La Loire a été proclamée patrimoine mondial de l'Unes- co. Son nom devrait fédérer encore plus les acteurs de la filière. Interloire en est un exemple. 2001 a été l'année de la concrétisation technique de la fusion des interprofessions d'Anjou-Saumur et de Touraine. En parallèle à ce rassemblement, la création d'Alliance Loire confirme l'unité de ce bassin de production viticole. Alliance Loire compte six coopératives et un producteur, répartis sur la vallée de la Loire. Leur union a été initiée pour le rachat du négociant Rémy Pannier. Cette société devient le premier opérateur de sa région (voir Anjou-Saumur). Alliance Loire compte cinq des neuf coopératives qui faisaient partie des Chevaliers de Loire. L'existence de ce GIE est remise en cause : il devrait être dissous en fin d'exercice.
Dans le négoce, on trouve aussi des rapprochements. La maison de négoce Pierre Chainier s'est associée avec la maison Donatien Bahuaud pour mettre en commun leurs réseaux et leurs organisations commerciales. Elles bénéficient d'une double complémentarité : sur les types de vin qu'elles vendent et leurs réseaux de débouchés.
La maison Pierre Chainier commercialise les vins de Touraine ; elle est plus spécialisée sur la grande distribution. La maison Donatien Bahuaud se consacre aux vins de la région nantaise, surtout pour l'export. ' Un mouvement de fond s'est mis en route dans la vallée de la Loire , explique Pierre Chainier. Des restructurations et des réorganisations sont naissantes. Pour faire remonter la santé économique de la filière dans notre région, il faut un état d'esprit nouveau . '
Effectivement, les cours des vins de Touraine sont à la baisse sur la campagne 2000-2001 : le touraine rouge était à 80 euros/hl (521 F), contre 86 euros (564 F) en 1999-2000, le chinon rouge à 157 euros (1 032 F), contre 172 euros (1 131 F) en 1999-200. Le saint-nicolas-de-bourgueil rouge progresse pour atteindre 210 euros/hl au lieu de 203 (1 376 F au lieu de 1 331).
Sur l'ensemble des AOC de Touraine, les volumes vendus en rouge ont reculé tandis que les blancs ont conservé leur niveau. Sur la campagne 2000-2001, le marché du touraine-sauvignon progresse en volume, mais baisse en valeur.
Concernant les exportations, les six premiers mois de 2001 constituent une avancée record, facilitée par leur maigre niveau de l'année 2000. Le touraine blanc a ainsi progressé de 24 %. Malheureusement, ce phénomène a été accompagné par une baisse de ses prix, notamment en Grande-Bretagne. Le millésime 2001 pourrait participer à rehausser ses cours. En effet, son volume est d'environ 5 % plus faible que le précédent, le gel et la grêle ayant causé des dégâts.
Dans un département voisin, la Vienne, la saison touristique au Futuroscope de Poitiers a été un peu morose cet été. Cela a entraîné une baisse des ventes directes chez les vignerons producteurs de VDQS (vin délimité de qualité supérieure) du Haut-Poitou. La Cave du Haut- Poitou, à Neuville-du-Poitou, représentant 70 % de la production, connaît des difficultés financières depuis 1995. Par la suite, elle a été transformée en société anonyme, dont Georges Duboeuf (le négociant bourguignon) possède 40 % des parts. ' Nous avons bon espoir ', confie Marc Challeau, président de la cave coopérative. Ironiquement, ces difficultés ont été bénéfiques à l'ensemble de l'appellation, qui a connu une mobilisation générale. Cette année, son syndicat s'est doté d'un animateur détaché de la chambre d'agriculture, pour des sujets à la fois techniques et économiques. Car jusqu'à présent, l'appellation Haut-Poitou ne s'est pas encore décidée à rejoindre l'une des interprofessions voisines. Suivant les dossiers, ce vignoble traite avec Angers ou Bordeaux...
La zone de l'appellation VDQS du Haut-Poitou couvre 760 ha au nord de Poitiers. Cette région est fortement marquée par les grandes cultures. Sur les 400 exploitations possédant des vignes, très peu sont exclusivement viticoles. Les cépages présents sont pour moitié blancs (sauvignon et chardonnay) et pour l'autre rouge (cabernet, pinot noir et gamay). C'est une zone mixte : VDP (vin de pays) du jardin de la France et VDQS Haut-Poitou. Cette année, un grand effort a été effectué pour que chaque vigneron déclare, au préalable, son intention de produire du VDP ou du VDQS. L'Inao a poussé à ce choix, afin que les modes de conduite entre ces deux types de vin soient distincts. Sur les 52 000 hl produits chaque année, 32 000 hl sont agréés en VDQS.
En Touraine, la conduite de la vigne est de plus en plus surveillée. La fédération nationale de Terra Vitis possède désormais son antenne en Touraine. C'est l'Apiv 41 (Association de production intégrée des vignobles) dans le Loir-et-Cher, qui regroupe 56 vignerons exploitant le quart de la surface AOC de ce département. Dans l'Indre-et-Loire, l'Apiv 37 compte 30 adhérents environ. Le respect d'un cahier des charges strict sera contrôlé à deux niveaux : en interne par l'Apiv et en externe par le bureau Véritas, de Terra Vitis. Le contrôle dans les vignes est aussi suggéré dans le cadre de la réforme des agréments. A Bourgueil, selon un sondage, 79 % des vignerons sont favorables au contrôle de la taille.
De surcroît, des décrets d'appellation sont rediscutés. L'AOC Montlouis a choisi d'interdire la chaptalisation des moûts au-delà de 15°5 potentiels. Cela a été décidé afin de mettre en valeur les vins moelleux obtenus à la suite de tries sélectives. Par ailleurs, une hiérarchisation est débattue pour mettre en place un touraine haut de gamme dans les secteurs de Chaumont-sur-Loire, de Chenonceaux, d'Oisly et de Seuilly.
Un autre dossier a été traité au sein des appellations : le traitement des effluents. De nombreuses communes concernées ont fait l'objet d'études par des cabinets. A la suite de ce travail, les vignerons de Saint-Nicolas-de-Bourgueil envisagent un traitement collectif. Leurs effluents représenteraient des volumes avoisinant les 40 000 hl si l'ensemble des professionnels se réunissent pour exploiter une unique installation.