Manque récurrent de moyens et d'effectifs, l'abcès éclate à l'Inao.
Depuis le 2 octobre, la majorité du personnel de l'Inao est en grève. Occupation des locaux parisiens nuit et jour, centres régionaux fermés, blocage des dossiers, la grève est dure. Rappelons que l'Institut compte 250 agents, dont une soixantaine à Paris, et 26 centres en région. ' Depuis 1990, nos missions sont élargies et les moyens ne suivent pas. Le malaise est général et profond. On veut savoir où on va ', explique un représentant du personnel. Les revendications : la création de 70 postes supplémentaires ; un déroulement de carrière décent et une revalorisation des grilles indiciaires ; de meilleures conditions de travail (véhicules de service, outils informatiques...). Mais surtout, un vrai cap : l'Inao est un bateau ivre, ne sachant plus où il va, avec un personnel démobilisé.
Depuis des mois, la situation s'est encore détériorée. Trois dossiers y ont contribué. D'abord, l'intégration des indications géographiques protégées (IGP) dans son champ de compétences. Une charge de travail supplémentaire non accompagnée de moyens. Le financement de l'Institut est un casse-tête quasi annuel. L'Etat, qui finance à 80 % son budget, ne veut pas mettre davantage la main à la poche et en appelle aux professionnels. Leur contribution a déjà été portée à 40 centimes par hectolitre agréé il y a quelques années et il est question, aujourd'hui, de la doubler. ' On veut bien envisager la question car nous croyons vraiment à l'Institut, mais on souhaite savoir pour quoi faire. Il faut remettre à plat le dossier ', explique un responsable de la Confédération nationale des AOC.
Deuxième élément, le déménagement de l'Inao de ses locaux actuels des Champs-Elysées, le propriétaire voulant récupérer les lieux. 30 millions de francs étaient nécessaires pour une installation à quelques encablures de là, toujours dans les beaux quartiers. Jugé cher par certains, le dossier est bloqué. Troisième point : le contrôle des conditions de production à la parcelle. Cette grande réforme en cours nécessite - encore - des moyens. Si l'Institut n'en a pas, les syndicats pourraient envisager de la mener eux-mêmes. ' Si une telle voie était choisie, le système se trouverait totalement discrédité ', estiment les grévistes.
Début octobre, des rencontres étaient prévues avec le ministère et les leaders syndicaux pour dénouer la crise.