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Troisième appel à l'aide du Midi

La vigne - n°123 - juillet 2001 - page 0

Le 29 juin, à Carcassonne (Aude), quatre mille manifestants ont réclamé la distillation de trois millions d'hectolitres à 20 F/°hl, ce qu'ils n'obtiendront sûrement pas.

Le 19 juin, le Conseil des ministres européens de l'agriculture autorise la France à verser une aide nationale à la distillation de 1,5 Mhl de vins de table. Cette aide porte le prix d'achat des vins de 12,56 F/°hl (1,914 Euros) payés par l'Europe, à 20 F/°hl (3,05 Euros). Volume et montant correspondent à l'accord passé au début du mois de mai entre notre ministre de l'Agriculture et nos représentants professionnels. ' C'est insuffisant , sont venus crier les 4 000 manifestants qui ont défilé le 29 juin dans les rues de Carcassonne, à l'appel du syndicat des vignerons et de la fédération des caves coopératives de l'Aude. Ils l'ont fait savoir à Denis Verdier, président de la confédération des caves coopératives de France et de l'Onivins. Le principal interlocuteur des pouvoirs publics depuis le début de la crise a dû écourter son discours. Il a quitté la tribune sous les huées de la foule.Jean Huillet, président du conseil spécialisé des VDP de l'Onivins, a failli connaître le même sort. Quelques sifflements ont accompagné son entrée en scène. Mais cet orateur talentueux a su retourner l'assistance, qui a fini par lui accorder des applaudissements réservés. Il s'est inspiré d'un discours célèbre de Martin Luther King. Il s'est époumoné à raconter le rêve qu'il avait fait la veille. Le rêve ' d'un gouvernement à l'écoute du peuple ', d'un négoce partenaire des vignerons, ' d'une profession unie pour lutter contre l'incendie '. Les manifestants ont, au mieux, excusé ce rêveur de n'avoir pas su défendre leur principale revendication. Juste avant lui, Michel Guallar, président de la FDSEA des Pyrénées-Orientales, l'avait exprimée clairement. ' Nous exigeons la distillation de 3 Mhl au prix de 20 F/°hl. ' Aux yeux des vignerons, c'est la seule façon d'enrayer la chute des cours et de réactiver un marché des plus mornes. Ils sont venus demander qu'un mécanisme d'intervention leur garantisse un revenu calé sur la base de 20 F/°hl de vin de table. Ils n'auront pas gain de cause. Pour éliminer rapidement 1,5 Mhl supplémentaire au prix de 20 F/°hl, il faudrait que la France mette une fois de plus la main à la poche. Le ministère des Finances s'y opposera, nos partenaires européens également. L'un doit veiller aux dépenses au moment où la croissance ralentit, les autres n'ont aucun intérêt à nous favoriser. L'an dernier, les Espagnols et les Italiens se sont rués sur la distillation ouverte en tout début de campagne, destinée à alimenter le marché des alcools de bouche, et payée 16,30 F/°hl, pas un sou de plus, par l'Europe. Visiblement, ce prix leur convient. On ne voit pas pourquoi ils autoriseraient leurs concurrents français à toucher davantage qu'eux. Les caves méridionales devront s'en faire une raison. Elles ne trouveront pas de meilleure offre pour vider leurs cuves des restes éventés du millésime de l'année 2000. A moins qu'à force de pression, elles ne stimulent l'imagination des pouvoirs publics dans leur recherche de crédits. Car bon nombre de vignerons ne sont pas prêts de déposer les armes. Ils l'annoncent et promettent un été mouvementé. A Carcassonne, ils ont donné un aperçu de leur détermination. Lors de la manifestation, ils ont attaqué les bâtiments du Trésor public, défendus par une compagnie de CRS. Ils les ont bombardés de pétards et de pierres, puis se sont repliés sous la première salve de grenades lacrymogènes. Avant de rentrer chez eux, ils ont investi deux supermarchés où ils ont détruit des vins étrangers. En somme, ils étaient venus pour une bouffée d'oxygène qu'ils n'obtiendront sûrement pas et qui ne suffira pas à leur redonner un souffle d'athlète. ' Nous nous attendons à une récolte de 19 Mhl pour le Languedoc-Roussillon, constatait Bruno Vergne. Or, nous avons la capacité de commercialiser 16 à 17 Mhl. ' Comment réduire cet écart ? A la tribune, le président du syndicat des vignerons de l'Aude a exigé un soutien à la restructuration du vignoble et à la reconquête de parts de marché à l'exportation. ' C'est le cri de ceux qui ne veulent pas disparaître. ' Il a parlé d'une maîtrise des quantités produites. Sans doute entendait-il l'instauration de quotas de production. Des leaders méridionaux, dont Michel Bataille de l'union Foncalieu, commencent à défendre ce principe qui irait de pair avec un arrachage temporaire. Les caves ou les unions de producteurs devraient arracher jusqu'à ajuster leur capacité de production à celle de commercialisation. Elles pourraient ensuite replanter au fur et à mesure qu'elles gagneraient des parts de marché. L'idée paraît séduisante. Reste à savoir comment la concrétiser.

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