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Le froid ralentit la maturation des baies

La vigne - n°125 - octobre 2001 - page 0

Dans les vignobles septentrionaux, les vendangeurs ont dû se couvrir pour affronter le froid de septembre.

'Depuis 1959, il n'y a eu qu'un mois de septembre plus frais que cette année, c'était en 1972 ', indique Nicolas Besset, du comité de développement du Beaujolais. En effet, septembre a été particulièrement froid. Dans les vignobles septentrionaux, ces basses températures ont freiné la maturation des baies et préservé l'acidité des jus. Le froid a calmé les ardeurs du botrytis.
' Pour les parcelles précoces, ou moyennement précoces, cela s'est plutôt bien passé, mais dans les zones plus tardives, le froid a bloqué la maturation. Une chaptalisation d'un demi-degré supplémentaire a d'ailleurs été accordée ', poursuit Nicolas Besset.
' La maturité est un peu juste, indique un oenologue en Côte-d'Or, avec des degrés pour les rouges entre 10,5 et 12,5. Pour les blancs, les degrés vont de 11 à 13,6, mais le millésime reste acide. ' ' Le degré n'est pas à la hauteur de nos espérances, avouait Pascal Mallier, à la chambre d'agriculture de Tours, le 1 er octobre. ' Les baies sont grosses et le mois de septembre a été froid. Jusqu'à aujourd'hui, l'état sanitaire de la vendange était correct, mais pour les cépages tardifs, le chenin notamment, la météo de cette semaine sera déterminante. Quant à l'acidité, elle est confortable. '
En Champagne, les vignerons avaient ralenti les vendanges, espérant gagner quelques grammes de sucres. Septembre a également été humide et l'attente, face au développement du botrytis, n'était pas toujours possible. ' L'année est difficile, admet Michel Valade, au Comité interprofessionnel du vin de Champagne. Mais il y a de la récolte et les vignerons peuvent trier. '
L'Yonne a hérité d'une météo un peu similaire, avec des attaques de pourriture très variables d'une parcelle à l'autre.
A Bordeaux, le froid avait également ralenti la maturation des baies, mais au début du mois d'octobre, le soleil et le vent s'étaient alliés pour dissiper les brouillards matinaux et sécher la vendange. ' Ce temps, c'est de l'or, lançait Bernard Hebrard, à la chambre d'agriculture. Si on a deux ou trois jours encore comme cela, les merlots seront à l'abri. '
Au même moment, dans le Bas-Rhin, Jean-Michel Speich, de l'Adar du vignoble (Association de développement agricole et rural), espérait que le temps se mette au sec. ' L'état sanitaire a tenu le coup en septembre, mais en ce début octobre, alors que les vendanges démarrent, certaines parcelles, plutôt vigoureuses, commencent à pourrir. '
Face à une acidité très présente début septembre, les vignerons du Muscadet ont pu étaler leurs vendanges, et voir cette acidité chuter très lentement. Ainsi, les degrés naturels sont très bons, mais ils sont à mettre en relation avec les faibles rendements. ' Les gens sont satisfaits de la qualité de la vendange. Ce qui les inquiètent plus, ce sont les prix, surtout avec une petite production ', explique Gwénaël Guerin, à la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique.

Alors que dans les vignobles septentrionaux, les degrés peinaient à progresser, ils s'étaient envolés dans la moitié Sud, profitant de la chaleur estivale et de la sécheresse. Mais la maturité technologique n'était pas toujours en phase avec la maturité phénolique. ' Les vins sont dans l'ensemble bons, avec une belle concentration, une belle couleur, mais parfois une tendance à l'amertume ', constate Jacques Rousseau, à l'ICV (Institut coopératif du vin), qui compile des données provenant des vignobles méditerranéens. ' On a encouragé les gens à retarder la vendange pour attendre une meilleure maturité phénolique, indique Lucile Blateyron, à l'ICV de Montpellier. Il semble que les résultats les plus intéressants aient été obtenus en travaillant les rouges à des températures assez basses. L'extraction des tanins a alors été lente. ' ' Il n'y a pas eu de problèmes avec les rosés. En Provence, nous recherchons des couleurs assez pâles. Mais pour les vins rouges, il fallait ajuster les durées de macération et veiller à ne pas aller trop loin dans l'extraction ', ajoute Gilles Masson, directeur du Centre des rosés dans le Var.
Dans les côtes du Rhône méridionales, après des premières vendanges riches en sucres, mais montrant une teneur en polyphénols un peu faible, les conseillers ont demandé aux vignerons de patienter un peu. Les nuits froides de septembre, succédant aux journées plus chaudes, ont favorisé la maturité phénolique des baies. Et alors que les résultats sur grenache sont plus hétérogènes, la syrah semble cette année très prometteuse.

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