, une page est tournée. ' Les principaux travaux d'aménagement collectifs ont été faits entre 1985 et 1998, signale Joël Carsoulle, du Comité de développement. Nous mettons maintenant l'accent sur les aménagements à la parcelle. 'En Alsace, en Champagne et en Savoie, d'importants chantiers sont en cours ou en phase d'achèvement. Dans les côtes du Rhône septentrionales, le syndicat des vignerons vient de réaliser une étude pointant les besoins en équipement à l'échelle des bassins versants viticoles. Toutes les régions de coteaux se soucient de l'érosion car il en va de leur patrimoine foncier et bâti. A chaque fois, des sommes considérables sont en jeu. Sur la commune de Reuil (Marne), près de 7 MF ont été investis depuis 1992 pour collecter les eaux sur des chemins bétonnés et les amener, par un réseau de descentes aériennes ou souterraines, vers des bassins de décantation. Après cette épuration, elles s'écoulent dans la Marne. De nouveaux travaux sont prévus pour 4 MF. 40 % de ces dépenses proviennent de subventions. Le reste est payé par les propriétaires qui versent 2 500 F/ha/an pendant quinze ans à l'Association syndicale autorisée qu'ils ont constituée pour faire les travaux. Cette formule est courante en Champagne. A Jongieux (Savoie), un coteau couvrant 150 ha, dont 60 ha de vignes, vient d'être aménagé. Les vignerons ont voulu remettre en culture le lieu-dit Marestel, abandonné depuis de longues années, mais que tous savaient être un excellent cru. Il se trouve au sommet du coteau. Il a fallu revoir l'intégralité du schéma hydraulique pour que ce défrichage n'entraîne pas une aggravation de l'érosion déjà préoccupante. ' Les ouvrages sont dimensionnés pour traiter un orage décennal ', commente Patrice Jacquin, vigneron et maire de la commune. Ils ont été budgétés pour 7 MF. Pour l'instant, 4,3 MF ont été utilisés pour amener en douceur les eaux de ruissellement vers leur exutoire naturel qu'est le Rhône. Faute de moyens, pour l'instant, les travaux se sont arrêtés. Les propriétaires des lieux ont supporté moins du tiers de ces coûts. Ils ont bénéficié d'aides régionales, départementales et européennes, car leur village se trouve dans une zone défavorisée de l'Union européenne. De ce fait, ils ne rembourseront que 600 F/ha/an pendant dix ans, versés à l'Association syndicale autorisée qu'ils ont constituée pour ordonner les travaux. Ces sommes ne sont qu'une partie des dépenses liées à la protection contre l'érosion. Car il faut aussi agir à l'échelle de la parcelle en enherbant ou en couvrant le sol d'écorces, pour éviter que les eaux de ruissellement l'arrachent. La deuxième de ces solutions est utilisée en Champagne, où l'on estime qu'elle coûte 5 000 F/ha/an. Pour empêcher les flots de dévaler les pentes, on élève de petites buttes au sommet des parcelles et en leur milieu lorsqu'elles sont trop longues. Encore des frais ! Cependant, à la différence des autres dépenses liées à la protection de l'environnement, celles-ci ont une utilité immédiatement palpable. Les chemins bétonnés autorisent un accès plus rapide aux parcelles après les pluies. Les tracteurs ne se cognent plus dans les ravines. Les rues des villages ne se salissent plus. Après un orage, on ne passe plus son temps à remonter la terre dans les vignes.