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Saint-Joseph a regagné ses coteaux originels

La vigne - n°122 - juin 2001 - page 0

Réinvestir les coteaux originels, c'est le défi dans lequel s'est engagé l'AOC Saint-Joseph en 1991. Une décennie plus tard, ce cru des côtes du Rhône affiche un nouveau visage.

Dix ans : c'est le temps qu'il a fallu à l'AOC Saint-Joseph pour relocaliser une partie de ses vignes sur ses coteaux originels. Au début des années 70, ce cru septentrional des côtes du Rhône connaît un mouvement de dérive de ses plantations. Les vignes sont implantées en plaine, zone plus facilement cultivable que les pentes abruptes des coteaux. ' Les exploitations de la région sont en polyculture et de nombreux producteurs ont privilégié l'arboriculture, plus lucrative à l'époque ', commente Joël Durand, président du syndicat de l'appellation. Vingt ans après, l'appellation fait volte-face. ' Les professionnels ont pris conscience que Saint-Joseph n'avait pas d'image précise auprès du grand public. Il fallait retrouver nos origines en réinvestissant les coteaux ', poursuit Joël Durand.La reconquête intervient avec la révision de l'aire en 1991. Un tiers des surfaces plantées en vignes (200 ha) est écarté de l'aire de production. Les parcelles pourront revendiquer l'AOC jusqu'en 2021, le temps pour les vignerons de se conformer aux nouvelles dispositions du décret. Contrepoint à ces mesures, la mise en place de neuf ' îlots vitrines ' sur 128 ha. ' Il s'agit de la réhabilitation de parcelles en coteaux parfaitement visibles des deux grandes voies d'accès au vignoble, la RN 7 et la RN 86, afin de frapper les esprits des visiteurs ', explique Amaury Cornut-Chauvin, ex-président du syndicat et artisan du projet. Un dispositif d'aides financières venant des collectivités locales accompagne la démarche. L'Inao fournit des droits, à une époque où leur délivrance était restreinte, par tranche de 30 à 40 ha. Les vignerons exclus de l'aire à 100 % sont prioritaires dans l'attribution. Les exploitants utilisant ces droits ont la possibilité d'arracher leurs anciennes vignes dès lors que les plantations nouvelles ont atteint quatre ans. Une décennie plus tard, le chantier arrive à son terme. Le neuvième îlôt est sur le point d'être achevé. La mobilisation des vignerons a été générale. En plus des îlots vitrines, une centaine d'hectares de coteaux ont ainsi été réhabilités par des producteurs de façon individuelle. Le coût d'une réhabilitation (retrait de la végétation, remise en état des murs, préparation des sols, installation de nouveaux plants) est estimé à 400 000 F/ha. ' Notre appellation longe le Rhône. Les exploitations sont voisines les unes des autres. Les producteurs qui souhaitent évoluer ont vite compris que ceux qui avaient conservé des parcelles en coteaux élaboraient de meilleurs vins et en tiraient une rémunération satisfaisante ', souligne Joël Durand. Résultat : l'appellation qui ne comptait que 600 ha de vignes plantés en 1991, flirte aujourd'hui avec les 1 000 ha. ' La récolte est passée de 15 000 hl de vins de qualité parfois médiocre à 40 000 hl de vins de Saint-Joseph typés et originaux ', estime Amaury Cornut Chauvin. Les cours avaient connu une hausse de près de 40 % en 1998 (3 000 F/hl) à la suite d'un important déficit de récolte ; ils se sont stabilisés à ce niveau, en partie grâce au travail de reconquête. En aval, Saint-Joseph a pris de l'assurance. Un nouveau logo et la signature ' L'empreinte de la terre et du temps ' symbolisent le nouveau paysage.

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