Implanté sur le territoire de la commune de Nice, le vignoble de Bellet parvient à se développer malgré le prix du foncier. Il couvre aujourd'hui 60 ha, contre 30 ha dans les années 80 (photo MaxPPP/RLM).
Son décret d'appellation datant de 1941, le vignoble de Bellet fête cette année son 60e anniversaire. C'est l'une des dernières appellations complètement urbaines de France... puisque située sur la commune même de Nice ! Après être tombé à 30 ha au début des années 80, Bellet est aujourd'hui en plein essor et couvre 60 ha, 10 ha environ ayant été replantés ces deux dernières années. ' Bellet est un écrin à préserver car son terroir comme ses cépages sont particuliers. De plus, ses vignerons sont très motivés ', déclare Laurent Medori, du centre Inao d'Hyères (Var), pour expliquer l'octroi de ces droits de plantation.Président du syndicat de l'appellation et propriétaire du château de Bellet, Ghislain de Charnacé est l'un des artisans de ce renouveau. ' Pour assurer notre avenir, nous devons élaborer des vins typés Bellet, s'appuyant sur nos cépages locaux. ' Conséquence : si l'on trouve un peu de chardonnay et de clairette, près de 80 % de l'encépagement blanc est constitué de rolle. La tendance est la même en rouge avec, pour moitié, des cépages méditerranéens (grenache et cinsault) et, pour le reste, deux variétés locales, le braquet et la folle noire, ainsi nommée pour ses rendements capricieux. Les vignes, elles, s'épanouissent entre 200 et 300 m d'altitude sur deux collines surplombant la vallée du Var, dont le sol est constitué de galets roulés, mélangés à un sable clair avec quelques veines argileuses. ' C'est une zone où soufflent presque sans interruption tramontane et mistral, lesquels créent un microclimat qui donne à nos vins un caractère plus septentrional que méridional ', révèle Ghislain de Charnacé qui, ce 20 avril, a inauguré une station météo sur l'aire d'appellation. Des données que les vignerons utiliseront pour traiter au mieux, tout en respectant l'environnement, ce que prescrit le CTE (contrat territorial d'exploitation) type de l'appellation. Fruit de ce dynamisme, les vocations se multiplient malgré le prix du foncier (jusqu'à 600 000 F/ha nu), et les exploitants sont désormais au nombre de quatorze. ' En ce moment, nous enregistrons une installation tous les deux ans, voire tous les ans ', précise Bernard Nicoletti, entrepreneur de BTP, propriétaire du domaine de Toasc, qui a lui-même planté récemment 5 ha et prévoit d'ouvrir une winery à l'anglo-saxonne. C'est une nouvelle manière de faire connaître l'appellation d'ores et déjà commercialisée en Amérique du Nord, au Japon, en Grande-Bretagne, en Belgique. Par ailleurs, elle est déjà présente sur internet où son site enregistre plus de 9 000 connexions par mois. De plus, les vins de Bellet ont été servis aux dîners de deux sommets des chefs d'Etats européens, en 1982 à Versailles et en décembre dernier à Nice où ils figurent régulièrement au menu des réceptions officielles. ' La mairie se préoccupe de son vignoble, de sa protection, de sa promotion, ce qui n'était pas le cas il y a dix à vingt ans où les autorités parlaient, au contraire, d'en arracher une partie pour élargir les routes ou créer un golf ', rappelle-t-on sur place.